C'est lundi, que lisez-vous? #329

Ce rendez-vous hebdomadaire consiste à vous présenter chaque lundi mes lectures passées, en cours et à venir en répondant à trois questions :-)

Je n'ai pas beaucoup réussi à lire la semaine passée (du coup mon "C'est lundi" ressemble, à nouveau, aux précédents). Heureusement, mes quelques lectures m'ont toutes marquée.

ROMAN JEUNESSE

C'est lundi, que lisez-vous? #329

Gisèle Halimi. Contre toutes les injustices. Evelyne MORIN-ROTUREAU. Oskar Editeur, novembre 2020

Après ma lecture, j'avoue un peu honteusement que je ne connaissais Gisèle Halimi que de nom, croisé au détour d'une lecture, d'un journal télévisé (l'annonce de sa mort par exemple),... Bref, pas grand-chose. Alors que cette femme a eu une vie intense et fascinante, faite de convictions, remplies de combats, dont les victoires peuvent aujourd'hui nous sembler acquises, quand d'autres sont encore à obtenir.

Née en Tunisie en 1927, elle a toujours lutté contre puis pour sa condition de fille puis de femme, en voulant étudier, en refusant de se marier jeune, en devenant avocatE et en défendant des causes fortes (contre la torture en Algérie, la peine de mort, la liberté/indépendance des femmes, le droit à l'IVG, puis sa gratuité; parité en politique, une harmonie des droits des femmes en Europe...), en travaillant tout en étant mère, et toujours avec un idéal de justice et de dignité.

Evelyne Morin-Rotureau dresse un portrait passionnant de cette femme, émaillé de citations de ses livres, d'extraits de discours. Un parcours à découvrir dans la toujours si bonne collection "Elles ont osé!"

ROMAN

C'est lundi, que lisez-vous? #329

Celle qui a dit Fuck. Journal d'une imparfaite qui décide d'en finir avec les prises de tête. Anne-Sophie LESAGE et Fanny LESAGE. Illustrations de Léna PIROUX. Editions J'ai Lu, septembre 2019

Alice 33 ans, bientôt 34, décide de changer de regard sur sa vie et ce qui la compose. Suite à une double nouvelle, elle commence un journal et une introspection. Durant un an, recherches, interrogations, citations, lectures et visionnages d'études, découvertes de modèles, rencontres, bouleversements, pratiques d'ailleurs vont l'amener à changer, à prendre du recul, à recentrer ses priorités.

Le titre percute, l'idée de ce journal est bonne, et donne envie de faire de même. Il s'accompagne d'ailleurs d'un carnet que je vais (essayer de) remplir. Quant au livre, je vosu en parle d'ici à la fin du mois!

BD

C'est lundi, que lisez-vous? #329

Jeannot. Loïc CLEMENT et Carole MAUREL. Delcourt Jeunesse, "Les contes des cœurs perdus", mars 2020

Dans la vie de Jeannot, il y a un avant et un après. Pour avant, les jours heureux, aimants, amoureux, confiants, les sourires, les espoirs, l'amour. Et puis la cassure, la perte, le deuil, l'innommable. Plus rien ne le fait sourire, pas même la nature dont il s'occupe, puis s'occupait depuis qu'il est à la retraite de son métier de jardinier municipal. Il a bien essayé d'aller prodiguer ses conseils aux jeunes, mais ces derniers, lassés, l'ont gentiment éloigné. C'est que Jeannot est devenu constamment de mauvaise humeur, constamment aigri, toujours en butte. Et un obsessionnel de l'ordre, du rangement, de la taille bien nette.

Et ce que les autres ignorent, c'est qu'un don, ou plutôt malédiction, s'est emparé de lui. Il entend la nature, les plantes, les fleurs, les arbres parler et lui parler. Certains s'aiment tendrement et s'enlacent, d'autres chantent (les références sont un régal), et d'autres le titillent. Tous paient cher ce "pouvoir". Jeannot manie le sécateur avec autant de dextérité que de méchanceté tant il est trsite.

Et voilà qu'un jour, alors qu'il hurle après un arbre, une petite vieille l'observe, amusée, et lui, gêné plus qu'autre chose, l'invective. Ainsi se passe sa première rencontre avec Josette...

Quel bel album découvert grâce aux Bulleurs du mercredi, dans la collection si bellement nommée "Les Contes des cœurs perdus". L'histoire de Jeannot est triste, puis la lumière revient, peu à peu. Ce n'est pas facile, elle fait peur aussi, mais elle arrive à faire sa place. Jeannot nous apparaît de plus en plus attachant. Josette est un soleil, optimiste, et elle me plaît beaucoup!

Bref, un album doux et doudou, qui met du baume au coeur!

2/ Que suis-je en train de lire en ce moment?

C'est lundi, que lisez-vous? #329

Point de fuite. Nancy GUILBERT et Marie COLOT. Gulf Stream Éditeur, collection "Électrogène", 8 octobre 2020

J'avais commencé ce roman, mais je n'arrivais pas à entrer dedans. Une histoire de moment.

Je l'ai donc recommencé. J'ai à nouveau rencontré Mona, lycéenne qui brigue l'Ecole des Beaux-Arts, qui doit placer le dessin au-dessus de tout comme dit sa professeure. Flamboyante rousse, Mona est gentille et douce avec tout le monde, même ceux qu'elle n'apprécie pas. Elle ne veut pas déplaire ni décevoir, ce qui l'amène à faire des choses qui lui déplaisent à elle. J'ai rencontré Marin, son meilleur ami quelle surnomme affectueusement "Curry" depuis leur enfance tant il aime cette épice. Un garçon dans un autre lycée, intéressé par les sciences économiques, l'écologie et le développement durable. Un ami sur qui Mona peut compter dans ses moments de doutes ou d'appels à l'aide. Comme ce mercredi où elle doit retourner au Louvre pour son cours dans lequel elle redoute de retrouver Antonin, un nouveau, blond, plutôt beau garçon, qui semble avoir jeté son dévolu sur elle, qui l'a presque forcée à aller boire un verre la semaine passée et qui lui "retourne le cerveau". Mais quand Marin arrivé, Mona est parfaitement détendue, en pleine conversation avec un brun qui semble la fasciner et qui la vouvoie: Joshua. Le roman, choral, fait aussi parler Ycare, un garçon passionné de théâtre et de mythologie, très ambitieux et sûr de lui, de son charisme et de ses capacités, et sa sœur cadette, Esther, peu studieuse mais qui excelle à la piscine, sans que ses parents n'aient d'intérêt pour elle, tant son frère prend la place. Place qu'on lui a donnée et entretenue pour qu'il puisse déployer ses ailes, et s'envoler. Tant et si bien qu'il ne daigne plus donner de nouvelles, laissant sa mère dans une détresse émotionnelle absolue.

Le sujet de ce roman est extrêmement fort et difficile. Dès le début, on devine un étau, une emprise qui se resserre, un mécanisme psychologique qui se met insidieusement en place et les pensées, les questionnements, les doutes qui étreignent, étouffent.

Le récit est parsemé de références à l'Art pictural d'abord (notamment Picasso), mais aussi musicales, littéraires, d'engagements et préoccupations actuelles. J'aime!

3/ Que vais-je lire ensuite?

C'est lundi, que lisez-vous? #329

Quartier libre. Vincent LAHOUZE. Editions Michel Lafon, octobre 2020

Présentation de l'éditeur: Février 2017, Olivier, éducateur d'une trentaine d'années, assiste à la veillée funèbre d'Ismahane, l'une de ses protégées qu'il connaissait depuis sa plus tendre enfance. Ismahane l'insolente, la libre et charismatique Ismahane, s'est suicidée à la veille de ses seize ans. Pour lui rendre hommage et pour tenter de comprendre le geste irréparable de celle qui aurait dû avoir la vie devant elle, il décide de mener l'enquête. L'occasion pour lui de revenir sur ses débuts d'éducateur inexpérimenté catapulté dans ce quartier difficile de la banlieue de Toulouse. Un quartier régi par ses propres lois qui vous broie et vous recrache aussi bien qu'il peut vous porter. Une réflexion bouleversante sur des quartiers où la vie tient de la survie, où la violence côtoie la plus grande humanité. Un livre coup de poing.

Après avoir lu et aimé son premier roman en autofiction,Rubiel e(s)t moi, lire ce deuxième roman est une évidence!


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois