Winternight, tome 2 - La Fille dans la tour

Winternight, tome 2 - La Fille dans la tour
Winternight, tome 2 - La Fille dans la tour
La cour du grand-prince, à Moscou, est gangrenée par les luttes de pouvoir. Pendant ce temps, dans les campagnes, d’invisibles bandits incendient les villages, tuent les paysans et kidnappent les fillettes. Le prince Dimitri Ivanovitch n’a donc d’autre choix que de partir à leur recherche s’il ne veut pas que son peuple finisse par se rebeller. En chemin, sa troupe croise un mystérieux jeune homme chevauchant un cheval digne d’un noble seigneur. Le seul à reconnaître le garçon est un prêtre, Sacha. Et il ne peut révéler ce qu’il sait : le cavalier n’est autre que sa plus jeune sœur, qu’il a quittée il y a des années alors qu’elle n’était encore qu’une fillette, Vassia.
Winternight, tome 2 - La Fille dans la tour
Pourquoi ce livre ? A l’occasion de sa nomination au Prix Livraddict et à l’organisation d’un Book club sur Livraddict, je me suis dit que c’était un signe, je ne pouvais pas louper la lecture du premier tome. J’ai bien fait car quel franc succès ! Depuis, j’avais très envie de poursuivre ma percée dans cette ambiance de conte slave et j’ai repris sans attendre avec le tome 2 (et je pense pouvoir dire sans trop me fourvoyer que le troisième et dernier opus sera lu en janvier).
Je le dis d’emblée, ce tome m’a paru encore meilleur que le premier, ce qui est miraculeux étant donné comment celui-ci m’a plu. Eh oui, ce second tome est un coup de cœur et m’a permis de mettre le doigt sur le petit ingrédient qui me manquait dans le précédent opus !
Chose qui m’a surpris, ce tome ne commence pas de suite avec Vassia, la jeune héroïne originale de la série, mais par un plan sur son frère moine et sa sœur, princesse par alliance à la cour de Moscou. Sans avoir été un véritable moment de flottement, je n’ai pas compris ce choix scénaristique avant de faire le lien avec le titre du tome. De plus, cette introduction permet de faire un état de la situation de la fratrie avant que l’héroïne n’apparaisse, ce qui ne fut pas pour me déplaire, surtout en considérant le rôle que chacun va jouer dans ce tome. Ce tome est plus sombre encore que le premier opus, même si les ténèbres ne touchent pas le même plan. Bien plus politique, le discours va également prendre le pli du féminisme sans non plus en faire tout un étalage. Ce fut très instructif de voir les us et coutumes à la cour rus’ et j’espère qu’on retrouvera ce genre de détails dans le prochain volume. En attendant la cruauté est omniprésente mais pas que, les sentiments plus sereins et attendrissants sont également présents, pour mon plus grand plaisir ! J’ai adoré la fin, même si je l’ai trouvée brutale. Je ne m’attendais pas à un tel déchainement des éléments, pas à ça du point des relations entre personnages. Je suis heureuse que la fratrie soit restée soudée malgré les épreuves, excellent rappel de la force du premier volume, mais je regrette certains choix de Vassia, qui me trouble au plus haut point et me donne envie de me jeter par la suite.
C’est donc cela qui m’a manqué dans le premier opus. Le sentiment, l’émotion. Figé par cette ambiance enneigée, l’ambiance est parfaite et rend compte des liens de la fratrie, qui ne laisse évidemment pas indifférents : on s’attache à eux. Mais l’ensemble manquait d’émotions et je pense que je n’ai pas ressenti le profond coup de cœur que cela aurait dû être pour cette raison. Ici, les choses évoluent et progressent en mieux, de fait j’ai véritablement été happée par ma lecture, lue sur une après-midi, et croyez-moi quand je vous dis que je n’avais pas envie de la lâcher ! En revanche, je déplore ici le relègue du folklore slave au second plan, voire plus loin encore. Alors que les contes faisaient le cœur de l’aventure dans le précédent volume, ici ils ne servent que de pâles décors, battus par les complots à la cour… jusqu’à la révélation finale. J’en attendais peut-être un peu plus et c’est cela qui a déterminé ma note.
Les personnages sont toujours aussi forts, aussi travaillés, approfondis, maîtrisés. Même les personnages secondaires, tertiaires, sont traités pour qu’on connaisse le physique et la personnalité de chacun - même s’il faut le temps pour s’apprivoiser. C’est vraiment un atout dans cette intrigue où la chaleur humaine est la seule source de plaisir et de lumière dans cette ambiance blanchâtre hivernale. J’ai beaucoup aimé Vassia, même si sa particularité est masquée par le jeu de dupe qu’elle est obligée de monter. De fait elle semble beaucoup plus banale dans ce tome, même si on reconnaît sa détermination et sa ruse. J’ai bien aimé son frère Aleksandr, simple moine qui se hisse au rang de conseiller royal, bien loin de la personnalité humble que lui imposerait normalement sa foi. Et la sœur, Olga, cruelle et généreuse à la fois, aînée de la famille et par conséquent responsable de chacun de ses frères et sœurs. Elle prend son rôle au sérieux, même si ce n’est pas pour le plaisir des êtres libres. Ça m'a fait mal de voir ce qu’elle est devenue, loin du domaine de son père. Et Morozco, toujours aussi fidèle à lui-même et pourtant changeant, j’ai adoré chaque moment en sa présence et j’ai déjà hâte de le retrouver. Je fus surprise de revoir un certain personnage dont je me croyais débarrassée et qui finalement revient hanter. Je reconnais qu’il a son importance dans l’intrigue et qu’il est très réaliste, mais la méchanceté due à sa foi me gêne vraiment, malgré sa crédibilité et sa cohérence avec la religion.
Je suis évidemment toujours sous le charme de la plume. Le froid de l’hiver nous est transmis avec soin, douceur, sans pour autant rompre avec le mordant du givre. Le style de Katherine Arden anime parfaitement cette ambiance et a contribué à me faire gober ce roman sur une après-midi. Un vrai régal à lire, une plume à la fois littéraire et accessible.
Winternight, tome 2 - La Fille dans la tour
Un coup de cœur. Le premier tome est déjà incroyable et l’intrigue s’améliore encore, laissant plus de place aux sentiments. Je déplore toutefois un folklore slave un peu moins présent, raison de ma note. Les personnages sont fidèles à eux-mêmes et à leur statut, j’ai adoré suivre chacun d’eux ; encore une fois le lien familial compte énormément et j’ai eu le sentiment de m’intégrer à eux. Si déjà ces premiers éléments ne vous convainquent pas, la plume littéraire qui élève l’ambiance vous sublimera. Je passe un excellent moment avec cette saga et j’ai hâte de connaître son point final ! Le troisième tour ne tardera pas à apparaître dans le coin !
Winternight, tome 2 - La Fille dans la tour
19/20
Winternight, tome 2 - La Fille dans la tour
Les autres titres de la saga :
1. L'Ours et le rossignol
2. La Fille dans la tour
3. L'Hiver de la sorcière
- saga terminée -

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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois