Apprendre, si par bonheur par Becky Chambers

Apprendre, si par bonheur par Becky ChambersEditions l’Atalante

Quatrième de couv’ :

Quatre personnes, quatre planètes : un groupe d’astronautes part en mission pour explorer des planètes susceptibles d’abriter la vie.

Hommes et femmes, trans, asexuels, fragiles, déterminés, ouverts et humains, ils représentent la Terre dans sa complexité.

Au fil des ans et des atterrissages, ils découvrent des animaux étranges, de « simples » bactéries, et les dilemmes éthiques de l’explorateur bienveillant mais forcément intrusif.

Observer, c’est influencer. Exister, c’est agir.

Il faut savoir jusqu’où aller trop loin ; pour rencontrer l’Autre, il faut le mettre en danger.

Mon avis :

J’en ai marre des ouvrages dans le genre du post-apocalyptique, je veux des lectures de SF positive, ça tombe bien, le roman court de Becky Chambers sorti lors de la rentrée littéraire était vendu sous cet intitulé, voyons voir si la promesse est tenue :

  • L’intrigue :

Lawki est un programme d’étude écologique des exoplanètes à la recherche de la vie voire de son origine financé par un organisme privé, le GAO. Dans ce roman nous allons suivre la mission Lawki 6, composée de 4 astronautes envoyés pour un voyage d’étude de 80 ans à bord du Mérian sur les planètes entourant la naine rouge Zhenyi. Ils ont pour mission de faire des prélèvements sur une lune glacée, Aecor et 3 planètes terrestres, Mirabilis, Opéra et Votum.

Nos 4 astronautes sont Ariadne O’Neill, ingénieure de bord, Elena Quesada-Cruz, Jack Vo et Chikondi Daka. Ils vont mettre en oeuvre l’éventail de leurs compétences scientifiques pour apprendre le plus de choses possibles sur ces planètes en ayant le souci de ne rien déranger, ou en tout cas le moins possible. Le maître mot ici, respect de l’environnement.

  • Etudes scientifiques et psychologie :

Ce récit met en avant, outre la mission, la psychologie des 4 astronautes. Ils vont rester enfermer les uns sur les autres pendant 80 ans dans l’espace tout de même, et pour permettre cette cohabitation, il y a quelques petits détails qui ont leur importance. Dans les films de SF abordant les voyages dans l’espace, on voit souvent des caissons alignés en rang d’oignons dans la même salle d’où émergent nos héros et leurs comparses plus ou moins frais et dispo, il n’est pas difficile de se figurer que la réalité ressemblera bien plus à ce que nous permet d’imaginer Becky Chambers. Pour elle, chaque caisson sera dans une sorte d’alcôve individuelle où l’astronaute pourra reprendre connaissance et se nettoyer des mucus divers accumulés pendant ses années de stase. Ensuite, quand il sera prêt à affronter son image légèrement vieillie entre deux pauses, il pourra se découvrir dans le miroir en pied sur le côté de son caisson, tout ceci dans l’optique de conserver la dignité des individus. Une fois que chaque personne se sera réappropriée son image et aura pris soin d’elle, il sera temps de passer dans les salles communes pour aller à la rencontre des autres tout autant affectés par cette situation.

De plus, la technologie médicale imaginée sera également très avancée. Les astronautes porteront une sorte de patch en continu sur la peau qui va servir à plusieurs choses. Tout d’abord, permettre d’absorber le taux de radiation exponentiel dans l’espace et protéger la vie des habitants du Mérian, ensuite ces patchs sont totalement personnalisés et apportent ce qui est nécessaire à chacun comme un taux hormonal pour le personnage trans de Jack Vo ou pour corriger des prédispositions génétiques à un certain type de cancer comme pour Elena. Pour finir, ces patchs vont également apporter les changements métaboliques nécessaires pour permettre à nos personnages de vivre normalement sur chaque planètes visitées comme la peau couverte de paillettes sur Aecor pour permettre de refléter au maximum la lumière chiche de ce satellite et ne surtout pas se perdre de vue lors des explorations ou de développer une musculature plus importante, tels des minis Hulk, sur Mirabilis pour contrer la gravité plus élevée que sur Terre.

Le projet de cette quête spatiale à but non lucratif est de découvrir si possible les origines de la Vie mais aussi la diversité qu’elle peut revêtir. Sous la glace d’Aecor et ses geysers qui bouillonnent de bactéries, la vie foisonne sous forme marine. Sur la luxuriante Mirabilis couverte de végétation, la vie est terrestre et beaucoup plus brutale, nos personnages devront être prudents et on aura l’occasion de se rendre compte de l’importance des protocoles de désinfection et les conséquences si nos bactéries corporelles sont chamboulées. Sur Opéra, la planète d’eau, tout ira de mal en pis, la vie de cette planète s’accroche sur le fuselage du vaisseau, condamnant nos astronautes à vivre confinés pendant de longue semaine angoissante, si le fuselage est abîmé ils pourraient bien mourir dans l’espace et enfin, vient la stérile Votum et ses canyons creusés par de l’eau depuis longtemps évaporée….Stérile ? Mais non, ils trouvent tout au fond d’une gorge une flaque d’eau où, sous leurs yeux ébahis, l’unique cellule trouvée…se divise…

En bref :

Cette novella prône l’ouverture à l’autre avec curiosité et bienveillance, tout le contexte scientifique est expliqué de façon simple pour les novices de ces notions et on reste accroché jusqu’au bout. Sans être totalement explicite, la vie amoureuse de ces 4 personnages est étroitement intriquée de manière naturelle dans le récit, sans voyeurisme.

D’autres avis chez : Lorhkan, Chien critique, Celindanae, Yogo, Symphonie, Chut Maman lit, Laird.

Bonne lecture !


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