Les Mondes d'Ewilan, tome 1 : La forêt des captifs - Pierre Bottero


Les Mondes d'Ewilan, tome 1 : La forêt des captifs - Pierre BotteroLes mondes d’Ewilan1, Pierre BotteroLa forêt des captifs
Editeur : RageotNombre de pages : 892 pour l’intégrale
Résumé : Tandis que ses parents explorent des territoires sauvages de l'autre monde, Ewilan se retrouve prisonnière sur Terre d'une sinistre Institution. Au cœur de ce laboratoire clandestin, la Sentinelle félonne Eléa Ril' Morienval fomente son retour en Gwendalavir qu'elle cherche plus que jamais à conquérir. Réduite à l'impuissance par de terribles expériences, Ewilan ne peut compter que sur le courage de Salim pour s’échapper.
- Un petit extrait -
« — Qu’est-ce que… est-ce vraiment… bon sang, c’est abominable ! Comment avez-vous réussi à vaincre une pareille créature ?— Celle-là, je l’ai égorgée, expliqua Ellana d’une voix posée. Pour plus de sécurité, Edwin a cru bon lui envoyer deux flèches en plein cœur. Manque de confiance typiquement masculin…— Heu… je vois… Et ça, qu’est-ce que c’est ?— Ce qu’il reste du Ts’lich brûlé par Illian. Ça fait un peu désordre, mais Illian est jeune et se trouvait dans l’urgence. Grâce à lui, nous savons désormais que le Ts’lich n’est pas comestible. Impossible d’inviter des amis autour d’un barbecue et cuire un truc pareil. Ce serait une faute de goût impardonnable.Stupéfait, Bruno Vignol dévisagea la jeune femme. Elle pencha la tête et lui sourit, comme surprise par l’intérêt qu’il lui témoignait.— Vous… vous êtes sérieuse ? balbutia-t-il.— Bien sûr. Le Ts’lich ne se mange pas. Du moins pas en grillade ! En pot-au-feu, peut-être… On vous montre les autres ? »
- Mon avis sur le livre -
Le plus terrible dans les crises de migraine qui me clouent régulièrement au lit dans la plus complète des obscurités, c’est assurément le fait de ne même pas avoir la possibilité de lire pour faire passer le temps : en général, que je suis malade, je m’occupe en dévorant roman sur roman, mais lorsque le seul fait de garder les yeux ouverts devient une épreuve, vous vous doutez bien que je ne peux même pas m’évader par la lecture … Et je me retrouve donc condamnée à comater sans même réussir à dormir, jusqu’à ce que l’ennui devienne aussi difficile à supporter que les maux de crâne et autres désagréments de migraineux. C’est donc toujours un énorme soulagement quand la douleur décroit enfin et que je peux me permettre de faire autre chose que de rester étendue dans mon lit : l’attente de la fin de crise devient tout de suite beaucoup plus supportable quand on a de quoi s’occuper l’esprit ! Et clairement, en guise de compagnon de convalescence, la littérature jeunesse est pleinement indiquée … et encore plus les sagas-doudous !
Cela fait plusieurs mois maintenant qu’Ewilan et ses compagnons ont retrouvés et libérés les parents de la jeune fille, qui goute enfin aux joies d’une vie de famille qui lui a si longtemps été arrachée tout en s’épanouissant plus que jamais dans son nouveau monde … Tandis que ses parents et son frère s’embarquent pour une expédition au-delà de la Mer des Brumes, Ewilan et Salim s’apprêtent à passer deux semaines de vacances dans l’autre monde. Mais à peine sont-ils arrivés que l’adolescente est enlevée par des hommes en noir et conduite dans la non moins sombre Institution, tombée sous la coupe de la félonne Eléa, qui compte bien utiliser la technologie terrienne pour assouvir sa soif de vengeance et de domination … Réduite à l’état de cobaye, droguée et incapable de se servir de son Don pour s’échapper ou pour contacter Salim, la jeune fille ne peut compter que sur l’aide de son ami, qui ne reculera devant rien pour libérer celle qu’il aime tant …
Je me souviens encore de la surprise qui fut la mienne la première fois que j’ai débuté cette seconde trilogie, et que j’ai compris qu’Ewilan et Salim étaient de retour sur notre bonne vieille Terre, alors que tout laissait à penser qu’ils allaient rester pour de bon en Gwendalavir ! Et cela d’autant plus que l’auteur nous plonge directement au cœur de l’action, aux côtés d’un Salim en pleine mission sauvetage, sans nous expliquer comment on en est arrivé là … Et tandis que des dizaines de questions encore sans réponses assaillent notre esprit, notre petit cœur est malmené un peu plus à chaque chapitre, s’affolant tantôt d’inquiétude, tantôt de peine. Car si la première trilogie restait finalement assez légère, tout dans l’émerveillement de la découverte d’un nouveau monde et dans l’excitation de la quête et de l’aventure, le premier tome de cette deuxième saga est autrement plus sombre … L’auteur n’a rien épargné à ses personnages, et par ricochet à ses lecteurs : il ne fait absolument aucun doute que ceux qui trouvaient la première trilogie trop « gentillette », trop « enfantine », changeront d’avis avec ce tome …
Qu’est-ce que j’ai pleuré tout au long de cet opus ! Tantôt parce que c’était un déchirement terrible que de voir notre petite Ewilan dans cet état, totalement brisée par la soif de pouvoir et de vengeance d’une femme prête à tout pour assouvir ses sombres desseins, tantôt parce que c’était si beau de voire notre brave Salim prendre soin d’elle avec toute l’affection et le dévouement d’un ami, d’un frère, d’un amour … Toute cette première partie, centrée sur la guérison et la renaissance d’Ewilan, sous le regard attentif du jeune Salim et celui attendri du vieux Maximilien, m’a vraiment beaucoup émue … On le sent, cette douloureuse expérience va changer à jamais Ewilan et Salim, brulant les dernières bribes d’enfance et d’insouciance qui se terraient encore en eux, mais de ces cendres vont naitre les racines d’un amour encore plus fort, inébranlable. Et si cette épreuve va mettre en évidence la fragilité d’Ewilan, elle va également dévoiler la force de Salim, toujours aussi fidèle et aussi dévoué, à la fois si maladroit et si délicat dans sa façon d’exprimer tout l’amour qui brule en lui … Un tome vraiment poignant, bouleversant, émouvant à souhait, bien plus profond et puissant que les précédents !
Mais comme toujours, Pierre Bottero a su ménager l’équilibre de son récit, et après tout cet interlude où Ewilan se reconstruit doucement dans les douces montagnes du Massif Central, entourée des brebis du vieux Maximilien, il est grand temps pour nos deux jeunes héros de retrouver leurs compagnons de toujours et d’affronter la malveillante Eléa ! Car Ewilan le sent, elle ne sera tout à fait guérie qu’une fois qu’elle sera retourné à l’Institution pour sauver les autres enfants détenus par ces scientifiques sans scrupules … Cette seconde partie est fichtrement haletante, on a le cœur qui s’emballe, le souffle qui se coupe, la gorge qui se noue : on est tellement pris par l’histoire qu’on en oublie parfois que ce n’est qu’une fiction, et on tremble vraiment pour nos héros ! Résultat : on dévore chaque chapitre comme si notre vie en dépendait, totalement happé par cette histoire incroyablement palpitante. Et une fois la dernière page tournée, l’envie de se ruer sur la suite sans plus attendre nous prend. Et cela d’autant plus que la rencontre avec le petit et mystérieux Illian nous promet de grandes aventures à venir !
En bref, vous l’aurez bien compris, je me suis tout simplement régalée avec ce tome ! Je me souviens que plus jeune, il m’ennuyait quelque peu, justement parce qu’il ne se passe « pas grand-chose » pendant une bonne partie du roman … alors que c’est justement la partie que j’ai préférée en le relisant à l’âge adulte ! Petit moment de grâce où la beauté de la plume rejoint celle du cadre idyllique et du lien magnifique qui unit nos deux jeunes héros. Certains passages sont d’une puissance à couper le souffle, j’en ai eu les larmes aux yeux tant chaque phrase était chargée d’émotion. Mais je n’oublie pas la partie plus « trépidante » du récit : j’ai beaucoup aimé la rencontre entre les deux mondes, entre le politicien de l’ombre et les guerriers qui foncent dans le tas. On retrouve avec joie l’humour d’Ellana, le calme d’Edwin, la fougue de Siam et l’impatience de Maitre Duom … Ils forment une joyeuse équipée qui me donne toujours le sourire, même dans les moments les plus difficiles. C’est un tel plaisir que de les retrouver pour cette nouvelle trilogie, qui promet d’être bien plus sombre mais clairement palpitante !

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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois