Haute-École

Haute-École
Haute-École
Dans une société proche de celle de la France à la veille de la Révolution, le sort des magiciens n’intéresse que quelques intellectuels contestataires. Les enfants dotés de pouvoirs magiques sont enlevés à leurs familles afin d’être éduqués à la Haute-École et contrôlés par la noblesse. Au moment où le règne d’Urbain IV s’achève, Mérot l’Ancien, le directeur de la Haute-École, meurt et les complots se multiplient : marchands rêvant de pouvoir politique, soldats amers, paysans appauvris, magiciens asservis. Hérus Tork, qui intrigue pour succéder à Mérot, achève sa patrouille annuelle à la recherche des magiciens cachés. Lors de sa dernière halte il capture Raoul des Crapauds, le fils d’un boulanger, mais ne repère pas Ian qui décide de partir à la capitale à la recherche des magiciens clandestins…
Haute-École
Pourquoi ce livre ? Offert lors de la crémaillère entre amis, c'est un ami auteur et libraire qui a prétexté que je préférerais un livre à une bouteille. Il n'avait pas tort et est tombé juste en offrant une nouveauté de ma wish. Comme quoi, il connaît vraiment les goûts de ses clients ! Un an plus tard et l'organisation d'un book club, le livre sort de ma PAL.
La plupart des participantes n'ont pas eu tout ou moyennement apprécié cette lecture. Personnages superficiels, manque d'approfondissement dans le décor et le scénario et une fin trop miraculeuse pour être crédible. Je suis d'autant plus surprise de ce flot de critiques résumés que je les ai ressentis pour la plupart sans que cela ne me dérange.
Oui, l'intrigue manque de finesse et de rebondissements, de détails historiques et d'ambiance. Pour le dernier point, cela concerne surtout la Haute Ecole qui prête son nom au titre du roman sans pour autant qu'on ait énormément de détails sur son système et ses inégalités, ses horreurs. Je trouve cela dommage mais ce choix sert le rythme soutenu et régulier de l'ensemble. Hormis les cent premières pages introductives entre conflits et personnages, le reste n'est qu'action, tension et surprises. Certaines choses sont certes trop faciles et c'est là ce qui m'a le plus gênée. C'est tellement aisé pour les personnages de réussir leur plan qu'on y croit finalement plus, classant ce roman dans le domaine du divertissement pur et non plus de la finition parfaite d'un livre original et bien ficelé. La fin encourage ce ressenti avec un deus ex machina qu'on ne pouvait absolument pas prévoir. S'il ne m'a pas dérangé plus que cela, dans le sens où cela correspond bien au personnage concerné, il est vrai qu'il diffuse un sentiment comme quoi l'autrice n'aurait pas anticipé et écrirait au feeling, non pas dans une construction réfléchie au préalable.
Une autre chose m'a chiffonnée, c'est qu'elle fait peu de cas de la mort de ses personnages. Certains étaient importants, prenaient de la place dans l'intrigue… et une ligne suffit à les supprimer de la matrice, un peu comme George R. R. Martin mais en plus démoniaque encore, ou avec moins de considération peut-être. En tout cas la mort de certains m’a énormément affectée tout en me laissant des l’espoir d’un retour surprise ; comprendre à la fin que c’est réellement fini m’a apporté une grande désillusion et un pincement au coeur.
Les personnages sont assez stéréotypés, mais c’est surtout le manque d’approfondissement qui les rend ainsi. On ne les voit que par leur lutte face à l’injustice subie par les magiciens, qui sont considérés comme des sous-hommes et sont devenus par conséquent des esclaves. Mon personnage préféré restera Arik malgré sa fin étrange et surnaturelle. Sa double personnalité le rend impulsif et imprévisible, tout à fait le genre de caractère qui me plaît le plus. J’ai adoré ses traits d’esprit, son humour et sa nonchalance. Sa quête des dieux, son envie d’y croire malgré les avis contraires de son entourage ne le place pourtant pas dans un rôle de grand naïf, je trouve cela dosé à la perfection. En revanche je suis plus sévère avec la fin d’Elisabeth. Si celle-ci m’a plu tout au long de l’intrigue - notamment par sa façon de raconter les choses par le biais de son journal - j’ai trouvé sa fin gâché par sa volonté de ne voir que son amour perdu, au lieu de se battre pour défendre ses idées, sa cause. J’ai beaucoup aimé les autres personnages, Marge, Germain, Zorr, Sargh, mais cela me fait aborder un point qui m’a titillé autant que les morts en une phrase. L’amour. des couples se forment tout au long de la lecture, ce qui ne me gêne pas en soi. Mais qu’un couple comme Germain et Esquirra, cette dernière n’apparaissant qu’une fois au début et qu’on oublie jusqu’à la fin, pour qu’elle revienne et qu’on ait un “ils se mirent ensemble” (ce n’est pas la phrase exacte), ça m’a choquée parce que je ne savais plus qui était Esquirra et que j’ai trouvé que la chose se faisait aussi élégamment qu’un cheveu sur la soupe. J’ai tiqué, et je ne suis pas la seule dans ce cas-là. Je suis étonnée que certaines aient grandement apprécié Raoul, un jeune magicien, car je ne me suis pas du tout prise d’affection pour lui. Dès le départ j’ai eu l’impression qu’il souhaitait passer pour une victime, à se plaindre qu’un autre ne l’ait pas défendu au lieu de prendre sa destinée et sa défense en mains. Je suis restée sur ce sentiment et ça a gâché l’évolution du personnage sur le restant de l’oeuvre. Quant à Ian, un camarade de classe, je ne le sentais pas dès le début, mais je ne m’attendais pas à une évolution aussi brutale !
Il m’a fallu cent pages pour être à l’aise et apprécier le style d’écriture. C’est bien écrit mais c’est différent de mes habitudes, avec des phrases fluides et poétiques. Dans ce one shot, c’est brut de décoffrage avec des phrases courtes, parfois averbales. Cela donne du rythme, rend le texte plus vivant, mais faut aimer. Comme je le disais, je n’ai pas l’habitude mais une fois de temps en temps cela fait du bien de découvrir autre chose.
Haute-École
Ce roman présente de très bonnes idées, avec des magiciens réunis dans une école pour apprendre l’obéissance et la souffrance. Le propos manque toutefois d’approfondissement, on n’est pas assez dans l’établissement pour obtenir les détails, le mode de vie, le contenu des “cours”, etc. Les personnages sont très différents dans leur caractère mais manque eux aussi d’approfondissement, on ne les voit que par leur cause et non dans leur individualité. J’ai beaucoup aimé Arik, Zorr, Sargh, me suis attachée à eux, mais cela ne suffit pas dans un roman. L’autrice fait peu de cas des morts et adore créer des couples sans queue ni tête. Y’a du rythme, de l’action, des surprises et une fin surprenante, toutefois le roman souffre d’inégalités. J’ai malgré tout passé un bon voire très bon moment de lecture, je resterai sur cette impression, en dépit des défauts.
Haute-École
17/20
Haute-École

wallpaper-1019588
Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois