C'est lundi, que lisez-vous? #318

Ce rendez-vous hebdomadaire consiste à vous présenter chaque lundi mes lectures passées, en cours et à venir en répondant à trois questions :-)

ALBUMS

C'est lundi, que lisez-vous? #318C'est lundi, que lisez-vous? #318

De la Dictature De la Démocratie

Texte d'Equipo Plantel

Illustrations de Mikel CASAL / Marta PINA

Editions Rue de l'Echiquier Jeunesse, à paraître le 22 octobre 2020

Après la réédition des albums Des femmes et des hommes et Des inégalités sociales du collectif espagnol Equipo Plantel, les Éditions Rue de l'Echiquier Jeunesse, publie les deux autres. Ecrits pendant la Movida Madrileña, juste au sortir de la dictature franquiste, ces albums s'adress(ai)ent aux plus jeunes pour leur expliquer le monde simplement et encourager à avoir un esprit critique.

Ces deux albums parlent donc de politique et de deux modèles radicalement opposés: la dictature et la démocratie, et expliquent comment l'un et l'autre fonctionnent.

Ils sont illustrés de deux manières très différentes: dessins très colorés dans l'un, et collages vintages dans le second.

Chacun se termine par des questions posées au petit lecteur suivies d'une note informative.

Les objets-livres sont très beaux et qualitatifs, dans un format rectangulaire ni trop grand, ni trop petit avec des pages épaisses.

C'est lundi, que lisez-vous? #318

Archibald se pose des questions sur les objets que nous désirons et possédons, sur ces objets que l'on acquiert en les achetant et qui finissent souvent enfermés et oubliés une fois à la maison. Parti en promenade, il observe la nature et ce qu'elle nous offre, sans contrepartie: le soleil, les mûres, le vent, le chant des oiseaux, la Lune... Ils ne nous appartiennent pas, ils sont à tous et sont infiniment précieux.

Comme les précédents titres de la collection, cet album est d'une grande délicatesse. Il évoque toutes ces petites choses qui font du bien, qui sont évidentes tous près de nous, toujours avec nous, que l'on finit par oublier, alors qu'en y prêtant un tout petit peu d'attention, tous ces petits bonheurs nous enchantent, sans contrepartie. Il nous invite à réfléchir et à revenir à l'essentiel.

Le dessin de Pauline Martin est tout en sobriété et rondeur et accompagne merveilleusement bien les mots d'Astrid Desbordes.

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Entre 1914 et 1918, en pleine hiver, la guerre fait rage. Les troupes s'opposent, les hommes s'entretuent, pour des miettes de terrain aussitôt gagnées sitôt reperdues, dans un ballet continuel et incessant de mitrailles échangées. Le dessin en noir et blanc, au fusain, hurle l'horreur et le bruit, les ordres aboyés, les différents moments, lorsque le monde de la guerre heurte celui du monde civil, sans cesse en retrait et relégué... Puis au milieu de cette fureur, une petite voix, sortie de nulle part, qui court. Elle court derrière un ballon rouge qui s'arrête au milieu d'un no man's land. Instant suspendu, instant d'interdits, plus personne ne bouge, pas même le petit garçon venu récupérer son ballon qu'il serre si fort contre lui... Quelques secondes, qui paraissent infinies, passent, puis le mouvement... Le garçonnet part en courant vers sa mère, le temps reprend son cours...

Le texte s'adresse au lecteur, le prend à témoin, lui apprend ou lui rappelle ce qu'il se passait en ce temps-là, comme pour mieux lui révéler cette magie de l'instant à venir... Une magie que l'on sent venir, par le titre bien sûr, puis par cette lettre "o" écrite en rouge dans tous les mots où elle se trouve.

Un très bel album comme un instant d'innocence, un instant d'enfance dans cette rage de quelques adultes comme un rappel d'humanité aux deux camps qui s'entretuent, dans toute cette absurdité.

ROMANS JEUNESSE

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Le Quidditch à travers les âges.J. K. ROWLING. Éditions Gallimard Jeunesse, avril 2017

Si j'aime l'univers créé par JK Rowling et sa richesse, le Quidditch n'avait pas été jusqu'à présent l'un des éléments auquel j'attachais une grande importance. Pourtant, apprendre sur le sport préféré des Sorciers a quelque chose d'intéressant.

Dans un récit chronologique et rapporté fictionnellement par un tiers, nous remontons donc aux origines du Quidditch, de l'usage du balai, de ses premiers balbutiements à la vue de tous, Moldus compris, à ses évolutions dans les règles, les matériaux utilisés, les lieux autorisés, la composition des équipes et le rôle de chacun, avant de nous présenter des équipes et des joueurs célèbres.

C'est rempli d'anecdotes, d'humour, de descriptions, c'est riche de détails et de dates, de précisions historiques. Et c'est d'autant plus intéressant, qu'à la fiction, s'entremêlent des parallèles des différentes Chasses aux Sorcières entre le XIIIe et XVIIe siècles. J'aime!

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Paris 1907, les Dubempré cherchent une nouvelle gouvernante pour leur fille Elise. Miss Pook, d'origine anglaise semble être la personne idéale et sait vite se rendre indispensable comme très complice avec Elise. A tel point qu'elle la persuade que ses parents fomentent un terrible plan à son encontre. Pour être sauvée, elle convainc l'enfant de signer un document qui fait d'elle sa fille adoptive. Et c'est ainsi qu'à dos de dragon chinois, Elise et Miss Pook gagne la Lune et le château de Miss Pook. Qui n'est ni gouvernante, ni anglaise, mais une sorcière, repentie certes, mais sorcière quand même répondant au prénom de Jocaste. Comme ses deux sœurs avec qui elle est triplée.

Dans un conte sombre et initiatique, Elise va être amenée à rencontrer des créatures terrible et fantastiques, tour à tour mauvaises ou bonnes, toujours riches d'enseignements. Et ainsi sont dressés les portraits tout en nuances de la nature humaine et de la société. Le texte est empli d'humour et de références qui m'ont régalée!

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Antoine le fossoyeur creuse un grand trou, à la pelle. A ses cotés, son petit-fils. L'atmosphère est lourde de tristesse mais l'on perçoit la rustre mais tendre complicité qui les unit. L'un a perdu un père, l'autre un fils. Alors qu'ils se reposent, une fillette fait son apparition et tous deux parcourt le cimetière, lisent les épitaphes, discourent sur la Mort, ses noms, ses implications. Ils volent du temps au temps, se consolent tous deux.

Dans un texte délicat mais au phrasé rude, Hanno aborde la Mort du point de vue de l'enfant qui la prend de plein fouet, avec gravité et légèreté, innocence et maturité, réflexions subtiles et philosophiques, pour continuer à aller de l'avant.

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Emma, la petite fille de notre histoire se pose plein de questions existentielles. Mais lorsque son grand-père meurt, c'est bien sûr autour de la Mort, qu'elles tournent. Ce qui embarrassent bien ses parents, un peu sa maîtresse, qui tentent d'y répondre au maximum. Parfois en éludant, parfois en expliquant mais en s'égarant alors dans des notions vastes et complexes, telles la religion, et qui appellent sans cesse de nouvelles questions.

J'ai beaucoup aimé ce titre, qui complète très bien le précédent évoqué, tant dans la forme que dans le fond. Les styles de langage sont très différents, le situations familiales aussi, et pourtant, toujours, qui que l'on soit et où que l'on soit ce questionnement sur la Mort, la Vie, son Utilité, sa manière de l'appréhender: un déni ou une acceptation, sur l'instant ou tout au long de la vie.

Des textes courts et percutants pour de grandes réflexions. Vraiment j'aime beaucoup cette collection dont je vous ai déjà présenté plusieurs titres - CLIC

BD

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Les Mythics - Tome 6 - Neo . Patrick SOBRAL, Patricia LYFOUNG, Philippe OGAKI. Editions Delcourt, mars 2019

Dans les temps anciens, le Mal voulut s'emparer du monde par le biais de six dieux différents. Vaincus par six héros, le Mal fut vaincu et caché dans le désert rouge de la planète Mars.

De nos jours, une mission spatiale japonaise a été jusque Mars. Si la mission est un succès, elle a libéré le Mal qui se répand à nouveau sur Terre sous l'apparence de ces six dieux. Les descendants des héros, ignorant tout de leur condition, découvrent tour à tour leur destin.

Le premier tome nous présentait Yuko, jeune japonaise férue de jeux vidéos et musicienne, descendante du Dieu de la Foudre et du Tonnerre, qui a combattu Fujin, l'incarnation du Vent.

Le deuxième tome, Parvati, une jeune indienne énergique, voire hyperactive, descendante de Durga, déesse hindoue de la guerre, dotée de dix armes sacrées, une pour chacun de ses bras. Elles combattent Kali, déesse de la destruction.

Le troisième tome nous permet de rencontrer Amir, jeune héritier égyptien mais orphelin, descendant d'Horus, gardien du Soleil et de la Lune, qui lui confère des dons de guérison. Ils combattent Seth, le dieu de la violence et des influences néfastes.

Dans le quatrième tome, c'est au tour d'Abigail, jeune ado berlinoise. Descendante de Freya, elle est insensible au froid et combat Loki, le malveillant dieu nordique qui a pris le corps de son professeur de chant dont elle est secrètement amoureuse. Mais sa meilleure amie aussi, ce qui engendre d'autres sortes de tensions.

Le cinquième tome nous fait rencontrer Miguel, jeune garçon mexicain, descendant du Quetzalcóatl, l'un des quatre dieux créateurs de la mythologie aztèque. Il doit combattre Tezcatlipoca, le dieu de la Nuit et du Nord, mais qui n'est pas seul. A ses côtés, il a réussi à embrigader l'ancien meilleur ami de Miguel, Joaquim...

Dans ce sixième tome, nous rencontrons le dernier descendant: Neo. Il est grec, orphelin de père, dont la fortune a disparu et le train de vie avec. Sa mère fait plusieurs boulots et Neo utilise plus ses poings que son intellect et ramène de l'argent de combats clandestins. La venue d'un paquebot dans le port suscite l'intérêt de ses trois frères et sœur, des petits chenapans triplés qui se rendent à bord. Ainsi est-il le descendant d'Héraklès (l'Hercule grec),doté d'une très grande force, ce qui est bien la seule chose qui intéresse Neo. S'il combat Arès, ce n'est que pour sauver sa famille et servir son intérêt.

Ces six premiers tomes sont quasiment tous construits de la même manière pour nous présenter chacun des six héros, qui ont entre 11 et 16 ans, ainsi que leur aïeul et leur ennemi. Les actes et le déroulement des évènements ne sont finalement pas les plus importants. Ce qui importe, ce sont les cheminements personnels de nos héros, même s'ils se ressemblent tous beaucoup dans leur parcours de vie (orphelins, débrouillards). Il est intéressant de voir comment ils réagissent face à l'annonce de leur pouvoir et ce qu'ils décident d'en faire. Car, comme les scénarios se ressemblent, on frise la caricature, et de surprise, il n'y a quasi plus. D'autant que les particularités des divinités sont tout de même minorées, voire ignorées. Mais cela peut être aussi une première entrée en matière et donner envie d'en savoir davantage sur elles.

Côté dessin, c'est dynamique, d'inspiration clairement manga avec des expressions faciales exagérées et des scènes d'action survoltées.

Il me reste à lire les quatre prochains tomes qui constituent avec ces six-là, un premier cycle. Ainsi verrai-je comment évoluent nos six héros et quels visages le Mal prend-il.

2/ Que suis-je en train de lire en ce moment?

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Dans un monde post-apocalyptoique ayant survécu aux catastrophes écologique et aux guerres pour l'eau, l'Humanité s'est dotée de pouvoirs technologiques importants, flouant les distances, contrôlant tout et tout le monde a créé deux sérums pour vivre plus longtemps et s'est divisée en deux classes sociales distinctes: les Vulnérables qui vivent environ cent ans, qui travaillent aiment, fondent des familles; et les Lastings, qui vivent 400 ans et qui ne vivent que pour l'Humanité, le bien Commun... Bien sûr, certains refusent cette mainmise, ce sont les Affranchis, des Lastings ayant refusé de prendre le sérum qui leur permettrait de vivre si longtemps. De plus, toute trace de l'Ancien Monde a disparu. Ou en tout cas, n'est plus accessible à chacun. C'est que l'Etoile veut que chacun soit tournée vers l'Avenir et non pas vers le passé. Aussi, certaines périodes historiques n'ont pas le droit d'être évoquées, s'y intéresser n'est pas bien vu.

En 2105, vivent deux amies inséparables de 15 ans. Briss est une Lasting, Sophia une Vulnérable. Cette dernière cherche à tout prix à découvrir qui était son arrière-arrière-grand-mère Mina, qui vivait à Paris, qui avait 15 ans en2015, qui a participé à des Marches pour le Climat (qui ont dégénéré) en 2022. Mais Sophia voudrait aussi recevoir le Sérum qui ferait d'elle une Lasting et nous la découvrons à la veille d'épreuves qui permettent à deux Vulnérables seulement de l'obtenir. Après la première série, elle souffre de migraines, évanouissements, visions. Briss l'emmène auprès de son grand frère Ulysse, un Affranchi, qui vit dans une communauté sur une île... Là, Sophia fait la connaissance de Vita, une doctoresse qui tente de comprendre ce qui lui arrive. Mais elles sont contraintes de fuir et se dirigent vers Paris, afin de trouver un docteur.

Chemin faisant, Sophia qui ne connaît rien, va découvrir le monde dans lequel elle vit et qui lui a toujours été caché. Elle va aussi se découvrir elle-même et mettre à jour une personnalité comme des connaissances qu'elle ne soupçonnait pas.

Anouk Filippini a construit un univers extrêmement riche et complexe reposant sur des références populaires et bibliques comme sur nos débats écologiques, sociétaux et éthiques actuels: fonte des glaciers, réchauffement climatique, accès à l'eau potable, espérance de vie, robotisation, intelligence artificielle, liberté d'expression, attentats contre Charlie Hebdo... pour nous conter un futur possible mais qui ne fait guère rêver. Elle aborde donc les notions d'humanité, de science, de jeunesse/vieillesse, individualité/collectivité, plaisir/efficacité, mémoire/oubli, mémoire/éternité, adolescence/construction identitaire, premier amour: des thèmes que j'aime particulièrement!

Comme j'aime cette vision nostalgique développée en filigrane sur le XXe-début XXIe siècle.

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Le Magicien d'Oz.L. Frank BAUM. Éditions Usborne, 2016

Avec mes garçons, presque tous les soirs, nous lisons deux-trois chapitres de ce roman et nous aimons beaucoup.

Ainsi avons-nous fait connaissance avec Dorothée, une fillette du Kansas, l'Epouvantail qui désire un cerveau, le bûcheron en fer-blanc qui espère un cœur, le Lion poltron qui désire avoir du courage, et avons-nous rencontré par deux fois le Grand et Terrible Oz. Avant et après la disparition de la méchante sorcière de l'Ouest.

Chacun obtient d'Oz ce qu'il désire. Non pas parce qu'il les leur donne, mais parce qu'ils ont déjà en eux ce qu'ils désirent sans le soupçonner. Par contre, pour Dorothée, la chose s'avère bien plus délicate et Oz a besoin de temps.

Dorothée est une fillette attachante, tout comme ses compagnons. Aucun ne semble se rendre compte de qui ils sont, de ce qu'ils apportent aux autres, de leur richesse personnelle et collective.

C'est un très beau récit d'amitié et d'apprentissages. Vivement la suite, car je ne me souviens absolument pas de ce qu'il se passe...

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Le PDG de Total a été enlevé. Il est montré dans une cage en verre, reliée à un moteur de voiture. Son ravisseur, qui parle à visage découvert au nom de Greenwar, est entouré de personnes portant un maque de panda balafré. Son but: heurter le monde sur la crise environnementale et forcer les décisionnaires a changé leurs projets pour établir une économie verte, responsable et dédiée à l'avenir. Pour ce faire, il communique avec la Police, dont Nathan Modis, Capitaine de police et Diane Meyer, psychologue.

Plan exposé, une revendication jamais vue auparavant, remonter le piste t l'identité de l'homme, comprendre pourquoi il agit ainsi, alors que l'opinion publique bascule en sa faveur...

Après avoir découvert Olivier Norek avec Surface puis son premier thriller Code 93, qui étaient des enquêtes à rebondissements mais plutôt classiques, nous voici dans un autre genre avec un méchant que l'on ne peut que vouloir rejoindre dans son combat. Il use de méthodes extrêmes, mais finalement semblables à celles de ses "ennemis", non pas pour lui-même mais pour l'Humanité, les générations à venir et la Terre tout simplement.

Le récit, qui se déroule en 2022 (et là, je n'ai pu m'empêcher de noter le parallèle avec un passage mentionné dans 2105 - c'est tout de même fou ces lectures qui se répondent!) est haletant et addictif, enrichi de données et découvertes scientifiques, écologiques, de discours, d'évocations de personnalités. Les thèmes abordés par Olivier Norek sont brûlantes d'actualité et m'intéressent énormément.

3/ Que vais-je lire ensuite?

C'est lundi, que lisez-vous? #318

Présentation de l'éditeur: Nous sommes au temps de la Terreur. Qui est cet homme en noir qui récupère les têtes des guillotinés les plus célèbres ? Henri, Léonce, Charlotte vivent sous le régime de la Terreur. Le premier est le fils du bourreau, le deuxième est un fédéré déserteur, la troisième est la fille du roi, mystérieusement sauvée de la guillotine. Les trois jeunes gens vont se lier d'amitié malgré tout ce qui les sépare et, par un concours de circonstance, vont se retrouver dans la demeure du célèbre Lavoisier. Avec l'aide d'Olympe de Gouges, Camille Desmoulins et Danton, ils fomentent une attaque contre le régime et Robespierre. Mais, dans cette demeure, il se passe des choses bien plus étranges qu'un simple coup d'état : des morts semblent revenir à la vie...

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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois