B.O comme un dieu d’Ugo Bienvenu

Par Litterature_blog
B.O a 772 ans et est le dernier représentant de son espèce, le dernier robot sexuel de la galaxie. Ses congénères ont tous disparu parce qu’ils étaient devenus trop dangereux pour la survie de l’humanité. Tellement performants, tellement inépuisables, tellement prêts à se plier aux moindres désirs de ces dames qu'elles préféraient, et de loin, coucher avec des robots plutôt qu’avec des hommes. Résultat, la natalité avait chuté de manière dramatique, ce qui avait poussé les pouvoirs publics à ordonner l’interdiction puis la destruction de ses jouets sexuels aux capacités hors normes.Sauvé par sa propriétaire qui l’avait caché dans sa cave, B.O. doit constamment agir dans la clandestinité. Sans affect, sans morale ni tabou, il se déplace en toute discrétion chez ses fidèles clientes. Programmé pour satisfaire les moindres désirs, il sait à chaque instant ce qu’il doit faire, quel rythme prendre et quelle méthode utiliser pour procurer du plaisir à sa partenaire. Jamais de baisse de régime, capable tenir toute la nuit et de faire tout ce qu'on lui demande avec efficacité, cette machine à faire jouir inusable est LE sextoy ultime.  J’adore Ugo Bienvenu, j’ai lu tous ses albums depuis son adaptation de Sukkwan Island et je ne cesse d’être bluffé par sa maîtrise narrative. Il livre ici un récit de science-fiction dans la veine de l’excellent Préférence Système, en beaucoup plus concis et beaucoup plus « sexuellement explicite » (pas pour rien que cet album est publié dans la collection BD Cul des Requins Marteaux). Les parties de jambes en l’air de B.O ne donnent donc pas dans la suggestion mais plutôt dans le réalisme le plus cru, se gardant cependant de tomber dans la vulgarité grâce à une esthétique particulièrement léchée (et c’est rien de le dire, parce que niveau léchage, il sait y faire le B.O.). 
Après, au-delà du cul pour le cul, Bienvenu interroge le rapport entre le plaisir et les sentiments et fait de son robot sextoy un observateur avisé des méandres de la nature humaine. Je vous rassure, le propos ne tourne pas non plus au traité de philosophie, et plutôt que de grands discours, on se tamponne dans tous les coins et dans tous les orifices, ce qui est quand même l'intérêt principal d'un album de ce genre. Au final, un projet couillu et une BD de SF décalée qui, malgré son contenu sans équivoque, ne cède jamais à la facilité de sacrifier le fond pour la forme. C'est suffisamment rare pour être souligné. 

B.O, comme un dieu d’Ugo Bienvenu. Ed. Les Requins Marteaux, 2020. 128 pages. 14,00 euros.


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