Rosa dolorosa de Caroline Dorka-Fenech

Rosa, la mater dolorosa a ému nombre de lecteurs par son courage et son abnégation alors que son fils de 19 ans à peine est accusé du meurtre d’un enfant. Mais le thème, aussi douloureux soit-il n’a pas suffi à me faire partager cet enthousiasme généralisé.

Rosa dolorosa de Caroline Dorka-Fenech (éditions de la Martinière)

Rosa dolorosa de Caroline Dorka-Fenech (éditions de la Martinière)

Pour Rosa, Lino est innocent, il est impossible que ce jeune homme plein d’ambition avec lequel elle projette d’ouvrir un hôtel puisse se transformer en monstre, le temps d’un coup de folie. Pas son fils, pas son Lino. Rosa fera tout pour prouver l’innocence de cet enfant qu’elle aime plus que sa propre vie, pour le sauver et pour sauver son cœur de mère par la même occasion. L’histoire est douloureuse, c’est ce qui la rend belle, le tragique sublime. Mais je ne fais pas partie des lecteurs emportés par cette histoire déchirante, les émotions m’ont manqué. Deux raisons à cela : j’ai trouvé que cette histoire était vite expédiée, ça manque de profondeur et d’ancrage pour me donner le temps de ressentir peine, colère ou tristesse. Le train passe à une vitesse folle sans laisser le temps d’admirer le paysage, en quelques pages, on passe d’un Lino innocent à un Lino présumé coupable, entre temps un enfant est mort et c’est à peine si l’on effleure le tragique de la situation. Sans verser dans le pathos, il me semble qu’il y avait tellement matière à faire plus, à faire mieux, car il y a des liens étroits qui existent entre les différents protagonistes de cette histoire, la complexité de ces relations aurait pu être plus fouillée.

S’il était une chose dont elle est certaine, c’était que Lino n’était pas un monstre. Son fils était cet être lunatique mais attentionné pour lequel elle s’était toujours dévouée. Il était celui qui l’inspirait.

Deuxième raison, étroitement liée à la première : le style de l’auteure m’a lui aussi semblé dépourvu d’émotions. En dehors de quelques phrases plus travaillées, c’est un enchaînement de sujets, verbes, compléments, point. Ce point, tout le temps ce point qui sanctionne, qui clôt le sujet à peine entamé, qui ne souffre d’aucune discussion. Et le problème quand on commence à repérer ce genre de systématisme dans un texte c’est qu’on finit par ne voir plus que ça : sujet, verbe, complément, point.  Les dialogues sont à l’image du reste, tout est factuel, d’une normalité qui tourne à la banalité et qui cadre peu avec ce que j’espère de la littérature, à tel point que j’ai éprouvé des difficultés à trouver quelques phrases à citer en exergue de ce billet.

Si j’ai pu apprécier la complexité du sujet et toutes les interrogations qu’il soulève, je reste sur un sentiment de gâchis quant à la manière dont il a été traité. Mais tout ceci n’est qu’un point de vue personnel, bien évidemment. Ce point, toujours ce point…


L’ESSENTIEL

Couverture de Rosa dolorosa de Caroline Dorka-Fenech

Couverture de Rosa dolorosa de Caroline Dorka-Fenech

Rosa dolorosa
Caroline DORKA-FENECH
Editions de la Martinière
Sorti le 27/08/2020 en GF
288 pages 

Genre : roman contemporain
Personnages : Rosa Messina et son fils Lino, Marc
Plaisir de lecture : ❤❤❤
Recommandation : moui
Lectures complémentaires : Jake de Bryan Reardon, Il faut qu’on parle de Kevin de Lionel Shriver, Un fils parfait et Est-ce ainsi que les hommes jugent de Mathieu Menegaux

RÉSUMÉ DE L’ÉDITEUR

« Elles étaient au nombre de douze. Douze méduses qui plongèrent parmi les bulles éclairées au néon dans l’aquarium. Leurs tentacules flottant comme des fourreaux de fantômes. »

Dans les rues serpentines du Vieux-Nice, Rosa déambule au bras de son fils, Lino. Ensemble ils rêvent de posséder un hôtel dans lequel un immense aquarium accueillerait des méduses. À peine dix-neuf ans d’écart, ils forment un duo inséparable. Jusqu’au jour où Lino est arrêté et emprisonné pour le meurtre d’un enfant.

Pour Rosa, l’innocence de son fils est incontestable. Dans un ballet d’images charnelles, poétiques, la mater dolorosa se lance dans une quête sublime et dévorante. Mais jusqu’où l’amour maternel peut-il conduire ?


TOUJOURS PAS CONVAINCU ?

3 raisons de lire Rosa dolorosa

  • Parce qu’on ne peut s’empêcher de se mettre à la place de cette mère
  • Parce que le sujet est tragique et qu’il éveille en nous des peurs et des questionnements
  • Parce que ça se lit très vite (trop vite) et très bien (trop bien)

3 raisons de ne pas lire Rosa dolorosa

  • Parce que c’est quand même trop vite expédié
  • Parce que l’écriture est sèche et un peu mécanique
  • Parce que c’est un roman que vous risquez d’oublier à peine lu

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