Les Ténèbres d’Orcus – K. Bellatrix

Les Ténèbres d’Orcus – K. Bellatrix

Les Ténèbres d'Orcus - K. Bellatrix - Librinova, Juillet 2020.

Intriguée par la couverture mystérieuse et le titre éloquent, j'ai découvert avec plaisir Les Ténèbres d'Orcus de K. Bellatrix dans le catalogue NetGalley, édité par la Maison d'auto-édition Librinova, que je remercie au passage pour cette lecture. L'auteure vit en Suéde, mais est d'origine française, plus précisément d'un petit village du Morvan qui lui a inspiré ce récit.

Rillon-La-Montagne est un village tranquille de deux-cent-cinquante âmes, isolé de tout, où chacun mène une vie paisible, en apparence. Jusqu'au jour où le corps d'un homme décapité et éviscéré est découvert dans la forêt communale, dans un endroit inaccessible, sauf pour les chasseurs de sangliers, rompus à cette nature sauvage. Sylvain Chevrillon et son adjoint Rubio Arango, gendarmes à la section de recherche de Dijon, sont chargés de mener l'enquête. Rien de tel pour eux que de s'immerger dans ce village pour mieux observer et étudier les suspects... Et prendre part au mode de vie de ces chasseurs, parmi lesquels se cache certainement le coupable...

Je ne dévoilerai rien de plus sur l "intrigue qui est " classique " mais réserve quelques bonnes surprise : j'ai été emballée par cette histoire qui contient les éléments essentiels à un bon roman policier -le suspense, l'atmosphère sombre, une intrigue qui puise ses racines dans le passé, des crimes épouvantables (je n'exagère pas, non...), tout ce qu'il faut, là où il faut!

Ce roman a d'autres points très positifs, qui servent particulièrement bien l'intrigue : le style de l'auteure, d'une part, qui est direct, percutant et irréprochable. D'autre part, les personnages sont bien campés, nous avons plaisir à les suivre même si le gendarme Sylvain Chevrillon est clairement antipathique: c'est un citadin qui abhorre la ruralité et ne se cache pas pour dénigrer les " bouseux " du coin, c'est aussi un homme égocentrique, quasiment misanthrope hormis lorsqu'il rencontre un être de sexe féminin possédant de bons atouts... Nous lui trouverons quelques faiblesses qui le rendront tout de même plus humain... Et c'est surtout un très bon chasseur de " détraqué ", un fin limier, caméléon, qui adopte le point de vue de sa proie pour mieux la cerner... Son collégue Arango, quant à lui attache beaucoup d'importance à sa famille, et de façon très réaliste on ressent chez lui de la peur lorsqu'il se trouve dans une situation dangereuse. Les personnages secondaires sont tout aussi intéressants: l'omerta qui les unis au sein de leur communauté montre à quel point un petit village peut être isolé du monde, ses habitants vivants reclus, avec leurs secrets. J'ai également particulièrement apprécié le rapport à une nature omniprésente : on ressent l'humidité et le froid de ce village de montagne plongé dans la grisaille de novembre. L'atmosphère est inquiétante, mystérieuse à souhait, à tel point que même les gendarmes ne se sentent pas en sécurité. Moi qui aime tant la campagne, je commence à avoir un regard différent sur sa présupposée tranquillité...

Ce roman très abouti se termine en nous livrant une réflexion acerbe sur la justice, mais remet aussi en cause l'idée que l'on peut avoir d'une violence, d'une criminalité présente uniquement dans les grandes villes. Je ne peux que vous conseiller un séjour à la campagne en compagnie de ce roman glaçant !


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois