C'est lundi, que lisez-vous? #313

Ce rendez-vous hebdomadaire consiste à vous présenter chaque lundi mes lectures passées, en cours et à venir en répondant à trois questions :-)

ROMAN JEUNESSE

C'est lundi, que lisez-vous? #313

Dorothy Counts. Affronter la haine raciale. Elise FONTENAILLE. Oskar Editeur, collection "Elles ont osé!", mars 2019

Dorothy Counts fut l'une des premières adolescentes noires à venir étudier dans un lycée jusqu'alors réservé aux Blancs. C'était en septembre 1957.

Conçu comme une rétrospective, le roman d'Elise Fontenaille fait parler Dorothy et remonter ses souvenirs de ces jours passés au lycée, et en-dehors.

Elle nous retranscrit les sentiments mêlés d'appréhension, de stupeur, de courage, d'abnégation, de dégoût, de peur de l'adolescente qui a bravé une foule hostile et les regards méprisants des professeurs pour pouvoir étudier jusqu'au coup de trop qui l'a faite partir trois ans. Pour mieux revenir à Charlotte, sa ville natale. Et en trois ans, il s'en était passé des choses.

Ce récit est poignardant, révoltant, et prend au cœur. Dorothy Counts est un modèle de volonté et de persévérance dans une société inégalitaire, injuste et raciste.

Un récit essentiel pour ne pas oublier et pour continuer.

ROMANS ADO

C'est lundi, que lisez-vous? #313

Les Potos d'abord. Rachel CORENBLIT. Editions Nathan, collection "Court Toujours", août 2020

C'est sur Instagram que j'ai repéré ce titre accompagné des cinq autres qui commencent la collection "Court toujours", des récits courts qui peuvent se lire de trois manières: sur papier, en numérique, ou en audio.

Les couvertures avec leurs couleurs flashys et leurs titres titres écrits en gros façon Tag ne passent pas inaperçus et c'est celui-ci qui m'a d'abord attirée.

Nathan et Ihmed, deux amis complices depuis toujours décident de partir en vacances tous les deux, sans les parents. C'est mieux pour tout le monde et vive la liberté. Camping dans le sud réservé, Blablacar pris et qui porte bien son nom, arrivée au camping et première déception: la plage est à 3km... Petite tente, matelas trop fin, pâtes pas cuites, douches à la température aléatoire, radio des voisins trop forte, ce n'est pas grave, vive les vacances libres! Mais à ces petits couacs du quotidien s'en ajoutent d'autres plus profonds, plus latents et quand ils se décident à aller en boîte, au Calypso, malgré la réticence manifeste d'Ihmed, ils explosent. Ihmed est beau, doué en classe, attire les filles, et se fait remarquer. Ce qui l'ennuie parfois car cela le place sur une sorte de piédestal dont il ne veut pas. Mais on le remarque aussi pour autre chose, son origine. Nathan n'en a pas conscience, cela n'existe même pas pour lui, mais cette réalité le rattrape.

Rachel Corenblit signe là un court roman qui nous transporte en vacances, sous le soleil qui tape trop fort, soirées moules-frites et karaoké, par une écriture fluide empreinte d'humour. Elle nous décrit une amitié très forte, teintée d'admiration et de respect, mais aussi de silences. De ceux qui se passent de mots mais aussi de ceux que les mots n'arrivent pas à combler pour une réalité qui subsiste toujours mais qui ne les sépare pas.

C'est lundi, que lisez-vous? #313

Par une nuit écarlate.Hubert BEN KEMOUN. Editiosn Auzou Romans, 27 août 2020

Il y a Maeva, Jacky, Rosy, Jérémie, David, Tamimount... Et il y a surtout, Solal, Adèle, ArnoAlessandro, Lionel, Madeleine... Ils ne se connaissent pas tous, ont des vies très diverses, des âges, des conditions sociales très différentes, mais cette nuit de vendredi, leurs existences vont se télescoper et basculer.

Dans un roman choral et à suspense, Hubert Kemoun nous propulse auprès d'eux. Une grande fête, la promesse de surprises et d'un amour, une envie d'émancipation, une opportunité, un coup de sang, devoir obéir, un nouveau départ... Tous vivent des sentiments très différents mais qui les poussent, les malmènent ou les galvanisent et les font se rencontrer brutalement.

J'ai adoré cette lecture, être auprès de ses personnages plus ou moins sympathiques, passer de l'un à l'autre, sonder leurs motivations pas toujours reluisantes, leurs espoirs/désespoirs et imaginer ce qui va pouvoir advenir d'eux.

ROMANS

C'est lundi, que lisez-vous? #313

Nickel Boys. Colson WHITEHEAD. Editions Albin Michel, août 2020

La découverte d'un cimetière illégal sur le terrain de l'ancienne maison de redressement pour garçons Nickel, fait ressortir de douloureux souvenirs et de nombreux témoignages affluent pour décrire ce qui se déroulait en ce murs.

Elwood Curtis les entend bien malgré lui et se demande ce qui peut pousser ces gens à parler après tant d'années. Pourquoi? A quoi cela leur sert-il? Jusqu'à ce que'un élément le fasse basculer et nous transporte avec lui dans ses souvenirs.

Floride, années 1960. Elwood est un adolescent sans problèmes, sérieux et consciencieux qui travaille très bien à l'école et chez le marchand de journaux du coin. Il est élevé par sa grand-mère maternelle Harriet depuis que ses parents sont partis. Elle est stricte et lui a offert un disque du Révérend King dont les paroles guident le jeune homme.

Alors que Mr Hill, son professeur, lui a trouvé une place dans une université et qu'Elwood y est inscrit en Lettres, notamment anglaises, il est arrêté par la police alors qu'il se trouve dans une voiture qui l'a pris en stop. Le Monsieur au volant l'a volée. Après un procès bâclé et expédié, Elwood est envoyé à Nickel, comme tant d'autres garçons. Il s'y trouvent des Blancs et des Noirs, qui sont séparés, qui font presque les mêmes activités mais dans des conditions très différentes. Là-bas tout est fondé sur un règlement à suivre à la lettre, même si personne ne l'a jamais vu. Ainsi, peut-on espérer gravir les échelons de sa hiérarchie et pouvoir partir. Epris de justice, Elwood en comprend le fonctionnement à ses dépends.

Il se lie d'amitié avec Turner avec qui il accomplit divers travaux dans les maisons attenantes à l'école, et notamment chez des Blancs. Ainsi nous décrit-il sa vie là-bas, les tâches, les pseudos enseignements, la nourriture, les sanctions arbitraires, ses amitiés, les rivalités, le match de boxe, les règlements de comptes, les penchants de certains, jusqu'au jour où des Inspecteurs d'Etat viennent visiter l'école pour voir si tout va bien et les conditions d'accueil bonnes et exemplaires...

Après avoir tant aiméUnderground Railroad, lire ce roman était une évidence pour moi. Pourtant, je n'ai pas été saisie de la même manière, restant malheureusement à distance alors que ce thème me touche énormément. Je n'ai pas ressenti la même verve de l'auteur, alors que son but est identique: dénoncer les traitements subis lors de la ségrégation, et leurs conséquences à court-moyen-long termes sur les générations, quelque soient leurs conditions sociales et géographiques, et la société toute entière... Expliquer les faits actuels par le passé.Il fait oeuvre de réhabilitation et acte de mémoire. Pour écrire ce roman, il s'est basé sur l'histoire vraie d'une école pour mineurs, ce qui rend ces actes barbares encore plus horribles et intolérables.

MANGA

C'est lundi, que lisez-vous? #313

NeuN - Tome 1. Tsutomu TAKAHASHI. Editions Pika, septembre 2019

Voici un manga dont la couverture ne laisse pas indifférent et qui a piqué ma curiosité. Après lecture, je n'ai qu' une envie, lire les autres, au nombre de cinq (donc 6 tomes en tout, pour le moment?).

NeuN est un thriller qui se base sur un contexte historique avéré: le IIIe Reich et ses illustres représentants: Hitler bien sûr, mais aussi Himmler, Goebbels... et les SS.

NeuN est le nom d'un enfant de 7-8 ans, un petit garçon blond aux grands yeux pleins de candeur. Un petit garçon qui voit sa vie basculer quand, dans son petit village, des SS viennent massacrer les habitants. Son frère Theo, qui se trouve être en réalité son garde du corps, le protège et tous deux arrivent à s'enfuir. L'objectif: gagner la France puis l'Angleterre.

Mais pourquoi les SS veulent-ils assassiner cet enfant? Et pourquoi a-t-il un garde du corps? Car il n'est pas un enfant ordinaire. Pour assurer la pérennité du IIIe Reich, ont été conçus treize enfants par insémination avec de l'ADN du Führer et disséminés aux quatre coins du pays, dans des familles d'accueil et protégés par des Wänden. Mais en 1940, il se trouve qu'un des treize correspond aux critères attendus, Sechs, aussi, les douze autres doivent être éliminés. Le Doktor U, un homme aux yeux noirs, se lance à la poursuite de ceux qui ont réchappé au premier massacre.

Le récit est haletant, violent, rapide, les dessins sont charbonneux, pleins de noirceur et nous immergent dans cette fuite... Ils rencontrent un autre enfant, Acht et sa Wand, une SS à l'ascendance asiatique, et ils décident de s'allier.

Il n'est pas toujours aisé de repérer les personnages. Si les personnages historiques sont clairement et facilement identifiables, si les SS le sont grâce à leurs uniformes et dans leur multitude, si Théo, Neun, Acht et sa Wand sont reconnaissables grâce à leur blondeur et traits fins, ce n'est pas le cas de la plupart des autres protagonistes aux traits bourrus et grossiers. Les scènes d'actions sont nombreuses et le dessin retranscrit leur rapidité comme efficacité, laisant une impression de flou, voire d'imprécision.

J'ai hâte de poursuivre!

2/ Que suis-je en train de lire en ce moment?

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Trouver les mots. Gilles ABIER. Editions Le Muscadier, collection "trouver les mots", mai 2017

Il est arrivé quelque chose à Julien. Nous le savons mais ne savons pas quoi. Et Gabriel se tait. Ou plutôt il ne le dit pas, remontant le temps qui nous le pressentons et savons, conduit à un drame.

Il raconte son amitié, celle qui l'unit aussi à la sœur de Julien, sa passion pour la danse, et son manque de mots. Un caractère taiseux, un manque de confiance en soi, un mal-être prégnant et le voilà silencieux devant le policier et sa mère qui impatiente.

Un récit court, des mots qui sonnent fort. Hâte de poursuivre.

3/ Que vais-je lire ensuite?

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Le Diable par la queue. Suivi de Pourquoi écrire? Paul AUSTER. Editions Babel, mai 1999

Présentation par l'éditeur: Avant de connaître la consécration, Paul Auster a tiré le diable par la queue. De ses tentatives pour rompre la difficulté, et des mésaventures qui y sont liées, il fait ici le récit dans une allègre chronique des années de galère. Une chronique qui va des querelles budgétaires, responsables de la séparation de ses parents, à la parution de son premier livre. Mais, en vérité, dans ce récit, c'est son rapport à l'argent qu'il met en évidence avec l'air de ne pas vouloir trop philosopher là-dessus. Cette chronique est suivie par l'illustration des tentatives qui furent les siennes pour briser le cercle de l'infortune. D'abord trois pièces de théâtre où déjà la "manière" Auster est présente : Laurel et Hardy vont au paradis (on y trouve le thème du mur exploité plus tard dans La Musique du hasard), Black-out et Cache-cache. Vient ensuite le manuel d'Action Baseball, un jeu de cartes qui constitue une initiation au sport le plus populaire des Etats-Unis. Enfin un roman policier, Fausse balle, écrit sous le pseudonyme de Paul Benjamin dont Auster allait faire par la suite le personnage de l'écrivain dans Smoke.

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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois