Interview Nancy Guilbert – Venise, Bises, Cerises

Par Pauline d’Entre Les Pages
Par Cécile de La Maison des Livres
Par Blandine de Vivrelivre

Interview Nancy Guilbert – Venise, Bises, Cerises Interview Nancy Guilbert – Venise, Bises, Cerises

La chronique de PaulineLa chronique de Cécile – La chronique de Blandine

L’INTERVIEW !

Nancy, merci d’avoir accepté de répondre à nos questions !
Merci à vous de chouchouter ma petite Venise !

Pouvez-vous présenter Venise, Bises, Cerises à nos lecteurs ?
C’est un roman à la fois doux et fort, qui aborde des thèmes chers aux ados je pense… Les relations avec les parents et les grands-parents, les amis, le premier amour, le collège et ses difficultés, les rumeurs, la violence familiale. J’ai essayé d’écrire avec mon cœur et mes souvenirs de collégienne à travers les yeux de Venise, douze ans, qui a perdu sa maman et qui vit avec son père, danseur étoile. C’est une situation atypique dans un environnement plutôt « normé », et Venise ne le vit pas forcément bien. Les ados sont confrontés quotidiennement à des situations pas toujours faciles pour eux et j’avais envie d’une histoire à la fois simple, réaliste et authentique.

Parlez-nous de Venise. Vous indiquez sur votre blog l’avoir à vos côtés depuis 2013. Quel a été son cheminement ?
C’est en effet le premier texte pour ado que j’ai écrit et il a énormément évolué (comme tous les premiers romans !). Au départ, c’était Zadig (le petit ami de Venise) qui était le héros de l’histoire, et une première maison d’édition était intéressée, puis a finalement refusé le manuscrit. J’ai écrit une deuxième version qui a failli voir le jour dans une deuxième maison d’édition, mais l’éditrice trouvait que je n’avais pas assez « creusé » le personnage de Venise. Aujourd’hui, avec le recul, je comprends ce qu’elle a voulu dire mais à l’époque, je n’ai pas réussi à faire évoluer Venise. J’ai donc laissé le texte de côté et lorsque je l’ai repris il y a deux ans, j’ai beaucoup peaufiné Venise, j’ai notamment creusé sa passion pour la customisation, qui devient un peu le fil rouge du roman, en somme. Je crois en effet à la résilience par la création artistique, quelle qu’en soit la forme.

Comment est-elle née (et pourquoi ce prénom) ? Comment vous est venue l’idée de cette petite Venise ?
Ce prénom s’est imposé à moi je ne sais même plus comment, et effectivement, pour reprendre la question suivante, j’adore la ville de Venise que j’ai visitée deux fois déjà… Mais il n’y a aucun lien dans l’histoire. De façon plus inconsciente, j’ai peut-être donné à mon héroïne un prénom de ville parce que le mien l’est aussi 😉 L’histoire m’est venue par étape, d’abord parce que dans l’école de danse classique de mes filles, il y avait un garçon et que j’imaginais bien que ça ne devait pas être évident pour lui de gérer cette passion ; et puis, lorsque j’ai repris le texte, je me suis finalement sentie plus à l’aise avec une héroïne féminine qu’avec Zadig et je l’ai laissée me raconter qui elle était… cette idée d’orpheline de mère et de poster dans la chambre m’est apparue assez vite.

Ce titre est doux, girly et a un petit côté espiègle. L’avez-vous trouvé facilement ? Avez-vous cherché longtemps ou dû « batailler » pour l’avoir ?
Comme je l’écrivais plus haut, c’était tout d’abord Zadig le héros et dans le texte, il tenait un journal intimé et il écrivait sous pseudo. J’avais imaginé qu’il s’appelait ainsi car ses parents adoraient le Zadig de Voltaire… Et comme il avait 13 ans et que j’ai écrit le texte en 2013, il était né en 2000. Donc, le titre du roman était le pseudo de Zadig, « Zoltaire 2000 » (contraction de Zadig et de Voltaire). Je reconnais que ce n’était pas top ;-D, vous avez le droit de vous moquer (si, si), et je ferai rire les lecteurs que je rencontrerai dans les classes avec cette anecdote, sans aucun doute. Ensuite, lorsque Venise est devenue l’héroïne, j’ai imaginé qu’elle écrivait également dans un journal et le titre était donc tout naturellement « Le journal de Venise ». Puis j’ai retravaillé le texte en chapitres et lorsqu’il a été accepté chez Oskar éditions, l’éditrice a trouvé que « Le journal de Venise » prêtait à confusion, à cause de la ville, justement ! J’ai donc laissé le titre « Venise » tout simplement. Et puis, un jour, une amie m’a écrit en signant sa lettre « Du soleil, des bises et des cerises » : ça a résonné en moi. Je me suis dit que je tenais là un joli titre beaucoup plus original, finalement !

Vous ne choisissez pas forcément les couvertures de vos livres, que pensez-vous de celle-ci ? Pouvez-vous nous parler de façon plus générale de l’impact qu’a la couverture d’un livre sur les lecteurs ? Sur vous ?
Je l’aime bien, même si je la trouve un peu trop acidulée et girly, car je sais que les couvertures sont très facilement pointées du doigt quand c’est le cas… Mais elle attire l’œil, c’est certain : les photos qu’on m’a envoyées, dans lesquelles le livre est mis en avant en librairie, me le confirment. Je la trouve poétique et un peu mystérieuse aussi. Oui, bien sûr, le choix de la couverture est très important ! Combien de lecteurs (moi y compris) passent à côté d’un livre si la couverture ne leur plaît pas ! Mais c’est dommage, c’est comme s’arrêter à l’apparence physique de quelqu’un sans chercher à découvrir qui il est… car à l’inverse, on peut être attiré par une couverture alors que l’intérieur ne nous passionnera plus du tout. De ce fait, j’accorde davantage d’importance au titre et à la quatrième de couverture, qui pour moi, en disent bien davantage sur le véritable contenu du roman et le propos de l’aut.eur.rice.

« Bonjour, je ne m’appelle ni Paris, ni Florence, ni Toulouse ou Prague, mais Venise ! Des questions ? » Venise, ce prénom est aussi atypique que la cité est belle. Quelle est son histoire ? La ville exerce-t-elle sur vous un attrait particulier ?
J’ai répondu plus haut, je crois <3, mais oui, Venise me plaît parce que c’est une ville chargée d’histoire, très riche architecturalement, sans voitures et surtout, une cité lacustre. Ceux qui me connaissent un peu savent à quel point ce genre de lieux m’attire.

Venise sait pourquoi elle s’appelle ainsi. Pensez-vous que connaître l’histoire de son prénom participe à la construction identitaire, participe à la cohésion familiale ?
J’aime beaucoup cette question ❤ Je le pense, oui, mais c’est tout à fait personnel. J’aime le fait que mes parents aient choisi mon prénom en souvenir d’une aïeule, mais aussi parce qu’ils avaient lu un livre avec une « Nancy » qui leur avait beaucoup plu. Il y a un lien plus fort qui s’instaure et qui ancre notre identité, lorsque ce sont des histoires positives, bien sûr.

Dans votre roman, on retrouve les thèmes qui vous sont chers (la famille, la relation mère-enfant, l’amitié, les rumeurs, …), et que l’on aime trouver nous lectrices/lecteurs dans vos récits. Vous en avez ajouté d’autres tels la création, les réseaux sociaux et notamment un qui joue avec les photos. Comment vous sont-ils venus ? Comment les avez-vous abordés ?
Les premiers thèmes que vous évoquez me viennent spontanément, ils font partie de moi. Je voulais, cette fois, une héroïne différente de celles sur lesquelles j’écris d’habitude : j’ai donc réfléchi et j’ai décidé d’écrire sur une petite Venise très créatrice et couturière (ce que je ne suis absolument pas, j’ai horreur de tout ce qui ressemble de près ou de loin à une aiguille et j’admire profondément ceux et celles qui cousent et/ou customisent), et ça m’a plu de m’imaginer, l’espace d’un instant, en créatrice de vêtements ! Et puis, c’est dans l’air du temps, la customisation de vêtements, je connais plusieurs ados autour de moi qui en font, on en entend beaucoup parler, donc c’est venu assez facilement lorsque j’ai réfléchi à la personnalité de Venise. Quant aux réseaux sociaux, ils font tellement partie du quotidien des ados, que je ne pouvais pas faire autrement en 2020. C’est aussi pour cette raison que le texte a beaucoup évolué depuis 2013, car je ne connaissais pas Insta il y a 7 ans 😉

Que pensez-vous des jeunes et des réseaux sociaux ? Il paraissait inévitable de les intégrer à cette histoire.
Les réseaux sociaux permettent un autre type d’échanges ; quand ils sont bien gérés, je trouve ça formidable, porteur de sens, d’ouverture. Ce sont leurs dérives qui m’inquiètent (pédopornographie, cyber-harcèlement, addictions).

Est-ce que de vrais faits ou des expériences personnelles ont inspiré cette histoire ? Certains thèmes sont très forts : la discrimination, le deuil, les violences conjugales…
Oui, malheureusement, ce sont à la fois des faits réels et des expériences personnelles qui ont inspiré cette histoire. L’écriture permet de les réécrire, de se les réapproprier différemment et c’est formidable.

Chaque chapitre s’ouvre sur un extrait de chanson (d’hier et d’aujourd’hui). Aviez-vous dès le départ déjà toutes les chansons en tête ? Ont-elles été des axes d’écriture ?
C’est venu ensuite, lorsque j’étais dans la réécriture pour la troisième fois, et tout naturellement, parce que la musique est très présente dans ma vie.

Nous avons été très sensibles aux chansons qui accompagnent ce roman, elles collent parfaitement à chacun des chapitres qu’elles précèdent. Comment faites-vous ? La chanson guide-t-elle l’écriture du chapitre ou bien est-ce une fois l’écriture du chapitre terminé que la chanson apparaît comme une évidence ? Dans tous les cas, bravo !
Merci beaucoup ❤ En fait, c’est un phénomène assez curieux et particulier à expliquer ; je pense que les chansons que j’adore font tellement partie de moi, qu’elles guident mon écriture et mes personnages sans que je m’en rende vraiment compte… Donc, lorsque je cherche « la » chanson qui illustrera parfaitement mon chapitre, j’ai presque l’embarras du choix, tellement j’ai de possibilités, en anglais et en français, qui plus est.  Il m’arrive aussi, parfois, lorsque la chanson apparaît comme une évidence, que j’ajuste quelques lignes du chapitre pour que tout soit encore plus cohérent.

Vos personnages sont toujours très attachants. Vivent-ils encore longtemps avec vous après l’écriture d’un roman ? Envisagez-vous un « retour » un jour de certains d’entre eux ?
Merci, je suis très touchée ! Oui, je les porte encore avec moi très longtemps, mais ce qui leur permet de continuer à vivre, ce sont mes lecteurs et lectrices ❤

Venise, bises cerises était conçu au départ comme une petite série, alors, sait-on jamais ?
Merci à toutes les trois pour vos questions toujours bienveillantes, intelligentes, et qui me permettent de voir les choses sous un angle que je n’avais pas forcément perçu en écrivant ❤

Nancy sur ce blog

Avec Cécile et Blandine, nous avons aussi lu :
Le sourire du diable, Deux secondes en moins et Les mots d’Hélio.
A chaque fois, une chronique, un entretien entre lectrices et une interview.
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