Glory d’Elizabeth Wetmore

Glory d’Elizabeth Wetmore

Glory

Elizabeth Wetmore

Traduit de l’anglais par Emmanuelle Aronson

Les Escales

27 août 2020

320 pages

Ce ne sont pas les serpents à sonnettes, les mocassins d’eau et les scorpions, les plus dangereux au Texas.

Ce ne sont pas la poussière du désert, les champs de derricks, et la chaleur qui écrasent les femmes de la petite ville d’Odessa.

14 février 1976, jour de la St Valentin, Gloria, jeune américaine d’origine mexicaine de 15 ans, fait l’erreur de grimper dans la voiture d’un homme qu’elle ne connaît pas mais qui a l’air si sympathique. Le roman ouvre sur sa voix, le lendemain matin, quand elle se réveille à côté de la voiture, très mal en point. Elle a été battue et violée.

C’est un roman choral. Certains chapitres sont à la première personne, d’autres à la troisième, mais focalisés sur un personnage en particulier, toujours féminin. On progresse dans l’histoire, et donc dans le temps (de février à août) à travers des points de vue différents. Chaque femme a une vie propre, une profondeur, un caractère, bien développés, elles ne sont pas que les faire-valoir de la situation principale. Elles auraient pu être l’héroïne de leur propre roman.

La tension est extrême dès le début, retombe un peu lorsque l’on suit les pérégrinations de la très jeune Debra Ann (10 ans), que la mère a abandonnée pour fuir cette ville oppressante, mais elle remonte en flèche le jour du procès. Ah ! Il y a donc une justice dans ce monde où les femmes n’ont qu’à tenir leur place de mère au foyer, fabriquant des petits gâteaux pour leur communauté bigote, élevant leurs enfants en silence et subissant les retours alcoolisés de leur mari.

Justice ? Vous avez dit justice ? Tu parles. Elle l’avait bien cherché. Elle n’a eu que ce qu’elle méritait. Et lui, fils de pasteur, un ange fait homme. Il n’y est pour rien. Heureusement, le procès ne se déroule que sur un chapitre. Et je dis bien heureusement, parce qu’il met, évidemment, les nerfs en pelote. L’avocat de la défense retournant la situation au profit de l’homme. La seule personne à témoigner étant une femme, celle qui a accueilli la jeune fille chez elle, qui lui a sauvé la vie mais qui va elle-même devenir la cible de la méchanceté des hommes et des femmes de sa ville. On ne défend pas une mexicaine au Texas ! Je ne divulgâche rien, on s’attendait bien sûr à cette position. Rappelons que nous sommes en 1976 dans le Texas.

La brutalité du climat, l’aridité du paysage et la rudesse des gens sont à l’unisson. Sexisme, racisme sont les ingrédients efficaces de ce roman et nous rappelle que l’homme est un loup pour… la femme dans certains milieux où le manque d’éducation ne rime surtout pas avec compassion mais avec agression.

L’atmosphère est pesante et poussiéreuse, on a envie de donner un bon coup de pied dans cet embrouillamini de faux semblants. Mais on ne ferait que davantage de poussière !

Petit bémol : je ne sais pas si c’est dû à la version e-book, mais des fautes d’orthographe et surtout des tournures maladroites, trop nombreuses pour être passées sous silence m’ont fait tiquer à plus d’un endroit.

Merci à Netgalley et aux éditions Les Escales.


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois