Le goût de la viande de Gildas Guyot

Le goût de la viande de Gildas Guyot

Le goût de la viande

Gildas Guyot

Éditions In8

Octobre 2018

Lu en poche

212 pages

Âmes sensibles s’abstenir.

Ce livre commence d’abord par vous laisser dans la bouche un goût âcre, la scène d’ouverture (remarquable dans son écriture) est difficile à avaler parce qu’on vit ce que vit le personnage, on imagine très bien ce qu’il entend, ce qu’il sent, on a en bouche cette « chape grumeleuse et dégueulasse », « cet étrange magma ». D’ailleurs les 40 premières pages amènent plus d’une fois la nausée au bord des lèvres. Vraiment.

Il en faut du culot pour écrire un pareil roman (et premier de surcroît !), il ne faut pas avoir peur de faire fuir le lecteur… Parce qu’il faut avoir le cœur bien accroché sur certains passages.

Mais comme il serait dommage d’arrêter la lecture trop tôt. Ce roman est original, certes, mais surtout drôlement bien troussé. Il allie la qualité indéniable de l’écriture à l’humour noir de chez noir, l’art de conter à demi-mots à la causticité.

Hyacinthe Kergoulé est dans les tranchées, il échappe à la mort mais n’échappera plus à ce qu’elle aura fait de lui. Et il va nous dérouler le fil de sa vie tout au long de ces pages. Et on la suit avec avidité. Glauque ? Et bien non, ce n’est pas le bon terme. Dérangeant ? Sûrement. Mais surtout puissant. La culpabilité de l’homme qui revient vivant de la guerre (avec seulement un bras en moins) transpire dans tous les actes de cet homme. C’est ce que l’auteur traduit magnifiquement bien.

Un livre à conseiller à ceux qui ont le cœur solide et les boyaux bien accrochés.

Idée de lecture piochée chez Yv qui a énormément aimé. Keisha a goûté avec plaisir à cette viande-là aussi.


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