Decorum #1

Decorum #1

Alors qu'on pensait Jonathan Hickman très occupé avec les séries X-Men, le scénariste revient chez Image Comics avec une nouvelle maxi-série, Decorum, un space opera ambitieux qu'il réalise avec l'artiste complet Mike Huddleston.

Ce numéro s'ouvre sur une colonisation brutale et irraisonnée de laquelle prend naissance l'univers de la nouvelle série de Hickman. C'est alors que l'histoire de celui-ci nous est expliqué à travers des pages de données et des graphiques qui ne font pas beaucoup de sens vu qu'on découvre tout ce beau monde et que certains concepts nous sont complètement étrangers. En effet, si le procédé fonctionnait complètement sur House of X/ Powers of X ou sur The Black Monday Murders parce que, sur ces titres, il faisait référence à des concepts que nous connaissions, avec Decorum, il faut s'accrocher afin de comprendre véritablement ce qu'on nous explique.

Mais, il s'avère que le cœur de l'épisode n'est pas lié à ces explications ou cette mise en place aussi fascinante pour le travail effectué - autant par Hickman que par Huddleson - que laborieuse en terme de rythme. L'histoire s'intéresse alors à Neha, une livreuse qui va rencontrer Morley, une tueuse à gage, lors d'une course risquée mais très bien payée. Nous arrivons alors dans un contexte plus conventionnel avec deux femmes que tout semble opposer au milieu d'une histoire qui, semble-t-il, les dépasse.

Dans ces deuxièmes et troisièmes chapitres présentant ces deux femmes et les faisant se rencontrer, il y a quelque chose de plus décomplexé permettant de mieux appréhender le récit. On retrouve alors un rythme plus classique - pouvant faire penser à du Mark Millar plutôt que du Hickman - mais avec une certaine dose d'humour de la part du scénariste qui arrive à nous balancer des pages de données sur le plat que mange Neha ou sur le système d'ouverture du colis qu'elle transporte. Cela n'apporte strictement rien à part une dose d'auto-dérision qui ne vient pas gâcher le rythme de l'histoire. Je pense même que cela apporte quelque chose à l'ambiance générale du titre.

Hickman n'est pas spécialement connu pour son écriture des personnages mais plutôt pour sa mise en place de systèmes complexes. Pourtant, il a un savoir faire qu'il ne faut plus démontrer (la relation entre Human Torch et Spider-Man, celle entre Sunspot et Cannonball). Et de ce point de vue-là, j'ai toujours trouvé qu'il écrivait mieux les femmes que les hommes à qui, sauf quelques exceptions, il leur donne souvent des archétypes précis. On se rappelle tous comme il a mis en valeur Valeria Richards, comment il a donné une voix moins générique à Moira MacTaggert, et la tension pendant le face à face de cette dernière avec Mystique, ou encore Grigoria dans The Black Monday Murders. Ici, c'est bien parti pour que ça soit le cas, Neha est jeune et enjouée quant à Morley, elle a les meilleures lignes de dialogue de l'épisode. Je suis assez surpris d'avoir un quelconque attachement pour plusieurs personnages dans un nouveau comic book écrit par Hickman mais cela n'est pas une sensation désagréable.

Mike Huddleston est un artiste talentueux (je vous invite à lire The Coffin par exemple) qui s'occupe autant des dessins que de la colorisation donnant un travail assez atypique. La première partie (la colonisation) présente plusieurs types de colorisation avec d'un côté de la peinture type aquarelle et une palette de couleurs rappelant le travail de Dean White mais il y a une alternance avec des cases en noir et blanc et seulement quelques aplats. L'épisode repose essentiellement sur un effet monochrome avec des touches de couleur qui mettent en avant des éléments précis soit pour donner de l'importance mais aussi du mouvement ou de la grandeur. Le travail est complètement fou me laissant croire que nous avons là ce qui pourrait être le plus joli comic book de l'année.

Decorum #1


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