Les maris des autres – Judy Astley

Les maris des autres – Judy Astley


Les maris des autres
Judy Astley
Édition Milady,
2012
Traduit par Leslie
 Damant-Jeandel
379 pages

Genres : Contemporain, 
romance

Résumé:

Sara n’est qu’une jeune étudiante lorsqu’elle épouse Conrad, peintre renommé et sensiblement plus âgé qu’elle. Des années plus tard, les mises en garde de sa mère semblent justifiées. Dans l’intérêt de sa femme, Conrad décide qu’il mettra fin à ses jours avant de devenir sénile, et adopte une attitude pour le moins étrange. Devenue professeure d’art, Sara est entourée d’hommes plus jeunes. Ce sont les maris des autres, des amis, rien de plus… à moins que l’avenir n’en décide autrement.

Mon avis :

Je suis incapable de me rappeler pourquoi j’ai acheté ce livre qui trainait dans ma pile à lire depuis 7 ans déjà, d’autant qu’en lisant le résumé les rares fois où je songeais à l’en sortir ça ne m’inspirait pas du tout et je pensais même me débarrasser du livre sans l’ouvrir, puis finalement après ma relecture de « Wild » qui est assez fatiguant émotionnellement j’avais besoin de quelque chose de très léger et c’est le premier titre qui m’est tombé sous la main.
J’étais confiante pendant une bonne moitié du livre pour en fin de compte en sortir très mitigée…

Conrad est un peintre reconnu et à succès, il est entouré par sa femme aimante, Sara, est devenu récemment grand-père, et malgré ses 69 ans il est encore en bonne santé, mais il ne veut plus vieillir, il a peur de devenir gâteux, d’être un poids et il a donc décidé de mourir avant de fêter son prochain anniversaire.
Ne se doutant pas des projets de son mari, Sara, en le voyant faire des choses insensées, se demande juste s’il n’est pas devenu complètement givré et commence à s’inquiéter, d’autant que les deux filles adultes du couple, dont l’une venant d’avoir un bébé, sont revenues vivre à la maison, suivies par la sœur et le neveu de Sara, qui ramènent tous leurs propres problèmes, mais il y a aussi la meilleure amie de Sara qui n’arrange rien avec son aventure extraconjugale et qui éveille les soupçons de son mari qui vient à son tour demander l’aide de Sara, Sara qui elle-même est tentée par Ben, un journaliste avec lequel l’alchimie est évidente, en bref, c’est le foutoir le plus complet !

Je sens que j’en ai paumé quelques-uns avec mon résumé nul mais le livre n’est pas si compliqué à suivre et toutes les intrigues n’ont pas la même importance. Et ce qui concerne Conrad n’est pas aussi sinistre que je peux le laisser penser, le roman n’a rien de déprimant, au contraire, malgré certains thèmes difficiles abordés, le texte n’a rien de sombre, il traite tout ça de manière très (trop) (j’y reviendrai) légère, c’est évoqué comme on évoquerait n’importe quel sujet et du coup ce n’est pas un livre qui plombe le moral. Après, ce n’est pas non plus un roman qui amuse beaucoup, je l’ai lu en le trouvant globalement sympa mais il ne casse pas des briques pour autant et ça pour deux raisons ; la superficialité de l’intrigue et les personnages qui se rapprochent plus de coquilles vides que de protagonistes développés et attirant l’empathie.
Dans toute cette galerie il n’y en a aucun qui est véritablement creusé ou ayant une personnalité marquée, si on exclut l’extravagance de Conrad les autres sont plus ou moins interchangeables et du coup cela m’arrivait de les confondre les uns avec les autres, voire d’oublier qui était qui, on peut limite les classifier en trois catégories ; les caractères de merde, les sex-interest et / ou les infidèles et les faire-valoir, et les bouger d’une catégorie à une autre sans qu’ils n’évoluent en fin de compte, pour certains on peut même de parler de régression, et le pire étant qu’ils obtiennent ce qu’ils voulaient après avoir fait des conneries et sans en avoir pâti parce que c’est le pouvoir de l’amour et des sourires, bref c’est trop facile et trop bancal.
A la rigueur, que les personnages soit fades ça aurait pu passer si le texte avait été plus approfondi, surtout que l’autrice donne l’impression de vouloir donner du fond à son histoire ; Conrad qui rejette la vieillesse et cherche un moyen de mourir, Cassie (une de ses filles) qui a un enfant en étant encore étudiante et qui se retrouve seule après avoir quitté son compagnon, Sara qui pense que son mari devient sénile et s’angoisse…, on ajoute quelques réflexions féministes par dessus et ça faisait une bonne base qui me laissait de l’espoir pour la suite mais finalement rien ne va bien loin, la psychologie de Conrad n’est pas plus explorée que celle des autres personnages, la période de monoparentalité de Cassie ne pose aucun gros problème, Sara n’a pas l’air plus affectée que ça, bref tout est trop simple, trop superficiel, trop facilement résolu, les obstacles rencontrés ne sont que très peu problématiques et surtout, plus on avance dans la lecture plus le côté progressiste se transforme en conservatisme un poil réactionnaire quand on voit les réflexions au sujet du couple, du sexe, et du reste, ça m’a donné l’impression que l’autrice s’était fichue de nous au début (ou alors qu’elle avait été remplacée par quelqu’un d’autre à l’écriture), très étrange.
Et je l’évoque rapidement mais dans le genre rétrograde on trouve aussi le seul personnage gay du livre qui est le cliché de l’homosexuel maniéré et obsédé par le cul, quelle belle représentation…

J’aurais voulu contrebalancer ces gros reproches par quelques points positifs parce que je n’ai pas non plus détesté ce livre, je l’ai même assez apprécié, mais je l’ai surtout apprécié dans le sens où il m’a fait passer le temps, que ce n’était pas prise de tête et que c’était ce que je cherchais au départ mais à part ça, ce qui promettait au début du livre ne s’est pas concrétisé, et Judy Astley est tombée dans la facilité.

En lisant les 100 premières pages et voyant les mauvaises notes que le livre avait reçu sur Livraddict et Babelio je m’attendais à être une des rares à en dire du bien et finalement non, je partage franchement la déception des autres lecteurs, c’est complètement passé à côté de son sujet et il n’y a pas de grande qualité qui peut me faire dire que ça vaut le coup de lire ce livre.


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois