The Resistance #1

The Resistance #1

Un nouvel éditeur rentre dans la course. Il s'appelle AWA Studios et il est dirigé par deux anciens éditeurs-en-chef de Marvel Comics. Il ne suffisait alors que d'un comic book au pitch intéressant pour nous donner envie de nous plonger dans l'aventure. Il s'appelle The Resistance, il est écrit par J. Michael Straczynski et dessiné par Mike Deodato Jr et nous plonge dans un contexte qui n'est pas sans rappeler le notre en ce moment.

AWA Studios est un nouvel acteur dans l'industrie des comics et, j'espère que la pandémie mondiale qu'on connaît actuellement ne mettra pas un terme à son activité de manière si prématurée. Ce qui serait d'ailleurs sacrément sardonique lorsqu'on sait que son premier titre phrase [ The Resistance, donc - NdR] parle d'une pandémie mondiale qui chamboule complètement notre société.

Avant de m'intéresser au sujet et comment il est traité, je vais m'attarder sur l'éditeur qui est la création de trois hommes, Jonathan Perkins Miller, venant de Fandom, un wiki regroupant des pages très détaillées sur des univers/séries [j'utilise très régulièrement celles sur Marvel et DC - NdR], mais aussi deux anciens éditeurs-en-chef de Marvel Comics, Bill Jemas et Axel Alonso, connus pour avoir remué les petites habitudes de la Maison des Idées, l'un avec un ton plus mature ( Ultimates, New X-Men...) l'autre pour avoir importé une tonalité plus indépendante ( Hawkeye) et avoir privilégié la diversité. Autant dire que les deux réunis donnent envie même si AWA n'a pas la volonté de jouer sur les plates bandes de Marvel, DC, ou Valiant avec un univers partagé. Les quelques titres sortis semblent plutôt vouloir rivaliser avec feu Vertigo. Il ne reste que le label Upshot de l'éditeur va proposer des titres super-héroïques partant des bases que The Resistance est en train d'installer. Et, après lecture de ce premier épisode, cela donne envie de s'y intéresser.

Dans ce premier épisode, une pandémie mondiale décime rapidement des millions de personnes. Les Gouvernements ne savent plus quoi faire, la mise en quarantaine des patients ne suffit pas, le confinement n'est pas assez efficace... Pendant ce temps-là, la population semble désemparée : suicides collectifs, rumeurs de conspiration, montée de violences et de crimes... La société est au bord de l'effondrement. Et, un jour, la maladie disparaît miraculeusement laissant derrière elle des gens dotés de super-pouvoirs.

Sorti le 18 mars dernier, soit quelques jours avant le confinement en France, la lecture de ce premier épisode était quelque peu étrange. Beaucoup de choses rappelaient ce que nous vivions - notamment sur les délires conspirationnistes d'une frange de la population - et, avec du recul, d'autres événements lus dans cet épisode se sont produits (l'un des scientifiques nous sonne un peu comme le Professeur Raoult par exemple). Ainsi, on peut dire que J. Michael Straczynski a fait une merveilleuse - mais inquiétante - étude de notre société pour écrire ce qui arriverait en cas de pandémie. Mais, le virus XV1N1 du livre est plus mortel et radical que notre COVID-19, ainsi certaines décisions sont plus extrêmes et sombres. Mais, le scénariste nous montre tout cela depuis les coulisses tout en créant un petit pathos élégant pour nous faire comprendre que les décisions ne sont pas gratuites ou ne sont pas prises par des politiques froids et méchants.

L'épisode repose essentiellement sur le portrait de la Société affectée par un tel virus, les événements s'enchaînent nous montrant comment elle est modifiée et comment l'horreur fait appel à l'horreur. C'est absolument remarquable.

Ce n'est seulement qu'à la fin que le scénariste commence à poser les jalons de son histoire super-héroïque recentrant l'intrigue sur des personnages qui vont certainement devoir s'unir pour faire résistance à la prise de pouvoir de l'extrême-droite à travers le Monde. En tout cas, cela donne envie de découvrir la suite... lorsque notre pandémie à nous nous le permettra.

En tout cas, même si le pitch pourrait nous le faire rappeler, il ne semble pas que Straczynski joue sur le même tableau que Rising Stars, son autre série de supers parue chez Top Cow au milieu des années 90, ou même que Sense8, série télé qu'il a co-créé avec les sœurs Wachowski, mais on sent la patte de l'auteur, c'est indéniable. Mais sa volonté est clairement d'installer du super-héroïsme dans un monde qui nous ressemble donnant une impression de renouveau. Pourtant le choix de Mike Deodato Jr. aurait pu porter préjudice à cette intention, mais le script se veut peut porter par l'action et, mine de rien, le style du dessinateur s'y porte très bien. Certes, on s'amuse un peu à savoir quel acteur ou quelle actrice a inspiré tel ou tel personnage (il y a Vincent Cassel et Ed Harris dans le tas) mais le découpage donne quelque chose assez élégant à l'ensemble. C'était donc un très bon choix.

The Resistance #1

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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois