Einstein, le sexe et moi d’Olivier Liron

Einstein, le sexe et moi d’Olivier Liron

Cette histoire, tout le monde la connaît. Déjà parce que celui qui l'a vécue mérite toute notre admiration : gagner les 50 000€ à Questions pour un champion, ce n'est pas donné à tout le monde ! Et aussi parce qu'il en a fait un roman qui a connu un grand succès, Einstein, le sexe et moi.

Voici la quatrième de couverture : Top ! Je suis un garçon fougueux, normalien et autiste Asperger. Mon enfance n'a pas toujours été rose à cause de ma différence. Je suis fasciné par les dates et calcule le produit de 247856 par 91 pour m'endormir. En 2012, j'ai participé à l'émission Questions pour un champion, une expérience libératrice. Entre deux épreuves, je trempe toujours une madeleine dans du coca... Je suis... Je suis... Olivier Liron ! Oui ! Einstein, le sexe et moi d’Olivier Liron

Dans ce court roman, nous suivons l'auteur-narrateur tout au long du jeu de Julien Lepers. Au fil des questions, des réflexions qu'il mène en son for intérieur pour donner ses réponses, Olivier Liron nous invite à entrer dans son univers, dans ses pensées, dans son passé.

Un passé qui est tout sauf tendre. Autiste Asperger, Olivier se présente tout de suite comme quelqu'un de différent, mais pas de malade. Et pourtant, il sera stigmatisé une bonne partie de sa jeunesse. Je crois que c'est ce qui m'a le plus touchée. En nous offrant un tel texte, Olivier Liron nous dévoile le point de vue de toutes ces personnes désignées comme différentes, mais lui réussit à mettre des mots là-dessus. Nous devenons alors les spectateurs d'une vie dans laquelle nous avons pu ou nous pourrions être acteurs, mais cette fois, nous sommes de l'autre côté et nous percevons la souffrance que nos comportements engendrent. Bon, je vous l'accorde, c'est peut-être propre à ma vie d'enseignante, mais j'ai trouvé cela aussi touchant qu'enrichissant.

De cet isolement naît une colère lancinante qui donne envie au héros de tout casser, de tout déchirer, mais aussi de renforcer les barrières de la forteresse qu'il s'est construite et dont il est le seul prisonnier. Une prison d'une telle solidité qu'elle enferme son esprit en-dehors de son corps, qu'il ne comprend pas, même s'il le maîtrise correctement. De cette forteresse, le personnage rêve de sortir, mais n'aspire qu'à la retrouver quand il est agressé par le monde extérieur.

Au-delà de ce récit qui relate une certaine forme de violence, le texte d'Olivier Liron est plein d'humour, dû à ce décalage bien sûr, mais aussi, et surtout, à ce regard qu'il porte sur les autres, ceux qui sont différents de lui mais qui le rejoignent dans la combativité, dans la compétition. On sourit beaucoup face à ses mots, à ces questions du jeu, aux réactions qu'il croit comprendre des candidats et même de Julien Lepers.

Et puis, on admire aussi... Forcément ! On admire une telle somme de connaissances précises sur des domaines aussi variés, une admiration en partie donc portée à la différence d'Olivier Liron, qui lui fait prendre un certain plaisir à apprendre des listes, à faire défiler des pages Wikipédia... Toutes ces choses qui font qu'il est considéré comme bizarre... L'être humain est vraiment retors quand même !

Vous l'aurez compris, j'ai passé un agréable moment de lecture avec ce roman que j'ai dévoré en une soirée. Ce n'est pas une question de style (encore que...), c'est surtout son immense dimension humaine qui m'a touchée.

Et vous, l'avez-vous lu ? Qu'en avez-vous pensé ?

Priscilla


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