L’interdépendance t1 : L’effondrement de l’empire – John Scalzi

L’interdépendance t1 : L’effondrement de l’empire – John Scalzi

Ça y est.

Après deux-trois-cinq mois de mouise totale devant des lectures pas foli-foli, j'ai repris du poil de la bête sur la lecture loisir (on remercie les relectures confort-doudou qui font du bien, on remercie Stieg Larsson, on remercie Millenium, on remercie la Suède et ses brioches à la cannelle).

J'ai donc lu un roman SF, pour changer, car vous ne me croirez peut-être pas, mais j'avais grandement envie d'évasion en ce moment. Et dans un sens, le machin a réussi son pari : me faire voyager et oublier un tant soit peu les 4 murs de mon chez moi.

Premier tome d'une toute nouvelle saga space opera,

éditée chez L'Atalante, L'effondrement de l'Empire a ce petit côté efficace de la lecture qui fonctionne plutôt bien : pas trop de descriptions alambiquées, un world-building plutôt clair et des personnages attachants, le tout enveloppé dans une jolie intrigue politique.

Mais je vais être honnête, je n'ai pas été extatiquement enthousiasmée pour la simple et bonne raison que ce premier tome se révèle ultra introductif, et... parfois même répétitif. Si on compte que l'histoire n'est pas d'une folle originalité (un empire qui s'effondre, des guildes puissantes de marchands qui veulent prendre le contrôle dans un ultime sursaut de survie,... ça m'a beaucoup rappelé Fondation d'Asimov) et le temps pris à développer le récit, on se retrouve aux 100 dernières pages à comprendre enfin les gros enjeux tout en sachant qu'ils ne seront développés que dans le second tome.

Second tome que je n'ai naturellement pas et que je ne pourrais me procurer avant un petit moment.

L’interdépendance t1 : L’effondrement de l’empire – John Scalzi

J'vais pas vous mentir, cette écriture serial, cette manière très énervante de transformer les tomes en de petites pièces de puzzle qui ne peuvent pas du tout fonctionner ni exister sans les suites, a tendance à gâcher mon plaisir de lecture. Si je m'investis dans un livre, j'aime avoir le sentiment d'avoir fait un voyage, pas d'être restée coincée à l'embarquement pendant plusieurs heures avec la promesse d'un départ à la seule condition d'acheter un autre billet.

Deux petites détails absolument kiffants sont à noter

1/ Le fait qu'on reconnaisse ici que les voyages spatiaux à la Star Wars c'est du BULLSHIT de fond en comble.

Que c'est impossible

Impossibile da fare

Tout simplement parce qu' on ne peut pas tricher avec la notion du temps ni jouer avec comme un élastique, ni encore faire passer un voyage spatial qui nécessite 100 ans pour un aller-retour de la chambre à la salle de bain.

John Scalzi construit donc son univers autour d'un enjeu follement important (et malin) : le fait que l'Empire de l'Interdépendance (et ses planètes) est totalement dépendant du Flux - un réseau de courants spatiaux qui permettent de faire des voyages rapides entre les planètes mais incontrôlable par l'espèce humaine - pour pouvoir se déplacer. Autant vous dire que toute l'économie, tout le fonctionnement politique et la sauvegarde des 48 systèmes stellaires dépendent entièrement et viscéralement de ces canaux et que si ça merde, impossible de le réparer.

Naturellement...

couille dans la soupe

le Flux commence à merder.

Gravement. Et c'est ce que j'ai beaucoup aimé : tout l'enjeu se résout à un problème technique et naturel que les humains ne peuvent ni réparer, ni changer et qui montre toute l'étendue de leur vulnérabilité malgré la batterie d'avancées technologiques possédées.

De là va découler de nombreuses interrogations : Comment certains vont pouvoir sortir leurs billes pour profiter de la situation ? Comment d'autres vont tenter de trouver une solution ? Comment réguler une panique intersidérale ? Comment sauver les milliards d'êtres humains menacés d'abandon et donc de mort ? etc.

Ultra passionnant. Si seulement ce tome n'avait pas été si introductif et avait déjà commencé à rentrer dans le vif du sujet...

L’interdépendance t1 : L’effondrement de l’empire – John Scalzi

2/ Langage inclusif et parité !

John Sclazi prend un immense soin à être inclusif et ça fait ultra plaisir.

Cela passe naturellement par la représentation des personnages

féminins.

S'ils manquent parfois de ce petit plus dans leur traitement (enfin pour l'instant hein, qu'est-ce que j'en sais puisque... roman introductif... frustration... VOUS AVEZ COMPRIS), il faut reconnaître à John Scalzi une réelle volonté à représenter la parité.

Déjà, le ratio personnage féminin-masculin, c'est kif-kif bourricot (on aura pas à sortir notre test de Bechedel et c'est tant mieux). Puis, les personnages féminins sont particulièrement bien traités.

No sexism, No tits, No nude, No " demoiselle en détresse ", No Ultra Bad-Ass Female Because It's Fashionnable.

L’interdépendance t1 : L’effondrement de l’empire – John Scalzi

Politiciennes, capitaines de vaisseau, gardes du corps ou encore emperox (nom neutre et inclusif pour désigner le.la souverain.e de l'Empire, et C'EST COOL. Inventons plus de mots !), les femmes ont une place très importante dans les différentes strates du système, au même titre que les hommes du roman, et ne sont pas dominées par leur sexualité. Ici d'ailleurs les préférences sexuelles sont totalement assumées et libres et, à aucun moment, la narration ne montre une quelconque surprise sur ces libertés. Tout va allant de soi.

A ça s'ajoute un ton oral, couillu et gouailleur, révélant des joutes verbales assez délicieuses (et bien écrites) qui amène une vraie touche de grivoiserie : les femmes du roman parlent comme vous et moi (surtout moi), avec des " merde ", " putain " ou encore " le respect je l'emmerde ". Autant vous dire que ça a pourvu grandement à l'attachement que j'ai eu pour ces héroïnes " atypiques " (qui un jour, on l'espère, ne seront plus si atypiques dans la littérature *fingerscrossed*).

Merci John Scalzi pour ça.

Voilà

Moi, je n'ai plus qu'à espérer de n'avoir rien oublié de ce récit quand sera venu le temps de lire la suite... !

Portez-vous bien et restez à l'affût, car...

Mimine is baAAaack !


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois