Chroniques du pays des Mères par Elisabeth Vonarburg

Chroniques du pays des Mères par Elisabeth Vonarburg

Editions Alire

628 pages

Paru en 1999 (initialement en 1996)

Reparu en 2019 chez les éditions Mnemos

Quatrième de couv’ :

Au Pays des Mères, quelque part sur une Terre dévastée du futur en train de se remettre lentement, les hommes sont très rares. Seules les Captes des Familles ­ les Mères ­ font leur enfantes avec les Mâles. Les autres femmes doivent utiliser une forme hasardeuse d’insémination artificielle.
Lisbeï et Tula ne s’en soucient pas trop : filles de la Mère de Béthély, elles grandissent ensemble, soeurs et amies. Mais Lisbeï se révèle stérile ; ne pouvant être la Mère comme elle en avait rêvé, elle doit quitter Béthély, et Tula.
Devenue « exploratrice », elle accomplira un autre de ses rêves : découvrir les secrets du lointain passé du Pays des Mères. Mais certains rêves sont difficiles à vivre…

Mon avis :

Depuis le temps que j’en entendais parler de celui-là :

  • L’intrigue :

Lisbeï est une petite mosta de 5 ans, très isolée à la garderie jusqu’à l’arrivée de Tula qui va bouleverser son monde. Lisbeï et Tula seront fusionnelles et ce pendant plusieurs années jusqu’à la séparation obligatoire quand les fillettes grandissent. Lisbeï devait être la future Mère de Béthély mais son premier sang n’arrive pas et c’est un tout autre destin qui l’attend, dans la ville de Wardenberg.

  • Le fonctionnement du monde :

On se trouve dans un monde matriarcal, les hommes naissent de manière très sporadique et n’ont d’autre office que celui de reproducteur. Les femmes s’occupent de tout dans les Familles (cités), exploitant la force des hommes pour des travaux très durs et encore.

Ces Familles ou Lignées, sont toutes dirigées par une Mère (ou autrement appelée Capte). En Litale, les Familles sont plus ou moins traditionnelles et croyantes dans la parole d’Elli et le monde est construit de façon à diviser les différentes catégories d’âges. Quand les femmes accouchent, leurs bébés partent directement en nurserie puis arrivés à un certain âge, les enfants descendent dans des garderies elles aussi divisées selon l’âge. A partir de 7 ans, on devient une dotta (fille) c’est la garantie que la mort infantile ne pourra plus survenir (ou presque). Cette séparation des mères et des enfants est expliquée par la très forte mort infantile, les femmes ont l’obligation de faire des enfants tous les 2 ans jusqu’à la fin de leur fertilité et on fait en sorte qu’elles ne s’attachent pas à ces enfants dont peu survivent. On apprend que certaines Familles appelées Progressistes seraient plus enclines à laisser la race humaine s’éteindre a contrario des Croyantes et des Juddites.

En plus d’une catégorisation par âge il y a celle des couleurs, en tant qu’enfant on est en vert, les humaines (hommes et femmes) en rouge sont celles qui sont fertiles et les bleues sont infertiles. Cette dernière couleur est finalement celle de la liberté où on est dégagé des obligations et où on peut faire des études pour explorer d’autres carrières de vie.

Dès l’ouverture du roman, on ne peut passez à côté du texte en lui-même dont la grammaire est entièrement tournée au féminin comme neutre, le coup est facile à prendre et ne pose aucune difficulté, j’ai eu la même interrogation pour les chevales au lieu de juments comme Lutin mais en y réfléchissant bien, je me dis que chevales permet un neutre réel alors que juments on n’imaginerait que…des juments… au final, comme quoi c’est bien trouvé ^^

  • SF Féministe ?

Je dirai que…pas du tout….mais ça dépend du lieu.

Les femmes sont dans l’obligation de procréer jusqu’à ménopause ou mort en couche, ce n’est pas franchement féministe. Finalement, cette touche révolutionnaire vient de réflexions….d’hommes comme Dougall ou Toller qui n’ont pas le choix quand ils sont des rouges de partir de Famille en Famille pour la reproduction et de femmes comme Fraine qui s’insurge de ces enfants à faire au risque de sa vie. Lisbeï est stimulée aussi par ces échanges qui la font réfléchir au pourquoi les hommes ne sont pas dans des fonctions élevées alors que la parole d’Elli clame que toutes les humaines sont égales…ça vous rappelle quelque chose ? ^^

En bref, ce fut une lecture longuette je l’avoue, j’ai préféré sa préquelle Le silence de la Cité qui se déroulait juste après le Déclin et avait plus de rebondissements, là c’est plutôt l’histoire d’une vie qui se déroule lentement et son évolution d’enfant à femme mûre, ne cherchez pas d’action dans ce livre, c’est surtout un roman de réflexion qui est notre monde inversé.

D’autres avis chez : LutinVertOrion,

Bonne lecture !


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois