J'AI UN TEL DESIR (Marie Laurencin et Nicole Groult)

Par Marjogch

Françoise Cloarec

Ce livre passionnant, très documenté, à la fois " une biographie, mais aussi un livre d'art" , nous invite à un beau voyage à travers les époques, la littérature, la poésie, la peinture, la musique et la mode.

Dans un contexte historique et social, "la Belle Époque" , les années 1910-1914, sont celles d'une fête perpétuelle, une sorte d'apothéose. Mais cette époque n'est pas si pour tout le monde, "Belle" une société très inégalitaire, c'est celle de la bourgeoisie triomphante, un âge d'or pour les créateurs.

Le destin de deux femmes, amoureuses, fortes, indépendantes, talentueuses qui ne se soucie nt d'aucune morale sauf la leur. Elles sont hors conventions, elles sont transgressives, elles ne veulent se soumettre à la volonté d'un mari, s'oublier pour le bonheur du couple.

Nicole Groult, évolue dans le milieu de la mode , sœur de (le couturier qui a libéré les femmes du corset...) elle Paul Poiret crée sa maison de haute couture, elle est une personnalité brillante et volontaire, elle travaille ce qui est mal vu, et même scandaleux dans le milieu d'où elle vient, "Pour Nicole, une femme moderne doit travailler, avoir un métier, ne pas dépendre d'un homme".

Marie Laurencin, indépendante, fidèle à elle-même, suit son chemin de peintre, associée aux mouvements d' avant-garde. Libre de ses choix amoureux et artistiques. Elle n'imite personne, elle tient sa place avec la difficulté d'être femme, artiste dans un milieu d'hommes.

Marie et Nicole se sont émancipées des di k ta t s sociaux, elles sont complices sur tout, elles se voient, parlent, échangent sur leurs vies. Elles sont " modernes ", profitent du foisonnement intellectuel et artistique du moment sans se douter du cataclysme qui arrive. Leur monde est celui des couleurs, des tissus raffinés, des dentelles, des rubans.

Dans leur sillage, nous revivons la vie mondaine, créative de cette époque, Paris attire les peintres, les écrivains étrangers, de Montmartre à Montparnasse, les mouvements artistiques divers qui cohabitent. Les amours de Marie avec Guillaume Apollinaire,

Mais la grande histoire s'invite, la mort de l'héritier de l'Archiduc d'Autriche en ce mois de juin 1914 f ait basculer le monde, la machine infernale est en route, le 31 juillet Jean Jaurès est assassiné à Paris, le 1 août c'est la mobilisation générale.

J'avoue que je ne connaissais pas du tout l'œuvre de Marie Laurencin, je suis allée faire des recherches, sur ses peintures pour me faire une idée. J'ai appris aussi que le merveilleux poème d' Apollinaire " Sous le pont Mirabeau " avait été écrit pour Marie. Une lecture agréable, dans cette période difficile à vivre, une évasion dont nous avons besoin.