Campagne (8)

Tim grimpa dans sa vieille guimbarde et entreprit de rejoindre le village. Il ne pouvait pas rouler trop vite, il eut donc tout le temps d'admirer le paysage environnant. L'Occitanie s'avérait riche en végétation. Il pensait trouver des collines écrasées de soleil mais c'est tout le contraire qui s'étendait sous ses yeux. Il admirait les collines aux pierres apparentes, les arbres méditerranéens, le thym, le romarin et les lavandes. Les cigales chantaient et couvraient le bruit des oiseaux par endroit. Le soleil caressait sa peau, il sortit ses lunettes de soleil et ouvrit grand les fenêtres de l'auto. Un sentiment de liberté l'envahit. C'est ça alors la vie dans le Sud ? Il entra lentement dans le village fit un signe de la main à Will qui était entrain de garer sa voiture et s'arrêta devant sa porte. Il entreprit ensuite de vider toute sa voiture. Son ancienne vie tenait dans une simple voiture. Il sortit des vêtements, des chaussures, des écrans, des consoles de jeux, son ordinateur et quelques souvenirs personnels. L'annonce qui vantait les mérites de sa location précisait que le logement était meublé et bien équipé, il avait donc pris seulement l'essentiel. Une fois que tous les cartons furent descendus, il alla garer sa voiture correctement, croisa à nouveau Will qui se rendait à la salle communautaire qui servait de mairie, de poste, de pharmacie, de bureau de tabac et d'épicerie de secours.

Vider les cartons ne fut pas une mince affaire. Il rangea les vêtements dans les placards, essaya de trouver une place pour chaque écran, installa la télé et fit un brin de ménage. Il était entrain d'enrager pour brancher la télévision quand son ventre se mit à crier famine. Il regarda l'horloge qui lui indiqua 13h30. Il n'avait pas vu le temps passé, occupé qu'il était à se construire un nid douillet. Le frigo était aussi vide que son ventre, la télé ne fonctionnait pas et au vue des auréoles sur son tee-shirt, il devait être entrain de se déshydrater gravement. Il fallait se rendre à l'évidence, une expédition en ville était de mise. Il entreprit de faire une liste du nécessaire : de la nourriture, mais aussi des produits d'hygiène, un téléphone fixe et autre vinrent remplir le petit bout de papier. Avant de se rendre en ville, Tim prit une rapide douche et voulut passer à la salle communautaire. Il se dirigea donc d'un bon pas vers la petite salle et y trouva Rissou, Will, une des vieilles dames qui avaient assisté à la partie de pétanque désormais mythique et une autre qui se trouvait derrière le comptoir et devait être la gérante de ce lieu de vie. Tim lança un bonjour tonitruant et les autres lui répondirent d'une seule voix.

" - Dites, je vais faire quelques courses et faire changer mon pneu, vous me conseillez d'aller vers Narbonne ou Carcassonne ? "

Tous les regards se tournèrent vers lui. Et ce qui lui arriva ensuite dépassa totalement le pauvre Tim. C'est ainsi qu'il se retrouva sur la route de Narbonne avec 5 listes de course différentes. En effet, en entendant que Tim allait en ville, les autres habitants lui demandèrent de faire quelques emplettes pour eux afin de ne pas avoir à faire le trajet. Le jeune homme n'ayant pas osé refuser la première demande, les autres s'engouffrèrent dans la brèche et lui sautèrent dessus avec leurs petits papiers. On aurait dit qu'ils le savaient et qu'ils lui avaient tendu un guet apens. Alors qu'il se dirigeait vers sa voiture Rissou l'avait d'ailleurs rattrapé en courant et lui avait glissé une recommandation " Pour le pastis, tu prends bien du Ricard hein ? Pas autre chose ! Le reste c'est du pissagno. "

Campagne (8)

Blogueuse, instit, grande fan de livres, je vous fais partager mes humeurs sur mon blog: https://aufildesplumesblog.wordpress.com Voir tous les articles par Amandine Au Fil des Plumes


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois