Chronique : Clair obscur – Lily Haime

Gwenn a deux rêves, la danse et Sevan. Après avoir réussi ses auditions à la célèbre Julliard School, il prend sa voiture malgré les conseils de son meilleur ami et roule jusqu’à chez Sevan. Gwenn a l’arrogance de ses dix-sept ans, la prétention des sentiments. Sevan a vingt-quatre ans ; militaire de carrière, il est sur le point de quitter Portland pour se marier. Gwenn repart en cachant ses larmes, démarre trop vite, prend la fuite en faisant déraper les roues de sa Jeep. Une seconde d’inattention et un chauffard ivre… Un arbre au bas d’une pente… Sept ans plus tard, Gwenn est un jeune homme qui n’a plus rien à voir avec l’adolescent qu’il a été, ce rêveur aux grandes ambitions. Professeur de danse, propriétaire d’un bar en chantier, fils, frère, ami et tonton, il a appris à composer avec une vie différente de celle qu’il pensait mener. Si ses espoirs ont foutu le camp, s’il reste cabossé et rafistolé, il ne cache pas ses cicatrices. Quand Sevan revient à Portland, Gwenn a appris à le haïr pour ne plus l’aimer.

Chronique : Clair obscur – Lily Haime

J’ai toujours entendu beaucoup de bien des histoires de Lily Haime mais je n’en avais encore lu aucune. Après ma lecture, au moins une chose est certaine : Clair obscur est mon premier livre de l’auteure mais certainement pas le dernier !

J’ai eu un réel coup de cœur pour ce roman au sein duquel j’ai plongé très rapidement et qui ne m’a pas laissée indemne.

Clair obscur est exactement le genre de lecture dont j’avais besoin et que j’avais envie de retrouver à l’instant où je l’ai débutée : une histoire d’amour qui prend aux tripes, avec des personnages écorchés, aux fêlures cachées par des carapaces qui ne demandent qu’à s’ouvrir. J’avais besoin de lire de l’amour, des sentiments, des émotions fortes. Et l’auteure m’a offert un amour puissant, sincère, infini.

L’amour, je l’ai d’abord ressenti à travers le personnage de Gwenn, un jeune homme qui a vu ses rêves voler en éclat lorsqu’il avait 17 ans. La vie n’a pas été tendre avec lui, elle l’a souvent malmené. Ses souffrances l’ont construit et ont bâti son caractère désormais bien affirmé. Gwenn est passionné, passionné par la danse dans laquelle il se donne corps et âme. C’est aussi un homme qui, lorsqu’il aime, le fait de tout son être. Pas de demie mesure avec ce garçon auquel il est impossible de ne pas s’attacher : que ce soit le gamin de 17 ans, fou amoureux, que l’homme qui s’assume plusieurs années plus tard et qui ne recule devant rien. Gwenn est fougueux, indomptable, profondément aimant. Indomptable, Sevan l’est aussi. Cet arménien a su me charmer malgré sa personnalité froide et fermée. J’ai aimé la relation assez improbable entre les deux protagonistes.

«  Mais j’avais compris depuis le temps que je n’étais qu’un humain – l’une de ces six milliards d’âmes errantes dans un monde parfois complètement insensé. J’étais un homme ordinaire qui hébergeait au fond de lui un gamin qui avait eu l’audace de rêver. »

Cette relation est fusionnelle, passionnelle, électrique, sensuelle. Elle nous transporte, au rythme de la musique et des pas de danse de Gwenn, à la langueur des mots qui quittent les lèvres de Sevan en arménien.

« Ca hurlait en moi, ça me bouleversait, ça faisait du bruit. Ca me foutait à l’envers. C’était fort et fou. Chaotique et tumultueux.
Sensuel comme un tango, effréné comme un charleston.
Ce qu’il me faisait ressentir était une danse au bon rythme, à la bonne mesure, lancinante.
Il y avait cette fureur et cette sauvagerie tapies en lui. Cette beauté. »

Ensemble, les deux hommes vont se reconstruire. Ils vont avancer, tourner la page. Ensemble, ils vont apaiser leurs craintes, leurs peurs. Ils vont s’ouvrir, se faire mal à nouveau, se retrouver, s’aimer. Ils vont s’aimer tellement fort.

«  Entre fureur et tendresse.
C’était un homme. Un de ceux qui bouleversent tout. Qui révolutionnent tout. Un de ceux dont on tombe amoureux. »

C’est de l’amour entre deux hommes, mais pas que, et c’est là que réside toute la beauté du roman. C’est une ode à l’amour, à l’amour avec un grand A, à l’amour qui tisse les liens familiaux, qui tisse les liens entre les amis qui deviennent des frères, des sœurs.

Clair obscur, c’est toute une ribambelle de personnages qui entourent les deux héros, des personnages sans qui le roman perdrait toute sa saveur. Des personnages qui forment une grande famille, et pas uniquement par les liens du sang. Chacun a sa personnalité et son petit caractère qui le distingue des autres. Je les ai tous aimés. Des liens indéfectibles les unissent et c’est simplement beau à voir. J’ai aimé les moments de partage, les engueulades, les réconciliations. Ces personnages sont drôles et touchants. Ils ressemblent à tout le monde et à n’importe qui. Ils sont ces amis et cette famille que l’on a envie d’avoir à nos côtés.

«  Le repas fut bruyant, animé, heureux. Il y avait du bruit, de l’amour, de la joie. C’était l’un de ces moments qui comptent, même s’ils semblent banals, simples et quotidiens. Ils sont importants parce qu’une main en rencontre une autre. Qu’un sourire éblouit. Qu’un rire fait vibrer. »

Ce roman porte un message de tolérance, d’acceptation de soi. Il nous montre à quel point il est important de s’accepter entièrement pour s’accomplir pleinement. Même si le chemin est sinueux, il ne faut rien lâcher. Chaque personne a ses blessures, son passé, mais chacun est capable de se relever des pires épreuves. Avec beaucoup de courage, de confiance, et surtout l’amour, tout peut arriver.

«  Le regard des autres, c’était ce qui vous perdait. Ce regard posé sur les différences, qui vous marginalise et qui vous blesse. Mais qui fait aussi croître votre résolution. Parce que vous vous relevez, vous vous endurcissez, vous vous épanouissez. C’était un chemin long, parfois douloureux, parfois plus que ça. »

C’était donc la première fois que je découvrais la plume de Lily Haime et j’en suis tombée totalement sous le charme. Ses mots sont justes et m’ont touchée en plein cœur. Le récit est fluide, naturel. J’ai été plongée dans l’histoire dès les premières pages et je n’en suis pas ressortie avant la fin. Tout est bien écrit, bien dit.

C’est beau, c’est poétique, c’est fort. C’est parfois dur aussi, surtout lorsqu’on s’attache aux traumatismes du passé : que ce soit pour Gwenn et l’accident qui a bouleversé sa vie, ou Sevan, vétéran de guerre hanté par les souvenirs du champ de bataille.

«  J’espère que tu les entends, tous ces cris que je ne sais pas pousser. J’espère que tu les vois, toutes ces larmes que je ne sais pas verser. »

J’ai vécu la souffrance des personnages, les remises en question, les moments de doute, les déceptions. Mon cœur s’est brisé et a palpité au fil des pages. J’ai été émue, en colère, heureuse. Vraiment, j’ai adoré ce roman.

Je recommande vivement cette histoire : superbe histoire d’amour, histoire d’amitié aussi, histoire de vie, de résilience, de courage. Un roman plein d’émotions, de douceur et de brutalité à la fois.

Retrouvez ce livre : 

Chronique : Clair obscur – Lily Haime

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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois