La pierre de lune • W. Wilkie Collins

Par Bénédicte

Éditions du Masque, 2017 (570 pages)

Ma note : 14/20

Quatrième de couverture ...

" La Pierre de Lune se vengera ! "
Mais que veut dire le brahmane mourant qui lance cet anathème sur la famille Verinder ? Vous le saurez en pénétrant dans le monde à tiroirs de ce roman dont l'héroïne, Rachel, est une intrépide jeune fille de 18 ans. Il y sera question d'un diamant baptisé Pierre de lune qui attise les convoitises et sème le malheur sur son passage et d'un policier de Scotland Yard, le sergent Cuff, aux manies surprenantes, qui aura pour mission de démêler l'écheveau serré d'une intrigue complexe comme Collins en a le secret. Au cours de l'enquête, vous croiserez aussi le très étrange Gabriel Betteredge et la non moins excentrique Miss Clack...

La première phrase

" J'adresse aujourd'hui ces lignes, écrites aux Indes, à mes parents vivant en Angleterre. Mon but est d'exposer les motifs qui m'ont conduit à repousser la main que me tendit mon cousin Herncastle. "

Mon avis ...

Après avoir beaucoup aimé le roman La dame en blanc (lu en juillet 2017), j'ai tout à coup eu envie de retrouver la plume de Wilkie Collins. Quoi de mieux en effet que de terminer l'hiver un roman victorien à la main ! Je ressors cependant un peu déboussolée de cette lecture, puisque je ne sais pas vraiment si j'ai su l'apprécier ou non. Je vais essayer de trouver les mots justes pour vous en parler.

Angleterre. Milieu du XIXe siècle. Alors que la jeune Rachel Verinder, âgée de dix-huit ans, reçoit des mains de son cousin (Franklin Blake) la pierre de lune (un joyau sacré d'une rare beauté) en guise de cadeau d'anniversaire, certains faits étranges ne manquent pas de se produire. Trois acrobates indiens font irruption dans le domaine. Les esprits s'échauffent. Mais surtout, le diamant en provenance des Indes disparaît mystérieusement, et ce alors même que miss Verinder y tenait comme à la prunelle de ses yeux. Une chose est certaine, quiconque entre en possession du diamant se trouver confronté à de sérieux ennuis.

Sur le papier, ce roman avait de nombreux arguments pour me plaire. La promesse d'un voyage dans le temps. De l'exotisme. L'annonce d'un roman policier de génie. Pierre de lune est divisé en plusieurs parties, chaque chapitre laissant la parole à un personnage clef de l'histoire : le touchant, mais misogyne, Betteredge ; la persévérante miss Clack ; ou encore le très étrange Ezra Jennings, assistant du Dr Candy. J'ai adoré rencontrer ces personnages, tout comme j'ai été intriguée par la présence des trois brahmanes. J'ai également apprécié suivre l'histoire de Rosanna. Vous l'aurez compris, ce roman est construit comme un puzzle, et cela fonctionne. Nos personnages sont souvent en lien les uns avec les autres, et l'on assiste aux amitiés et antipathies de chacun.

Là où le bât blesse, c'est au niveau du rythme. L'intrigue s'installe lentement. On ne sait pas toujours où l'auteur veut en venir. Je n'avais pas du tout ressenti cela avec La dame en blanc, et j'ai fait face à quelques moments d'ennui. Pour autant, je ne regrette pas de m'être accrochée puisque le roman prend une certaine direction vers les 2/3 du roman. Et cela, pour (peut-être) nous mettre sur une piste.

Si je regrette donc un sérieux manque de rythme, j'ai apprécié l' originalité des portraits proposés par Wilkie Collins (Rosanna et Betteredge en tête). Rosanna m'a touchée par son histoire et tout l'amour qu'elle peut ressentir. Betteredge m'aura lui fait sourire avec son obsession pour le roman Robinson Crusoé. Je pense avoir largement préféré La dame en blanc, mais nul doute que je poursuivrai l'aventure avec Wilkie Collins.

Extraits ...

" S'il voyait juste, notre paisible demeure anglaise allait soudain être habitée par ce diabolique diamant hindou, apportant avec lui une horde de bandits que la vengeance d'une mort aurait déchaînée sur nous. Voilà la situation où nous nous trouvions, telle que me l'avaient révélée les dernières paroles de Mr Blake ! "

" Betteredge me regarda fixement, en silence. Il ferma le livre d'un geste délibéré ; il l'enferma de nouveau dans l'armoire avec un soin tout spécial ; il se retourna et, une fois de plus, il me dévisagea. Puis il parla :
- Monsieur, il faut se montrer très indulgent envers un homme qui n'a pas relu Robinson Crusoé depuis son enfance. Je vous souhaite le bonjour.
Il ouvrit la porte, salua profondément et me laissa gagner tout seul le chemin du jardin. "