Chroniques oubliées #6

Chroniques oubliées #6

Nouveau numéro du billet Chroniques oubliées qui me permet d’effectuer un petit rattrapage sur toutes les lectures que j’ai faites et dont je n’ai pas encore eu l’occasion de vous parler.

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Cora dans la spirale – Vincent Message

Résumé : Après avoir donné naissance à une petite fille, Cora Salme reprend son travail chez Borélia. La compagnie d’assurances vient de quitter les mains de ses fondateurs, rachetée par un groupe qui promet de la moderniser. Cora aurait aimé devenir photographe. Faute d’avoir percé, elle occupe désormais un poste en marketing qui lui semble un bon compromis pour construire une famille et se projeter dans l’avenir. C’est sans compter qu’en 2010, la crise dont les médias s’inquiètent depuis deux ans rattrape brutalement l’entreprise. Quand les couloirs se mettent à bruire des mots de restructuration et d’optimisation, tout pour elle commence à se détraquer, dans son travail comme dans le couple qu’elle forme avec Pierre. Prise dans la pénombre du métro, pressant le pas dans les gares, dérivant avec les nuages qui filent devant les fenêtres de son bureau à La Défense, Cora se demande quel répit le quotidien lui laisse pour ne pas perdre le contact avec ses rêves.

Mon avis : En nous racontant la descente aux enfers de Cora, Vincent Message percute le lecteur de plein fouet en nous dressant un tableau des plus réalistes du monde de l’entreprise d’aujourd’hui. Si ma lecture a été freinée par quelques digressions, la dernière partie m’a complètement bluffée. Un récit bouleversant et saisissant.

note 4

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Chroniques oubliées #6

La vie rêvée des chaussettes orphelines – Marie Vareille

Résumé : En apparence, Alice va très bien (ou presque). En réalité, elle ne dort plus sans somnifères, souffre de troubles obsessionnels compulsifs et collectionne les crises d’angoisse à l’idée que le drame qu’elle a si profondément enfoui quelques années plus tôt refasse surface. Américaine fraîchement débarquée à Paris, elle n’a qu’un objectif : repartir à zéro et se reconstruire. Elle accepte alors de travailler dans une start-up dirigée par un jeune PDG fantasque dont le projet se révèle pour le moins… étonnant : il veut réunir les chaussettes dépareillées de par le monde. La jeune femme ne s’en doute pas encore, mais les rencontres qu’elle va faire dans cette ville inconnue vont bouleverser sa vie. Devenue experte dans l’art de mettre des barrières entre elle et les autres, jusqu’à quand Alice arrivera-t-elle à dissimuler son passé ?

Mon avis : Avec cette lecture audio, j’ai enfin eu l’occasion de découvrir la romancière Marie Vareille. Une histoire addictive avec des personnages touchants qui m’a agréablement surprise. Je me suis laissée prendre au piège de l’intrigue qui peut sembler banale et légère au départ. Mais celle-ci prend brusquement une tournure inattendue, donnant ainsi une toute autre dimension à ce récit. Une excellente écoute.

note 4

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Maria – Angélique Villeneuve

Résumé : Dans le cœur de Maria, il y a d’abord Marcus, son petit-fils de trois ans. Ensemble, ils guettent les oiseaux, collectionnent les plumes et s’inventent des mondes.
À l’arrivée d’un deuxième enfant, les parents de Marcus font un choix radical. Nul ne saura le sexe du nouveau-né.  Ni fille, ni garçon, leur bébé sera libéré des contraintes de genre.
Maria est sous le choc. Abasourdie, abandonnée, elle se débat pour trouver sa place et ses mots. Reste l’éblouissement de l’amour pour Marcus, restent les oiseaux dont les ailes les abritent. Mais pour combien de temps  ?

Mon avis : Première rencontre avec l’auteure Angélique Villeneuve qui s’est aussi révélée être une très belle découverte. Un sujet plein d’originalité qui interpelle et dérange, une plume magnifique et un portrait de femme particulièrement touchant au travers duquel la romancière ne prend pas parti. Un court roman que je recommande vivement.

note 4

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Des gens comme eux – Samira Sedira

Résumé : Lorsque les Langlois arrivent à Carmac, ce village perdu dans une vallée montagneuse où tout le monde se connaît et se ressemble, ils font l’effet d’une apparition. Des gens comme eux, aussi riches, aussi heureux, on n’en fréquente pas. Ils se font construire un chalet impressionnant, face à la maison modeste d’Anna et de Constant. Entre les deux couples se noue une relation ambiguë, faite de fascination, de gêne, bientôt de jalousie, peut-être de racisme. Car Bakary Langlois est noir. Rien, toutefois, qui laisse imaginer que Constant puisse en venir à assassiner toute une famille.
Dans ce roman inspiré d’un fait divers, Samira Sedira nous fait entendre la femme de l’assassin, cette Anna qui porte l’opprobre de n’avoir rien deviné, rien empêché. Lors du procès, elle tente de comprendre la mécanique infernale qui a mené Constant, son amour de toujours, à une telle folie meurtrière, explorant aussi l’enfermement d’une petite communauté villageoise vivant en huis clos où l’autre – par sa condition sociale, sa couleur de peau, son appétit de vivre – subjugue et dérange… jusqu’au meurtre.

Mon avis : D’entrée de jeu, le dénouement fatal est connu du lecteur. C’est à travers le point de vue d’Anna, la femme de l’assassin, que Samira Sedira décortique les mois précédant le drame. Pourquoi tout a dérapé? Comment un homme ordinaire bascule dans la folie? S’inspirant d’un fait divers, j’ai dévoré ce court roman. Des mots forts, ciselés et une atmosphère pesante. Un récit coup de poing qui bouscule le lecteur.

note 4

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Lambeaux – Charles Juliet

Résumé : Dans cet ouvrage, l’auteur a voulu célébrer ses deux mères : l’esseulée et la vaillante, l’étouffée et la valeureuse, la jetée-dans-la-fosse et la toute-donnée. La première, celle qui lui a donné le jour, une paysanne, à la suite d’un amour malheureux, d’un mariage qui l’a déçue, puis quatre maternités rapprochées, a sombré dans une profonde dépression. Hospitalisée un mois après la naissance de son dernier enfant, elle est morte huit ans plus tard dans d’atroces conditions. La seconde, mère d’une famille nombreuse, elle aussi paysanne, a recueilli cet enfant et l’a élevé comme s’il avait été son fils. Après avoir évoqué ces deux émouvantes figures, l’auteur relate succinctement son parcours. Ce faisant, il nous raconte la naissance à soi-même d’un homme qui est parvenu à triompher de la «détresse impensable» dont il était prisonnier. Voilà pourquoi Lambeaux est avant tout un livre d’espoir.

Mon avis : Dans ce court récit autobiographique, Charles Juliet rend un très bel hommage aux deux femmes de sa vie, ses deux mères. Un superbe écrit, sensible et poétique, auquel on ne peut rester indifférent. Un roman poignant doté d’une plume magnifique. A lire et à relire rien que pour la beauté des mots.

note 4


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois