La Guilde des Marchands de Pluie, tome 1 : Les tours de l'empire

Par Wolkaiw

SERVICE PRESSE
Titre : La Guilde des Marchands de Pluie, tome 1 : Les tours de l'empire     Auteur : Robin Buisson     Sorti le 15 juin2015     Lu en février     Éditions Amalthée     Genre : fantasy
4eme de couverture :
Sur Aridia, planète aride recouverte de déserts, la Guilde des Marchands de Pluie est toute puissante. Sa capacité à capturer des nuages en fait le principal pourvoyeur d’eau de la planète. Ses bateaux volants et ses mages assurent la survie des royaumes du continent. Mais depuis peu, les services de renseignement de la Guilde font état de nouvelles inquiétantes. l’empire de l’Est, dirigé par Gethro III, semble être parvenu à construire des tours générant des nuages. La Guilde voit son monopole commercial menacé et les royaumes libres du continent Aride craignent qu’une nouvelle guerre impériale éclate.
Entre trahisons, intrigues politiques, batailles titanesques et aventures humaines hors du commun, les membres de la Guilde enquêtent sur les agissements de l’empire, tandis que l’empereur met peu à peu ses pions en place afin de mener à bien la conquête totale du continent !
Je remercie vivement Robin Buisson pour la proposition de partenariat ainsi que Amalthée Éditions pour l’envoi des deux tomes de la saga La Guilde des Marchands de Pluie.

Extrait du journal de bord du Capitaine Kathleen, alias Wolkaiw. Quelque part dans le nord de la France, un mercredi de février, l’en l’an 2020. 

Le bateau ne cesse de tanguer. Je peine à maintenir le cap. Les flots menacent de submerger le pont. Les marins paniquent. Les mages sont épuisés. Je reprends à peine mon souffle qu’une nouvelle vague désoriente notre embarcation. Un éclair zèbre le ciel. Une pluie de flèches s’abat sur nous. Le navire prend la fuite. La guerre fait rage au loin et nous assistons, tous autant que nous sommes, à ce spectacle de fin du monde. Ma gorge se noue à mesure que je me remémore ces douloureux souvenirs… la perte de mes matelots, les flammes qui ravagent les voiles, les cris et la souffrance, la mort qui rôde et frappe. Ces pages, que je noircis en ce moment-même, seront sans doute les dernières. Je les écris avec le sang que j’ai au bout des doigts, avec l’énergie du désespoir. 

Source inconnue

Chers matelots, vous qui lirez probablement ces mots, avec plus ou moins d’attention - je vous connais - sachez que je vais être directe et sincère. Ma dernière lecture en date n’est autre que le premier tome de la Guilde des Marchands de Pluie de Robin Buisson, autant vous dire que ce fut dans l’ensemble une lecture plutôt mitigée. Je vous parlerai donc non seulement de ce qui m’a gênée mais aussi des points que j’ai apprécié. J’ai longtemps réfléchi à la tournure qu’allait prendre cette page de papier, aux éléments que j’allais soulever ainsi qu’à la manière de faire. Je vous laisse mon ressenti, écrit avec du recul, avec le cœur aussi. 
La Guilde des Marchands de Pluie a des raisons de me faire penser à Dune, de Frank Herbert, une saga que j’adore. En effet, la planète sur laquelle se déroule l’actions s’appelle Aridia, en référence à son climat ainsi qu’à son immense désert inhospitalier. L’eau est une ressource rare et précieuse, comme sur Dune, elle est devenue un véritable enjeux pour les différentes villes et la Guilde des Marchands de Pluie occupe une position privilégiée. L’Empire souhaite s’emparer du pouvoir et agrandir son territoire, n’hésitant pas à déclarer la guerre à ceux qui se mettront en travers de son chemin. Débute alors, dans ce formidable univers de fantasy, un subtil jeu d’alliance, une bataille permanente qui voit s’opposer tous les grands de ce monde. Au fil du livre, la tension règne et nous amène à nous demander qui se cache réellement derrière l’Empire.
Parlons peu, parlon bien. J’ai aimé le fond, moins la forme. D’entrée de jeu, j’ai constaté énormément de répétitions, que cela concerne les verbes ou même des noms communs. Les paragraphes sont relativement courts, en général, et je remarquais souvent la même occurrence apparaître plusieurs fois, de manière systématique. Le phénomène était accentué lorsqu’il s’agissait de descriptions, provoquant deux effets, un plutôt négatif, l’autre positif. Mes petits aventuriers des mers, j’ai eu la sensation que le style de l’auteur était simple, sans doute parfois un peu trop scolaire, donnant presque l’impression que le vocabulaire était pauvre tant les mots utilisés ne changeaient jamais. Je ne parvenais pas à distinguer la patte de l’auteur derrière les tournures de phrases, tout me semblait calibré, millimétré comme retenu d’une certaine manière, presque contenu. J’ai eu le sentiment que la plume était prise au piège d’une volonté de tout décrire précisément et que cela l’empêchait d’avoir ce soupçon de folie et cette touche singulière qui permet d’identifier le style d’un auteur. Le fait d’accorder une importance toute particulière à la façon d’écrire de Robin Buisson m’a permi de constater son évolution, d’observer les améliorations qui arrivent vers la seconde moitié du livre ; les phrases m’apparaissaient beaucoup plus fluides. Adopter ce style, très scolaire et parfois quelconque, possède l’avantage de proposer un contenu très graphique aux lecteurs. Je me représentais très bien ce dont il était question, à défaut d’entrer pleinement dans l’histoire. J’imaginais les bateaux et les batailles en détails. Je dirais donc qu’il s’agit d’une arme à double tranchant dont il ne faut pas hésiter à aiguiser les lames. 

Inconnu, Sky City, 2018.


Mes petits matelots, vous savez que je n’aime pas ce genre d’exercice. Je me dois toutefois de continuer sur ma lancée et de vous narrer les autres points qui m’ont un peu fait grincer des dents. L’histoire en elle-même est très sympathique, il est question de conflit, de guerre, d’enjeux politiques et économiques, tout ce que j’aime en somme, un peu comme dans Dune. J’aurais aimé plonger au coeur de l’action, or, je suis restée en surface, spectatrice d’une immense et sanglante bataille. Mon petit coeur de lectrice n’a pas vibré au son des cors, il n’a pas palpité lors des affrontements, je n’ai pas été touché par la mort de tel ou tel personnage. Ce soucis est à mettre en lien avec ce que je viens de dire sur la plume ; la description prévaut sur l’action et l’émotion. Avant de narrer les exploits d’un protagoniste, l’auteur décrit les éléments de décor, insiste sur les moindres détails, que cela concerne les bateaux, les murailles etc, ce qui a eu pour effet de me faire totalement sortir de l’action. J’étais davantage dans la contemplation et la compréhension que dans le moment présent, que dans l’urgence et la violence de la guerre. J’ai tout vécu en surface, sans intensité. Quelques passages ont quand même suscité des émotions et de la tendresse aussi. 

Keth Robinson, Dune

Mages, à bâbord ! Préparez-vous à lancer une attaque ! À tribord pour les autres, il va falloir défendre ! Voici les ordres que j’ai vociféré quand j’ai senti le souffle chaud des vaisseaux ennemis. L’équipage que vous composez est très hétéroclite, tout comme les personnages du livre. Ils sont dans l’ensemble assez caricaturaux, bien que l’auteur s’efforce de leur donner une certaine profondeur. J’ai fait la connaissance d’un mec téméraire et bourru, d’une amoureuse éperdue, d’un homme jaloux ou encore d’une femme fatale. Le panel des clichés est représenté, avec des nuances certes, mais présent tout de même. Je ne me suis pas attachée à eux, ne réussissant pas à ressentir d’empathie. J’ai eu du mal avec la place de l’amour dans ce livre, avec l’idée que les sentiments amoureux puissent passer avant l’effort de guerre ou qu’ils puissent faire prendre des décisions étranges aux dirigeants. De même, certains protagonistes progressent trop rapidement et obtiennent des grades inespérés à la vitesse de la lumière, ils passent de l’ombre aux paillettes en un claquement de doigts. Je peux concevoir qu’en temps de guerre il y ait des choses qui prennent moins de temps que d’autres mais tout de même. J’aurais préféré qu’ils peinent un peu plus à gravir les échelons. 
Les amis, je dois encore vous parler d’un aspect plus mitigé avant d’enfin pouvoir passer aux réjouissances. Eh oui, tout vient à point pour qui sait attendre. Les pages de ce carnet se remplissent à une vitesse folle. Un nouveau virage à gauche et je suis à vous. Les bourrasques de vent soufflent tellement fort ces derniers jours, c’est incroyable. Bon, je disais donc, il me reste un point à aborder. Celui-ci concerne la forme pure du livre. L’ouvrage est découpé en chapitres qui correspondent à des extraits de journaux de bord. Journal de bord d’un capitaine, d’un géographe ou encore historien, journal de bord personnel, ils sont assez nombreux et dans la forme, très similaires. Le plus présent étant celui de Zeph Cap, le capitaine dont nous suivons les aventures toutes plus folles que périlleuses. Je n’ai pas ressenti de différences entre les personnes qui s’exprimaient, tous les styles me semblaient identiques. De même, je trouve cela étrange de voir apparaître des dialogues dans un journal de bord. À mon sens, l’idée d’un carnet pour écrire est intéressante mais la forme ne suit pas, elle ne correspond pas ou n’est pas suffisamment exploitée. 
Passons maintenant à la partie la plus réjouissante de mon avis, c’est à dire : tout ce que j’ai aimé ! J’ai certes soulevé un certain nombre de petit bémol mais il n’en demeure pas moins que la navigation entre les pages du livre fut tout de même bonne. Le récit est jalonné de batailles toutes plus épiques les unes que les autres. Des combats aériens mais aussi terrestres et maritimes, de quoi régaler le lecteur ! Il est question de stratégies militaires, de déploiement des forces, d’alliances et de magies. Tout est minutieusement étudié, analysé, passé au crible. L’auteur ne néglige aucun aspect, l’importance de la menace que constitue l’Empire se fait sentir. De plus en plus pressante. Hommes, bateaux, mages, armes, tout compte. L’usage des runes afin d’utiliser la puissance de la magie mais aussi les attaques surprises peuvent déterminer l’issue d’un combat. La tension monte à mesure que les enjeux se dessinent, que l’on entrevoit les pertes et devine la fin approcher. Les retournements de situation sont légion et cela contribue grandement à pimenter l’histoire, à dynamiser les chapitres. La présence et l’apport des mages, que cela soit de manière défensive ou offensive, m’a beaucoup impressionnée et j’ai adoré découvrir l’étendue de leurs capacités. Les combats - véritables démonstrations de forces de chaque camp - réserve bien des surprises, il ne faut rien prendre pour acquis en temps de guerre.

Jaroslaw Jankowski, steampunk airship, Pinterest.


J’aperçois au loin une tour. Une immense tour ! Ses formes se dessinent dans l’horizon, elle se dresse, fière et imposante. Regardez et admirez sa beauté. Je vous ai déjà parlé de l’importance de l’eau, et j’y reviendrai encore parce que c’est au coeur du récit, l’eau, l’eau et encore l’eau. Cette ressource bleue est indispensable à la vie de tout individu, il en va de même pour d’autres denrées que j’ai découvert au fil du livre. Il est question, dans ce tome, des tours de l’Empire… Ont-elles un quelconque rapport avec l’eau ? À quoi servent-elles ? Ces questions constituent le fil rouge de l’histoire, l’inconnue dans l’équation, l’ombre au tableau. Tout semble reposer sur ces fameuses tours. J’ai apprécié le fait que Robin Buisson garde le mystère et l’alimente au fil des chapitres. Tout le monde propose son hypothèse mais nul ne détient la vérité. Je n’ai entrevu la véritable nature de ces édifices que vers la fin, quand certaines révélations ont éclairé ma lanterne. J’ai par ailleurs particulièrement aimé les passages dans les déserts Vélusiens, ils font vraiment avancer l’intrigue en plus de lui apporter de la profondeur. Des déserts indomptables et inhospitaliers dans lesquels vivent des peuples, nomades ou non. Il y a également des vers des sables (comme dans Dune), qui ne sont toutefois pas très importants. Les peuples vivants dans ces zones à risque m’ont fasciné et j’ai hâte de les retrouver.

Wanbao, DeviantArt

Ah mes pirates des flots tumultueux, que vous aimez l’argent et la luxure...Je le sais bien, plus que quiconque. Un peu comme les marins du livre sans doute. Vous voyez où je veux en venir ? Non, sans doute pas. Je tiens à vous parler de l’univers du livre, de l’ambiance et de tout ce que l’on trouve sur la terrible Aridia. Une chaleur insoutenable… des tempêtes de sable et un climat peu propice à la culture ou l’élevage. Les habitants de la planète tentent, par tous les moyens, de trouver des solutions aux problématiques liées à l’eau. La Guilde des Marchands de Pluie (un nom que j’adore !) est capable de recueillir l’eau contenu dans les nuages et la revend ensuite aux villes. Il s’agit d’une économie bien rodée qui fonctionne selon le même principe depuis des siècles. Or, l’Empire entend bien concurrencer la Guilde voire l’exterminer afin de dominer toute la planète. Au sein du livre, j’ai vu se dessiner une véritable société régie par des codes bien précis. La politique et les relations entre les dirigeants sont primordiales, il en est de même pour le contrôle des axes commerciaux et des frontières. Les contours de ce vaste monde apparaissent de plus en plus nets et stratégiques. Gagner la guerre d’un poids de vue militaire ne suffit pas… C’est là que les secrets et manœuvres cachés de chaque Etats entrent en jeu dans un véritable ballet. Chacun avance son pion sur l’échiquier et n’hésite pas à revoir sa tactique, quitte à effectuer un sacrifice pour avancer dans la partie. J’ai d’ailleurs hâte de voir la tournure des événements dans le second tome ! 
Je croyais notre fin venue… Je pensais que tout était perdu… Un voyage en eaux troubles, une expédition hasardeuse, des péripéties à la pelle et pourtant… Pourtant nous voici. A l’instant où je couche ces mots, j’entends les marins sur le pont hurler à l’approche du port. Je manœuvre une dernière fois, entre deux lignes, pour garer le bateau sans accrocher les vaisseaux voisins. A peine ai-je amarré l’embarcation que tous se ruent vers les tavernes les plus proches. Quelle bande d’ivrogne ! Je profite de cet instant d’accalmie pour rédiger ces dernières phrases. C’est ici que nos chemins se séparent, vous avez été de bons compagnons de route et j’espère vous retrouver très vite. Les flots du tome deux m’appellent déjà. Je vous dis à très bientôt pour de nouvelles aventures !
3 raisons de lire La Guilde des Marchands de Pluie, tome 1 : Les tours de l'empire :
- La facilité avec laquelle on se représente les lieux
- Les enjeux économiques, sociaux et politiques
- Un univers aride et dangereux