Ce rendez-vous hebdomadaire consiste à vous présenter chaque lundi mes lectures passées, en cours et à venir en répondant à trois questions :-)

1/ Qu'ai-je lu la semaine passée ?

Mais pourquoi cette petite fille a-t-elle cette expression interloquée, désabusée, presqu'agacée? Personnellement j'adore, mais pourquoi donc? Est-elle invitée à une fête d'anniversaire qui ne la réjouit pas? Doit-elle se rendre chez l'une de ses copines qui fait une fête? A moins que cela ne soit Mardi Gras ou Carnaval? Non, ce n'est pas cela? Sont-ce les oiseaux autour d'elle qui l'ennuient? Non, toujours pas?

Non, rien de tout cela! Ce serait trop facile, trop beau presque! Evidemment, c'est à cause de sa tenue que l'on se pose ces questions... La raison est à la fois simple et très ennuyeuse... pour elle!!

J'ai adoré cet album, drôlissime, qui nous invite, pour une journée, aux côtés de cette fillette: dans la rue, à l'école, à la boulangerie, à la cantine, au musée, avec son papy. Personne ne semble se rendre compte. Enfin si, un peu quand même mais sans se poser les bonnes questions! Il regorge de jeux de mots et de clins d'œil, les illustrations sont géniales. Et l'objet-livre est très soigné: un format, idéal, des pages épaisses. Bref , carton plein à la maison!

C'est grâce de l' opération ÏDtroc organisée dans les magasins Oxybul Eveil et jeux (jusqu'au 7 mars) que j'ai fait cette superbe trouvaille. Un album très grand format sur Frida Kahlo et Diego Rivera, représentés en enfants et déjà amoureux. C'est le jour des Morts chez eux, au Mexique, et tous s'affairent en cuisine. Le jour s'achève et tous se rendent au cimetière pour manger en famille et auprès des défunts les délicieux mets que tous ont préparé. Mais soudain, Frida aperçoit Diego caché derrière un buisson, qui embrasse une autre fille. Impulsive, Frida bondit et pourchasse Diego, qui trébuche sur une racine et chute dans une tombe fraîchement creusée. Après avoir attaché sa tresse, Frida le suit. Pas question qu'il lui échappe. La dégringolade est longue et elle retrouve Diego en compagnie d'une vieille femme squelette. Guidés par un xoloitzcuintle, tous deux vont chercher à s'enfuir de ce pays des squelettes.

Ce bel album nous raconte beaucoup par le biais de cette histoire fantastique! Les traditions et la Fête des Morts au Mexique qui, contrairement à nous, n'est pas triste, tue ou morne, mais bel et bien joyeuse et colorée, l'amour tumultueux entre Frida et Kahlo, l'attrait pour la nature...

Mon 8 ans, lorqu'il l'a vu, a de suite fait le rapprochement avec l'excellent film d'animation Disney, Coco.

Une journée d'été, les bruits de la nature auxquels il faut prêter attention, les animaux qui passent et s'expriment, puis soudain les nuages qui s'amoncellent et qui crèvent. La pluie s'abat et disparaît aussi vite qu'elle est venue. Une parfaite journée d'été sublimement dessinée aux crayons de couleurs, minimaliste et pourtant fourmillant de détails. Cet album est un ravissement visuel, et qui se ressent. Avec lui, on se remémore et on se sent apaisé.

Texte d'Equipo PLANTEL et illustrations de Luci GUTIERREZ

Texte d'Equipo PLANTEL et illustrations de Joan NEGRESCOLOR

Editions Rue de l'Echiquier Jeunesse, à paraître le 19 mars 2020.

J'ai reçu ces deux nouvelles parutions jeunesse, des albums espagnols édités pour la première fois en 1975 et dont le propos est toujours tellement d'actualité.

J'aime leur format, le papier épais et le dessin de chacun, d'un illustrateur différent, minimaliste, avec peu de couleurs et pourtant si éloquent. Pourquoi y a-t-il des différences entre les hommes et les femmes, entre tous les Hommes? De quelle nature sont-elles? Peut-on les changer?

Des albums d'hier pour un demain qui est devenu aujourd'hui, et qui, donc, sont toujours si et trop parlants.

Je vous en parlerai davantage le 21 mars.

Direction le Far West pour y rencontrer un shérif! Ne vous moquez pas de sa taille, de sa toute petite taille! Il est redouté et doté d'un flair infaillible, qui va bien lui servir pour retrouver Bernard Jackson, oui cet infâme qui a commis un crime insoutenable!! Il part donc sur ses traces, croise les Peaux Roux et le retrouve près d'une cascade. L'échange est rude mais deux promesses sont échangées. Non jamais plus Bernard ne recommencera!

Une histoire loufoque, emplie de détails de la culture populaire pour nous parler de gâchis alimentaire.... Et même si notre shérif "voit midi à sa porte", il est faciel de transposer pour chacun de nous ;-)

Un petit garçon confectionne un cerf-volant avec son grand-père. Mais ce dernier qui a travaillé la terre toute sa vie, ne peut tourner à présent le visage et les yeux vers le ciel. Courbé, il s'assoit sur un banc au pied duquel se trouve une flaque. L'enfant, muet, a alors l'idée de faire se refléter le cerf-volant, orné d'un motif de dragon vert, dans la flaque. Et ainsi passent les jours et les saisons. Et même lorsque l'été a asséché la flaque, Tohiro trouve le moyen de la recréer pour offrir à son grand-père cette vision en miroir. Mais en hiver, la neige a tout recouvert. Comment faire? Avec une aide inattendue, Toshiro trouvera! Et trouvera bien plus encore!

Un bel album de partage et de transmission, sur le passage du temps et des saisons.

Lorsque la petite fille de notre histoire se lance dans quelque chose, c'est pour gagner, pas être la meilleure, mais gagner avec médailles, trophées, compliments et admiration. Pour en avoir encore en plus, toujours plus. C'est ainsi qu'elle se lance dans le sport, dans un concours d'orthographe oral, dans la danse, mais à chaque fois Lou gagne... Quelle déception, pire quelle fureur. Mais elle découvre que Lou ne gagne pas toujours. Pire (ou mieux!), Lou félicite même celui qui gagne. Parce que l'important n'est pas de gagner mais de profiter, de faire ce que l'on aime, et avec ceux que l'on aime, c'et encore mieux!

Un album bourré d'humour, de références et de positivité, aux illustratiosn très rigolotes,pour un beau messqge.

Le Bureau de Mariage de M. Ali. Farahad ZAMA. Editions France Loisirs, collection "Piment", mars 2011

Un roman entre romance et feel-good qui, sous des abords légers, nous transporte en Inde auprès de M. Ali, de son épouse, de leur fils et de leur assistante, Aruna. Avec eux, c'est l'Inde qui nous est décrite. Dans sa culture, ans ses traditions, dans sa société, dans ses moeurs, dans sa cuisine.

Bien sûr, c'est surtout l'aspect des mariages qui est évoqué, mais aussi le changement de générations (et leurs oppositions), la transformation du pays.

Un très bon moment de lecture que je vous ai présenté ICI.

Voici l'un des romans dits de médecine du créateur de Sherlock Holmes. Très court, il est plus de l'ordre d'une nouvelle d'ailleurs. Nous faisons connaissance avec le professeur Ainslie Grey, physiologiste, qui ne jure que par la science et ne reconnaît aucun maux du coeur ou de l'âme. Tout s'explique par des manifestations physiques. Même lorsque l'un de ses étudiants envisage de se marier avec sa soeur (avec qui Ainslie vit depuis douze ans). Même lorsque lui songe au mariage. Ce qui arrive. Et voilà que le prétendant de sa soeur vient après son voyage la rencontrer et qu'il découvre qui Ainslie a épousé...

Une nouvelle étrange dans laquelle Arthur Conan Doyle dépeint la société d'alors, hésitante, face à ce rationalisme émergent mais toujours désireuse de traditions. Tiraillée entre le devoir social, la représentation et la liberté individuelle. Si certains propos peuvent paraître jusqu'auxboutistes, c'est pour mieux en souligner le dilemme. La fin, bien que non heureuse, ne peut que faire s'esquisser un sourire.

Le consentement.Vanessa SPRINGORA. Editions Grasset, janvier 2020

Voici un livre vers lequel je ne serais pas allée si je ne l'avais reçu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices. Parce que ce n'est pas un genre que je lis, parce qu'on en a tellement entendu parler... Mais en fait, en y réfléchissant bien, c'est justement très bien qu'on en ait beaucoup parlé et qu'on en parle encore... D'ailleurs, la question perdure avec d'autres. Et en revient une autre, à nouveau: faut-il séparer l'homme de l'artiste? Le doit-on? Personnellement, je crois que les deux sont intrinsèquement liés et qu'on ne peut totalement les séparer. Mais le passage du temps le fait et l'homme oublie.

Petit retour sur le sujet.

Vanessa est V. dans ce livre autobiographique, catégorisé comme "essai/document" qui se lit comme un roman sans qu'il n'y ait de fiction... Malheureusement...

Vanessa a 13 ans et rencontre G., un grand écrivain. Son allure, ses beaux yeux la captivent et elle est flattée qu'il semble s'intéresser à elle, elle qui se trouve encore moins bien que quelconque. Elle qui est élevée par une mère divorcée soixante-huitarde, qui travaille dans une maison d'éditions, elle dont le père, violent envers sa femme, est aux abonnés absents.

Elle est donc flattée et plus encore lorsque elle reçoit des lettres que G. lui adresse. Ainsi naît et commence une relation qui durera un peu plus de deux ans., entre une jeune adolescente et un homme d'âge mûr, écrivain célèbre, respecté et respectable, dont les idées et penchants paraissent en toute impunité dans ses livres, dans la presse, à la télévision. Il vient la chercher au collège, ils s'affichent ensemble, et la menace de la police pimente cet "amour" au lieu de l'empêcher...

Vanessa nous raconte les hauts et les bas, les désirs du corps et l'emprise psychologique, l'inversion des rôles, l'impunité et les idées de l'époque, la nonchalance, la liberté laissée par une mère à une fille "en avance", le décrochage scolaire... puis la rupture et ses suites. Toutes aussi glaçantes.

Le consentement, un titre polysémique, une écriture douce et sensible mais qui en cahce rien, qui remet en place, en face. Un livre qui remue, questionne, qui m'a fait osciller entre l'admiration (pour elle), la colère ou le dégoût (contre lui), les larmes.

Et de vous présenter en quelques mots le très bel album Sann de Chen Jiang Hong.

Pour finir, je vous mets le lien de l'article publié la semaine passée et je vous souhaite de belles lectures et découvertes pour celle à venir!

Blandine