Peine perdue de Kent

Peine perdue de Kent

Comment réagir quand on perd soudainement un être cher ? Comment démêler la colère de la frustration, du deuil, de l'amour, du désamour, de la rancœur ?

Voici la quatrième de couverture : Vincent Delporte, musicien entre deux âges sur le point de partir en tournée, apprend le décès soudain de sa femme, Karen. Il s'étonne de n'éprouver aucun chagrin. Tandis qu'il prend la route, il cherche à comprendre la raison de son indifférence en se remémorant les années passées. Mais les souvenirs ne sont qu'une part de la vérité et l'amour n'est pas ce que l'on croit.C'est un puzzle, chaque pièce compte. Surtout la dernière.

Peine perdue de Kent

Dans ce petit texte très percutant, Kent nous invite dans son univers, celui d'un musicien presque quinquagénaire, qui n'a jamais réussi à percer et qui s'accroche, pour fuir la réalité, à sa passion, la musique, et à la vie dont il rêvait, celle des tournées.

Avec un style fluide et agréable, l'auteur nous présente une galerie vivante et sans concessions de plusieurs portraits qui nous font ou sourire ou grincer des dents. Cet univers superficiel qui pousse les musiciens à séduire à tout va, à boire plus que de raison et à se droguer cache une autre réalité quand les musiciens ont une cinquantaine d'années et sont ceux qui se cachent derrière les stars.

Mais ce qui m'a touchée dans ce texte, c'est le cheminement de Vincent suite au décès de Karen. Il doit appréhender, en même temps que la nouvelle de sa mort accidentelle, sa propre absence de tristesse, d'émotions tout simplement. Il semble complètement anesthésié, et c'est dérangeant dans un monde où chacun fait montre de ses états d'âme sans la moindre pudeur.

Alors il va chercher, essayer de comprendre pourquoi. Il va se plonger dans les méandres de cette histoire d'amour plus rocambolesque que romantique et ressentir de nouveau les choses, mais pas celles qu'il aurait voulues. La colère, le ressentiment vont venir ternir ses souvenirs au point que Vincent va croire que ce décès le libère d'une pression vicieuse car lancinante. Il va alors chercher à effacer ce passé " honteux ", en multipliant les conquêtes, en se séparant des meubles et objets, en rejetant Karen et son amour.

Il faudra que Vincent accepte enfin de s'ouvrir, de parler, pour comprendre que son cerveau et son corps l'ont anesthésié volontairement, pour le protéger de l'insupportable. Mais je ne vous en dis pas plus...

Ce texte allie subtilement la satire amusante d'un monde de paillettes qui ne brille plus tant que ça à la découverte des émotions et des sentiments, une quête émouvante car naïve et vraiment initiatrice.

Je vous invite donc chaleureusement à découvrir ce joli récit, touchant sur bien des aspects, mais léger sur d'autres et plutôt imprévisible ! Merci aux éditions J'ai lu pour cette belle découverte !

Priscilla


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois