Le récit n’est pas linéaire, l’alternance entre le présent du voyage et les souvenirs d’enfance (visite à la grand-mère, trajet de nuit dans la voiture familiale, vacances traumatisantes dans une colonie catho pure et dure) donne un rythme particulier à l’histoire. Trente ans après, difficile de restituer les faits avec précision. L’exercice de mémoire est forcément fragmentaire, sélectif. On dirait que seuls les bons souvenirs sont restés et que les moments de galère (sans doute nombreux étant donné les conditions du voyage) n’ont pas survécu à l’épreuve du temps. Le résultat est néanmoins cohérent et la lecture d’une grande fluidité.
Une plongée dans le passé qui m’a ramené à mes propres souvenirs des années 80. Une drôle d’époque, où le rideau de fer à l’Est n’était pas encore tombé, où les nuages radioactifs s’arrêtaient à la frontière, où la conduite se faisait sans GPS, les photos sans téléphone portable et la tenue du journal de bord des vacances sans réseaux sociaux. Un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître et pour lequel je garde une douce nostalgie. Fin du voyage dans le tome 2 à paraître cet automne. Inutile de vous dire que j’ai hâte d’y être.
Visa Transit de Nicolas de Crécy. Gallimard, 2019. 130 pages. 22,00 euros.
Un joli cadeau de Noël offert par ma chère Noukette. C'est chez elle que se retrouvent aujourd'hui les BD de la semaine.