La vie en chantier – Pete Fromm

La vie en chantier – Pete Fromm

Aujourd'hui, ça va pas. Y a que Mimine, elle est toute chose. Toute chamboulée, voyez. Parce que bon sang de bonsoir, d'où j'ai pas aimé le dernier Pete Fromm ?

D'OÙ ?

Taz et Marnie, fou d'amour, finissent leur maison pour l'arrivée de leur premier bébé, quand pifpafpouf la coquille dans la noisette imprévue, Marnie meurt en couche. Pour Taz, c'est la déflagration. Muette. Totale. Absolue. Du jour au lendemain, ce doux rêveur ébéniste-charpentier se retrouve seul avec un bébé dans les bras avec tout ce que cela implique (les courtes nuits, les pleurs, les biberons, les factures à payer et les journées de travail harassantes).

Bref, une histoire de survie au milieu d'un océan de chagrin.

J'avais juste adoré Mon désir le plus ardent cet été (du même auteur du coup hein) cette petite pépite d'émotion et de Nature Writing qui m'avait renversé le petit cœur par terre (quelques miettes y sont encore).

La vie en chantier – Pete Fromm

Alors bon quand on m'a dit que le nouveau roman de Pete Fromm avec un sujet aussi triste sortait, moi, ni une ni deux, j'ai couru, j'ai volu, tel Peter Pan à la recherche de son ombre.

Mais voilà, comme Peter Pan (ouais on reste sur de la métaphore filée parce que, hein, on est en manque d'inspi aussi), la déception de la réalité m'a claqué la joue : quand on espère trop, quand on en attend trop, quand on se projette trop sur la manière dont une histoire va nous chambouler avant d'en avoir lu une ligne, on a

une Mimine chafouine.

(euphémisme)
La vie en chantier – Pete Fromm
(voilà c'est mieux)

D'autant plus que j'ai senti le truc venir.

Le début est tellement ardu. C'est tellement compliqué de rentrer dans l'histoire avec ces dialogues qui popent comme du maïs un jour d'Halloween sans que tu comprennes le quoi du pourquoi. Dialogues qui prennent une place beauuCOUUP trop importante à mon goût (mais ça moi, le surplus de dialogues, vous l'savez, c'est pas ma came).

Mais voilà, même en poursuivant, l'étincelle ne se faisait toujours pas. Pas de grandes révélations christiques au sein de mon éminence, pas de fourmillement venant m'enlever de mon quotidien pour un long voyage (#PeterPanmétaphore), ni... d'intérêt réveillant mes émotions.

Bref, j'ai été sur le bord de la route, tout le long du roman, attendant qu'on me prenne en stop, en vain. Voyez l'image (ouais vous êtes pas cons non plus...).

Et c'est là que je me suis dit :

" Attends, attends. C'est quoi mon problème avec ce roman ? Réfléchissons. Think Mimine.

La vie en chantier – Pete Fromm

J'ai appelé ma grand-mère qui l'avait lu avant moi ET qui n'avait pas super super accroché à Mon désir le plus ardent (ça n'empêche pas que je l'aime toujours hein). Et notre discussion m'a éclairée sur un point :

Pete Fromm romancier (pas le jeune de Indian Creek ça semble intéressant de bien distinguer) fait du Pete Fromm's tambouille avec les mêmes marmites.

Et là moi, ce que j'attendais retrouver du précédent roman, je l'ai eu quasiment à l'identique mais du coup en moins bien.

Forcément.

Déjà je vous parlais des dialogues. J'ai trouvé que l'écriture faisait assez artificielle et factuelle. Avec l'absence d'introspection de notre veuf Taz qui, j'imagine, représente l'apathie émotionnelle dans laquelle il est plongé, je me suis retrouvée assez orpheline, sans l'intériorité du personnage qui faisait si bien la force de Mon désir le plus ardent.

Même plus, j'ai l'impression que Pete Fromm a laissé à son sujet triste (la perte d'un être cher, la parentalité en solo, le deuil, la reconstruction de soi etc.) tout le boulot, comme si le sujet seul suffisait pour véhiculer des émotions.

Et c'est le problème.

Je ne devrais pas avoir besoin d'être maman pour ressentir quoique se soit et m'identifier à Taz. Comme, pour le précédent (et pour bien d'autres encore), je n'ai pas eu besoin d'être mère ni d'avoir la sclérose en plaques pour m'identifier à Maddy ni éprouver de l'empathie et de la tristesse face aux épreuves qu'elle traversait. Parce que tout simplement l'écriture introspective m'avait permis de comprendre et de ressentir ce que vivait l'héroïne.

Alors oui intellectuellement, je ne suis pas un robot, j'ai compris la souffrance de Taz, deux trois passages m'ont énormément touchée, mais... bref. Ç'a pas été suffisant. Et puis bon, j'ai pas vraiment apprécié les personnages aussi (mis à part Taz, quand même) Ouais comme si ça suffisait pas déjà, il fallait EN PLUS que les personnages m'agacent.

Résultat ?

Tout ceci m'a paru bien vide.

Si on ne garde que l'histoire, elle est super prévisible et puis fleur bleue et... J'vais vous dire, ça me fait mal, mais faut que je le dise... j'ai eu la très désagréable impression d'être tombée sur le scénario d'un téléfilm de Noël de M6, savez, celui qui passe à 14h après Desperate Housewives (bonjour je suis freelance). *mime un couteau planté dans le coeur*

Parce que ça sentait le gaz parfumé au Cacharel à plein nez cette histoire, et ce dès le départ, dès l'arrivée d'un certain personnage. J'ai su, J'AI SU qu'on allait droit vers quelque chose qui personnellement, moi petit être cynique et romantique par interim (c'est à dire pas souvent-souvent), ne pouvais supporter.

Pourquoi Pete ? Pourquoi tu m'as fait çaaaa ?!

La vie en chantier – Pete Fromm
(ça ne peut pas faire de mal)

1/ Plus jamais. Plus jamais je m'enthousiasme pour un livre d'un auteur que j'adore beaucoup trop. La mesure Mimine, la mesure avec un grand " M ".

2/ Je compte lire les précédents romans de Pete Fromm dans l'année. J'ai Lucy in the sky sur ma cheminée en mode " PAL en souffrance ". Je veux voir si j'aime vraiment Pete Fromm pour son écriture en général ou si Mon désir le plus ardent a été une erreur de parcours, un joyeux hasard, un coup de bol. Ça me turlupine beaucoup.


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois