Premières lignes #81 : Oublier

Premières lignes #81 : Oublier

Premières lignes est un rendez-vous initié par Ma lecturothèque. Le principe est simple, tous les dimanches, je vais vous citez les premières lignes d’un ouvrage.


PROLOGUE

Mia

Il y a une petite île dans le Pacifique, située à quatre heures de vol de la côte californienne, qui fait partie des États-Unis. C’est là que je suis née. Sous la pluie tropicale et les vents d’Amérique centrale. Elle est verdoyante, avec un coeur de forêt presque aussi sauvage que les forêt du Brésil. Avec une côte plus ensoleillé que la Sun Belt et un lagon aussi limpide et clair que le sont mes propres yeux. Le nord de cette île est la zone la plus peuplée, la plus moderne, avec ses villes côtières très vivantes, aux immeubles bien moins grands que ceux des mégalopoles connues, avec ses quartiers pavillonnaires innombrables, ses maisons chatoyantes et ses jardins fleuris, et son pluviomètre qui explose régulièrement.
Mais moi, c’est dans le Sud que je suis venue au monde. La partie de l’île que les indigènes appellent le Sud sauvage. Bien sûr, il y a des villes modernes et très bien, là-bas. Mais elles sont moins grandes, moins colorées et moins pavillonnaires. Ici, si on n’est pas en ville, les habitations sont semées le long des routes, éparpillées, comme les cailloux que le Petit Poucet a semées derrière lui pour retrouver son chemin. Il faut faire au moins cent mètres pour passer de l’une à l’autre.
Le Sud c’est tout le contraire du Nord ou des plaines, la pluie y tombe trois fois moins que partout ailleurs, et l’air est étouffant les trois quarts de l’année. Une chaleur moite et un soleil éclatant font la loi.
Les paysages, sur les hauts plateaux, sont secs et arides, avec des broussailles  brûlées et des falaises rocheuses qui se jettent dans une mer plutôt houleuse.
Voilà, c’est là, en bas de la colline Kaloa, sur l’île de Mary Island, dans une petite maison semblable à un mobil-home, par une nuit de tempête tropicale, que j’ai vu le jour.
Ne vous y trompez pas, mes parents étaient heureux. J’étais le fruit de leur amour. Ils étaient jeunes et insouciants. Ma mère était encore une belle jeune fille, amoureuse et passionné.
Puis ils ont eu des rêves, d’autres rêves et tous les trois, nous avons quitté l’océan Pacifique pour faire le tour du sud et de l’ouest des États-Unis. D’un à cinq ans, j’ai vécu dans onze États différents. Puis maman est tombée enceinte de ma petite soeur Arizona. Malheureusement, un jour, alors que nous venions de nous installer en Californie, mon père est brusquement décédé, nous laissant seules, nous les trois femmes de sa vie.
Ma mère n’a plus bougé, comme si ses envies d’ailleurs s’étaient éteintes avec lui.
Et j’ai grandi… non, poussé, oui c’est ça, poussé, dans la petite ville de Carmel-by-the-Sea au sud de la péninsule de Monterey, avec l’océan Pacifique qui me séparait de l’île de ma naissance. Île dont je n’ai gardé aucun souvenir en grandissant.
Mais aujourd’hui, j’u retourne. Bon gré, mal gré. Je m’appelle Amy Gilmore.
Et c’est sur cette petite île perdue dans l’océan Pacifique que je vais tenter de me construire. Ou plutôt de me reconstruire. Mais ce n’est pas là que tout commence, laissez-moi vous raconter mon histoire.

Attention, si vous êtes sensible, à fleur de peau, si vous préférez les histoires chamallows et guimauve, si vous n aimez pas vous endormir en pleurant, si vous avez peur du noir, des fantômes et des monstres qui se cachent sous votre lit dans vos placards, changez de livre. Lisez autre chose. Mon film d’horreur favori, c’est ma vie.

Premières lignes #81 : Oublier


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois