Glaise de Franck Bouysse

Glaise de Franck BouysseGlaise

Franck Bouysse

La manufacture de livres

2017

435 pages en poche

« Ce qu’il advint cette nuit-là, le ciel seul en décida. Les premiers signes s’étaient manifestés la veille au soir, quand les hirondelles s’étaient mises à voler au ras du sol. Dans la cour, un vent chaud giflait les ramures du grand marronnier et une cordillère de nuages noirs se dessinait sur l’anthracite de la nuit. Le tonnerre grondait, et des éclairs coulissaient au loin en éclairant le puy Violent. »

J’ai su dès les premières phrases que c’était le bon moment pour lire ce roman. J’avais besoin de cette beauté rugueuse, de ces envolées lyriques, de ces paroles âpres, de ces dialogues de taiseux, de cette nature capturée dans le filet des mots de Franck Bouysse.

Je me suis alors vautrée dans ce roman avec délectation.

Nous sommes en 1914, dans un petit village du Cantal, les maris, les fils sont partis à la guerre. Les trop vieux, les trop jeunes, les femmes, les estropiés sont restés dans les fermes. Ils attendent leur retour en se tuant à l’ouvrage. Les travaux saisonniers sont abattus avec la force des désespérés.

Pour tous ces taiseux, la parole n’est qu’utilitaire, elle ne transmet que l’essentiel. Les dialogues, sont donc, tous, riches de sens. Il n’y a pas de verbiage, de mots inutiles, de paroles superflues, tout mot pèse son poids.

Franck Bouysse manie la plume avec dextérité pour nous faire croire que nous vivons au milieu de ses personnages, pour créer une tension dramatique sans abreuver le lecteur de rebondissements en tous genres. C’est l’auteur des fureurs enfouies, des secrets bien gardés, des choses tues. L’émotion jaillit à tout bout de phrase, elle m’a terrassée.

Après Grossir le ciel lu en 2018, Né d’aucune femme lu l’hiver dernier, Plateau lu début juillet (non chroniqué mais j’aurais pu écrire la même chose que pour ce roman-là, avec des personnages peut-être encore plus attachants, plus originaux) et Glaise début août, je poursuis ma découverte de l’univers romanesque de cet auteur, sans jamais buter, avec allégresse, me nourrissant de la noirceur de son monde.


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