La neuvième tombe

Par Wolkaiw

MASSE CRITIQUE

Titre : La neuvième tombe     Titre original : Den nionde graven     Auteur : Stefan Ahnhem     Sorti en 2015     Lu en août     Éditions : Albin Michel     Genre : policier
4eme de couverture :
La nuit tombe sur Stockholm. En quittant le Parlement après une séance houleuse pour rejoindre la voiture qui l’attend, le ministre de la Justice disparaît. Cette même nuit, à Tibberup, un petit village au nord du Danemark, la femme d’un célèbre présentateur est violée et assassinée chez elle. Bientôt d’autres corps, mutilés, sont retrouvés de part et d’autre du détroit d’Öresund. Chargés de l’enquête, l’inspecteur suédois Fabian Risk et son homologue danoise Dunja Hougaard vont faire face au pire complot qu’on puisse imaginer… et à cette question qui tourne à l’obsession : jusqu’où peut-on aller par amour ?Aussi sombre que les profondeurs d’un hiver nordique, aussi lancinant qu’un cauchemar, La Neuvième tombe confirme Stefan Ahnhem comme la nouvelle révélation du thriller suédois depuis son best-seller Hors cadre, prix Crimetime Specsavers en Suède.
Je remercie Babelio pour l’organisation de cette Masse Critique ainsi que Albin Michel pour l’envoi du livre. Il s’agit d’une épreuve non corrigée, le livre sortira le 4 septembre en librairie. 

     Prêt pour une virée entre le Danemark et la Suède ? Alors, n’ayez crainte et embarquez pour un vol de 660 pages et une affaire aussi glaçante que terrifiante. Le récit s’ouvre sur un prologue très surprenant, mystérieux et assez sombre… Une lettre, c’est tout ce que l’auteur nous donne, une lettre qui voyage mais dont on ignore le contenu… Une ombre plane déjà, on ne soupçonne ni son importance ni sa réelle nature. C’est une bouteille jetée à la mer, qui sait sur quelle rive elle finira sa traversée ? 
     Des meurtres, encore et encore. Des meurtres à la pelle, à ne plus savoir qu’en faire. En Suède, au Danemark ? Un lien existe-t-il ? Qui est derrière tout cela ? Chaque pays enquête, à sa manière, selon ses propres méthodes. Membres découpés, disparitions, un certain chaos règne à l’approche des fêtes de Noël. Je n’ai pas ressenti l’agitation propre à cette période, c’est surtout la peur et l’angoisse qui dominaient, la crainte de découvrir une nouvelle victime atrocement mutilée. Dans les bureaux de police, les enquêteurs fulminent et explorent toutes les pistes, envisagent tous les motifs. L’auteur a fait le choix de changer régulièrement de points de vue ; on suit aussi bien les enquêteurs danois que suédois ainsi que quelques victimes. On tente, au même titre que les représentants de l’ordre, de coller les pièces du puzzle, de les rassembler dans un immense brainstorming. 
     Bien que le livre soit long (plutôt très long même), les chapitres sont courts et instaurent un certain rythme, une cadence plutôt soutenue qui permet de ne pas se lasser. Le procédé est intelligent mais ici, les trop nombreux personnages sèment la confusion. Je mélangeais les noms et les prénoms, les enquêteurs suédois et les danois, le nom des victimes et des suspects. Je me perdais entre les meurtres, les enquêtes et les pistes, nageant en plein brouillard. Insérer des indications de lieux aurait pu être utile afin de se repérer plus facilement dans l’espace, j’aurais ainsi pu davantage visualiser et les enquêtes et les victimes. Ce n’est que vers les deux tiers du livre que je suis parvenu à identifier clairement le rôle de chacun, c’est dire ! 

     Les enquêtes ont lieu parallèlement les unes aux autres, on attend, on guette le point de rencontre aussi bien que celui de rupture. Sans cesse dans l’expectative, traquant les moindres indices. Et si les affaires ne convergeaient jamais ? Et si l’auteur se jouait de nous ? Tout est possible et j’ai envisagé chaque hypothèse. Je voyais des liens se créer et se défaire le chapitre d’après, j’entr’apercevais des similitudes qui volaient en éclats en quelques phrases. Je ne savais clairement pas sur quel pied danser, me donnant l’impression d’être une marionnette unijambiste tentant de progresser tant bien que mal. Un fil rouge semble tout relier mais de multiples intrigues se chevauchent, on voit aussi bien apparaître des problématiques personnelles que politiques. C’est un gigantesque ensemble dans lequel chaque élément est étroitement connecté aux autres. 
     Les meurtres sont d’une rare violence et laissent chaque fois les policiers plutôt perplexes. On assiste non pas à une traque ni même à une course contre la montre mais plutôt à une chasse à l’homme, une chasse aux sorcières qui s’intensifie au fil des pages. Le rythme n’est pas spécialement soutenu mais vient un moment où tout s’accélère et prend une cadence endiablée avant que tout retombe comme un soufflé. Il y a des accélérations et des ralentissements, des sprints et des moments dont l’allure est calquée sur celle d’un marathon. Plusieurs phases sont notamment perceptibles, celles durant lesquelles la réflexion domine, on cherche à comprendre le pourquoi du comment, on regroupe tous les éléments et on analyse chaque information, puis il y a des phases d’actions avec des meurtres, des arrestations etc. 
     Bien que les personnages soient très nombreux, je dois admettre qu’ils sont plutôt bien construits. J’ai particulièrement aimé suivre certains d’entre eux, parmi lesquels : Malin, Fabian ainsi que Nova. Chacun possède ses propres forces et faiblesses, une vie familiale et professionnelle bien chargée. Nul n’est infaillible et c’est très appréciable. L’auteur ne tombe pas – à mes yeux – dans la caricature facile des membres de la police. On est ici dans une approche un peu plus personnalisée, un univers dans lequel chacun peut s’exprimer librement. Toutefois, il est assez regrettable que certains pans entiers de la vie des personnages occupent une place assez conséquente dans l’histoire pour être balayé d’un revers de main une fois la fin en vue… On nous bassine avec quelques couples, avec les soucis qu’ils rencontrent et leur famille pour finalement… finalement pas grand-chose. C’est un poil frustrant, surtout quand on sait que l’histoire prend le temps de se mettre en place, que l’on découvre progressivement les personnages et leur environnement… J’ai presque envie de dire : tout ça pour ça ? 

     Oui, tout ça pour ça… J’avoue à contre-coeur que la fin ne m’a malheureusement pas convaincue. L’univers est riche, complexe, soulève de très nombreuses problématiques et brouille plus d’une piste, pour nous laisser sur des scènes plutôt décevantes menant à la fin… Autant l’ensemble du récit m’a captivé et cela fait vraiment du bien d’être animée par une telle volonté de lire et de comprendre, autant j’y suis allée à reculons pour la lecture des derniers chapitres. Il y a des scènes que je n’ai vraiment pas comprise, je n’ai compris ni leur sens ni leur utilité… me laissant plus que sceptique. De nombreuses mystères demeurent une fois la dernière page tournée, d’une certaine manière cela nous laisse le plaisir d’imaginer ce qu’il en est vraiment, de mesurer la portée de certains actes, mais d’un autre côté je suis extrêmement frustrée. Qu’en est-il de tous ces personnages ? De tous ces indices que l’on n’exploite pas ? De tous ces non-dits… L’épilogue apporte son lot de réponses et sème encore plus le trouble… 
     Je me suis demandé, à plusieurs reprises, si le prologue allait trouver un écho dans l’histoire L’écho en question apparaît bel et bien mais assez tardivement, lorsque l’on commence à presque oublier la teneur du passage. Il s’agit pourtant d’un élément crucial qui a guidé ma lecture. Je guettais les passages s’y rapportant… Comme je cherchais à comprendre le pourquoi du titre. La réponse se fait attendre mais je l’ai, pour le coup, trouvé tout à fait convaincante. Je pense pouvoir dire que la traduction du livre est bonne, j’ai trouvé la plume très fluide et l’histoire se lit vite et bien, et ce malgré son épaisseur ! 

    En définitive, La neuvième tombe fut une bonne lecture qui m’ a permis de renouer avec les policiers. Je suis heureuse d’être venue plutôt rapidement à bout de ce pavé ! Ahnhem Stefan signe ici un récit intense et glaçant dans lequel de multiples intrigues s’enchevêtrent. Entre meurtres sanglants et voyage entre le Danemark et la Suède, nous suivons de nombreux points de vue qui rythment l’histoire. On se perd avec les noms des personnages pour mieux se retrouver dans les ramifications qu’emprunte l’enquête. Du début à la presque fin, j’ai été absorbée par les retournements de situations et les réflexions menées. Le final ne m’a pas totalement convaincue mais je garde tout de même un très bon souvenir de cette longue lecture. 

► 3 raisons de lire La neuvième tombe :
- Un voyage dépaysant entre le Danemark et la Suède
- Des personnages loin d'être infaillibles et surtout, très humains
- Une ambiance particulière, pesante voire oppressante