Une nouvelle ère chez les mutants et mutantes débute ici. En tout cas, c'est ce que Marvel Comics et le nouvel architecte de la licence X-Men, Jonathan Hickman, prétendent. Mais, après lecture du premier épisode de la première mini-série fondatrice de cette nouvelle ère, House of X dessinée par Pepe Larraz, on peut déjà dire que le marketing ne nous a pas menti.
À force de teaser sans trop nous dévoiler, la hype était réelle. C'est donc sans trop en savoir - malgré le fait que j'avais lu la preview - que j'ai commencé à lire ce premier épisode religieusement. D'autant plus que Jonathan Hickman au scénario n'est pas un auteur facile à appréhender. Non pas en terme d'écriture mais plutôt en terme de construction de récit, parce qu'il aime mettre en place des systèmes compliqués avec des mécaniques qui interagissent entre elles avant de mettre un petit grain de sable qui vient péter cette machine qui semblait si bien rodée. On se rappelle encore des Incursions de Terres parallèles et comment cela ébranlait les fondations du Multivers ou, encore, comment il a inclus la Magie Noire au monde de la finance dans (l'excellent) The Black Monday Murders.
Ce premier épisode de House of X qui nous introduit directement le nouveau statu-quo des mutants et mutantes de Marvel ne déroge pas à cette règle. Hickman installe de nouvelles règles dans l'univers codifié des X-Men. Ce n'est pas pour autant qu'il va à l'encontre de tout ce qui était mis en place même si, très clairement, les derniers runs ne sont pas - ou très peu - pris en compte. Finalement, le seul reading order qui compte depuis Uncanny X-Men #600 est Secret Wars, Astonishing X-Men de Charles Soule, Phoenix Resurrection: The Return of Jean Grey, Extermination et le dernier Uncanny X-Men Annual afin de comprendre pourquoi certains personnages sont revenus à la vie. Et, encore, puisque d'autres supposés morts sont revenus ici, un peu comme si la scène de (re)naissance du début indique que tous et toutes les mutantes sont revenues à la vie.
Finalement, le contexte présenté est presque classique. J'avoue avoir été déçu par ce point à la première lecture puisque cela me rappelait une période des X-Men que je souhaiterais oublier - on m'a aussi dit qu'il y avait une situation très similaire dans Ultimate Comics: X-Men - mais, très rapidement le style Hickman impose le respect. Sa manière de présenter la chose montre plus d'ambition et, surtout, un fonctionnement et une approche relativement nouvelles. En plus, on sent que son idée est mûrie dans le sens où il y a quelque chose de similaire à la condition mutante aperçue dans Avengers: Time Runs Out. Cette maturité est d'ailleurs ce qui manquait aux runs précédents tentant de montrer une nation mutante. Dans ce monde forgé - dira-t-on - par Xavier, les règles établies sont nouvelles tentant justement de ne pas reproduire les erreurs du passé que cela soit celles des mutants ou celle des humains.
Le récit a une approche très politique et géopolitique. De ce fait, Hickman ne s'intéresse pas aux personnages en tant qu'individu mais, en tant que groupe, un groupe qui d'ailleurs est plus uni que jamais même si certaines personnalités semblent vouloir sortir du lot - je n'ai pas l'impression que la phrase qui termine ce premier numéro soit celle que souhaiterai entendre le Professeur Xavier.
Ce premier épisode se démarque donc par les intentions et l'approche de Hickman plutôt que par son contexte. Mais, justement, il arrive à donner du corps à l'ensemble - notamment avec des pages annexes autant informatrices qu'intrigantes - arrivant à apporter un sentiment d'excitation que la franchise n'avait pas su apporter depuis fort longtemps. En plus de ça, Pepe Larraz est en feu : chacune de ses pages est magnifique. Il présente les lieux avec des shots larges de toute beauté, il arrive aussi à retranscrire parfaitement - notamment à l'aide de Marte Garcia aux couleurs - la différence entre le côté organique de la nation mutante et la station spatiale des forces ennemies. Il s'agit très clairement de l'épisode le plus "wahou" de l'année digne d'un blockbuster hollywoodien, mais un très bien réalisé. Si le dessinateur arrive à maintenir ce niveau jusqu'au bout, je ne suis pas certain que ma rétine résistera devant tant de beauté.


