L’été en poche (11): Imago

L’été en poche (11): Imago

En 2 mots:
À travers le parcours de quatres personnes, Nadr et son demi-frère Khalil qui ont grandi dans la bande de Gaza, Fernando Clerc, fonctionnaire d’une organisation internationale et Amandine, leur mère engagée dans l’humanitaire, c’est toute la problématique palestienne qui est mise en lumière, sans préjugés et sans fards. Cyril Dion illustre aussi les possibles dérives de cette situation.

Ma note:
★★★★ (j’ai adoré)

Si vous voulez en savoir plus…
Ma chronique complète publiée lors de la parution du roman en grand format

Les premières lignes
« Tu étais dans mes bras. Ta peau contre ma peau. Ton corps lové contre ma poitrine, aspirant chaque particule de l’air que je respirais. Ta main ne pouvait rien contenir que mon doigt. Le fracas de ce monde ne pouvait t’atteindre, tant que ma présence chaude t’enveloppait. Cette tendresse absolue, ce cocon que chaque être humain aspire à retrouver, une vie entière, ce refuge qui n’est qu’amour et sécurité, ce que les gens appellent Dieu, avec le fol espoir qu’un Père divin les reprendra dans ses bras lorsque leur cœur se sera définitivement effondré…, je pouvais te le donner. Tout ton corps me réclamait. Tes phalanges autour de mes phalanges. Tes membres abandonn.s sur mon ventre. Ton souffle sur ma peau. Tes joues que je mordillais. J’étais ton Éden et ton dieu. J’étais l’espace de ton existence.
Enfin je pouvais prendre soin de quelqu’un comme j’aurais aimé qu’on prenne soin de moi. Qu’on me caresse et me protège. Et pourtant la peur me tenait. Le regard de Tarek me transperçait. Je savais que tôt ou tard un voile passerait sur ses yeux et que je n’existerais plus. Que je n’aurais jamais existé. Qu’il lui faudrait devenir cette brute froide. Je savais que je ne pourrais rien, mais je te serrais. »

L’avis de… Sophie Joubert (L’Humanité)
« S’il n’est pas autobiographique, Imago se fait l’écho des polarités contraires qui animent Cyril Dion et l’ont parfois cloué au sol. Le premier fil de la « pelote » romanesque a été le personnage de Fernando, fonctionnaire dans une organisation internationale, inspiré de Pessoa. Un être sec, qui se réfugie dans la littérature pour échapper au monde des humains. Il est l’autre demi-frère de Nadr. Leur mère, Amandine, vit retirée dans les bois après s’être épuisée dans l’action humanitaire : « J’ai vécu ce faux rythme de l’engagement. On se raconte qu’on va sauver le monde alors qu’on essaie de réparer ses propres manquements, ses failles. C’est sans fin », avoue Cyril Dion. »

Vidéo


Cyril Dion présente Imago © Production Actes Sud

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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois