Cherry · Nico Walker

Cherry · Nico Walker
Quelle histoire… Nico Walker purge une peine à la prison fédérale d’Ashland, dans le Kentucky. En 2012, il a été condamné à 11 ans de prison pour le braquage d’une dizaine de banques. Cherry a été écrit pendant son incarcération, après que Tim OConnell, éditeur chez Knopf, l’ait encouragé à écrire son histoire. Nico Walker a passé plus de trois ans à taper sur une vieille machine à écrire, à réviser et à échanger des brouillons avec des rédacteurs en chef qui ont plus dune fois douté de l’issue du projet. Le roman a finalement été publié.Même si Nico Walker insiste sur le fait que son roman est une fiction, il est clair qu’il sest abreuvé aux sources de sa propre histoire.Cherry · Nico WalkerParlons-en, de cette histoire…

Début des années 2000. Le narrateur du roman, un jeune homme issu d’une bonne famille de la classe moyenne de la banlieue de Cleveland, tombe amoureux d’Emily. Il est au collège, tourne en rond, se laisse porter. À peine sorti de l’adolescence, à l’aube de la vingtaine, il s’engage dans l’armée. Il passe 11 mois en Irak, à travailler comme infirmier-ambulancier. Entre 2005 et 2006, il effectue quelques 250 sorties sur le terrain. De retour chez lui, un stress post-traumatique extrêmement grave le rend dysfonctionnel. Il retrouve Emily, devient accro aux opioïdes, puis à l’héroïne. L’héroïne, plus que l’amour, prend le dessus.Emily et lui dépensent plus de mille dollars par semaine pour assouvir leur addiction. Pendant qu’elle enseigne, il braque des banques. Jusqu’à ce qu’un braquage tourne mal...Cherry, c’est la confession franche et sincère d’une jeunesse à la dérive, sans buts, sans passions ni ambition profonde. Cette confession est celle d’un bon gars tout ce qu’il y a de plus ordinaire,un peu tête en l’air, désoeuvré, qui se retrouve parachuté en Irak.Niko Walkern’y va pas avec le dos de la cuillère. À aucun moment il ne cherche à se donner le beau rôle et à embellir le décor. Qu’il évoque les mauvais choix de son narrateur, ses erreurs ou son impuissance, l’honnêteté et la lucidité sont toujours au premier plan. La réalité qu’il décrit est crue et brutale. Le tableau qui en résulte est saisissant.Les parties du roman les plus éprouvantes sont celles où il est question de l’Irak. Des corps déchiquetés, des cadavres calcinés, le narrateur en a vus plusieurs. De la souffrance, il en a vu partout. Plus souvent qu’autrement, il ne peut rien faire, se retrouve totalement impuissant. Ses frères d’armes se défoncent avec du nettoyant pour clavier d’ordinateur, regardent du porno et tirent sur des souris pour le pur plaisir. Il faut bien évacuer… Ils n’étaient aucunement préparé à ce qui les attendait.L'écriture est brute et fougueuse, souvent teintée d’humour et de pics de désespoir. C’est parfois un peu trop forcé, parfois une peu trop relâché. Reste que la sincérité du ton est désarmante. Niko Walker ne tourne pas autour du pot, son roman montre bien la futilité de la guerre et accuse la manière dont les vétérans toxicomanes sont laissés à eux-mêmes. C’est dur, très dur. Cette histoire d’un bon gars qui n’a pas eu de chance a de quoi faire réfléchir longtemps.Cherry, Nico Walker, trad. Nicolas Richard, Les Arènes, 432 pages, 2019.



Un immense merci à Electra de mavoir apporté lédition française. Il était hors de question que je lise la version québécoise du roman. La couverture parle delle-même... Je ne suis pas snob pour deux cennes, mais jai un minimum de goût! L’habit ne fait peut-être pas le moine, mais là, j’ai l’impression qu’on passe complètement à côté du lectorat susceptible de s’intéresser à ce type de roman. Qu’on aime ou non, la couverture française frappe dans le mille en évoquant la critique sociale présente dans le roman. À lopposé, et à mon humble avis, la couverture québécoise ratisse plutôt du côté du polar. En ce sens, elle passe complètement à côté de la plaque.Cherry · Nico Walker

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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois