Olga de Bernhard Schlink

Olga de Bernhard SchlinkOlga

Bernhard Schlink

Traduit de l’allemand par Bernard Lortholary

Gallimard

Janvier 2019

272 pages

Lu sur liseuse

 

« Elle aimait les cimetières parce que là ils étaient tous égaux, les puissants et les faibles, les pauvres et les riches, les gens qui avaient été aimés et ceux dont personne ne s’était soucié, ceux qui avaient connu le succès et ceux qui avaient échoué. À cela le mausolée ou la statue d’ange ou l’imposant tombeau ne changeaient rien. Ils étaient tous également morts, nul ne pouvait ni ne voulait plus être grand, et trop grand ne voulait plus rien dire. »

 

Le destin d’une femme dans l’est de l’empire allemand de la fin du XIXème siècle jusque dans les années 1970.

Ce roman est découpé en trois parties très différentes. L’écriture de la première est factuelle, il n’y a aucune place pour les émotions. La narration externe met une distance entre le lecteur et les personnages. On nous raconte la vie d’Olga, son amour, son métier d’institutrice et à la fin de cette partie, on se demande bien ce qu’on peut apprendre d’autre. Et surtout, je renâclais à poursuivre ma lecture tellement le style me paraissait froid et plat.

La seconde partie s’ouvre sur un autre narrateur.  Un homme raconte Olga, ou tout au moins ce qu’il a connu et ce qu’il a appris d’elle. Il était petit garçon, quand elle est entrée dans sa vie. La distance entre les personnages et le lecteur s’amoindrit, on comprend certaines choses, on en devine d’autres, on commence à s’attacher à cette femme hors du commun pour son temps. Le roman se fait plus tendre, plus accessible, les personnages s’humanisent.

La dernière partie regroupe des lettres. Je n’en dirai pas davantage. L’émotion est enfin là.

La construction du roman donne le ton, on chemine du plan le plus large jusqu’au plan le plus resserré. C’est plutôt bien vu. J’avais deviné certaines choses qui sont dévoilées dans la troisième partie mais peu importe, l’intérêt du roman n’est pas là, mais plutôt dans la vision historique d’une Allemagne qui avait les yeux plus gros que le ventre, d’une Allemagne qui se voulait toute puissante, d’une Allemagne qui avait des rêves de grandeur. D’après Olga, Bismarck est la source de tout le mal, son point de vue sur son pays est vraiment intéressant.  Au risque de se voir destituée de sa profession d’enseignante, elle osera contrer le pouvoir et refusera d’enseigner à ses élèves la théorie des races. Elle deviendra couturière.

Olga est un personnage féminin à l’allure humble mais qui a su se battre contre une idéologie toxique, une femme amoureuse d’un homme  fasciné par les grandes étendues, et qui la quittera à de multiples reprises pour les parcourir, la femme d’un seul homme.


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