Né d’aucune femme, Franck Bouysse

Né d’aucune femme 

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Né d’aucune femme est LE roman à l’auteur plusieurs fois primé dont tout le monde parle dans la blogosphère depuis quelque temps. Sorti chez la manufacture de livre, un éditeur indépendant spécialisé dans le roman social noir, le nouveau roman de Franck Bouysse choc, perturbe et ne laisse pas insensible.

C’est cette nuit-là que j’ai compris que ça voulait rien dire, dormir, que c’étaient rien que des petits galops plus ou moins réussis, que la vraie course qui s’arrête jamais, c’est la mort.

Savoir écrire l’indicible 

Depuis que je lis et de façon régulière, peu de livre m’ont marqué. Beaucoup sont bons bien entendu, mais d’autres ont ce petit quelque chose qui bouscule et reste en mémoire pour plusieurs années. Ce sont mes petits chef-d’œuvres que je garde précieusement et que j’ai plaisir à recommander.

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Né d’aucune femme fait désormais partie de ces livres et je dois bien avouer que pour une fois, son succès est entièrement mérité. Le roman prend place au début du XXe et raconte la vie de Rose, une adolescente de quatorze ans d’abord vendu par son père puis domestique à la maison du maître de Forge. Roman polyphonique, Né d’aucune femme est à mon sens, un hommage aux romans sociaux de la fin du XIXe investi par Zola , parlant du monde ouvrier et populaire sans détour en mettant en face du lecteur une vérité peu reluisante. Âme sensible s’abstenir, car Franck Bouysse ne ménage pas.

Il y a l’horreur de l’abandon d’une adolescente à peine nubile par des parents dans la misère. Mais ce qui semblait être un cadeau afin d’avoir une chance de vie meilleure devient très vite un cauchemar. L’histoire de Rose prend aux tripes et remue tant qu’il devient parfois difficile de poursuivre. On espère qu’elle trouve le bonheur à un moment, tant tout n’est que noirceur et souffrance.

Écrire la violence est difficile. Il faut trouver les mots justes, sans tomber dans la surenchère inutile et installer un équilibre. J’avais quelques appréhensions sur la capacité de l’auteur ne l’ayant jamais lu. Il y a une sorte de beauté derrière la violence décrite et Franck Bouysse réussit un coup de maître ! Il subjugue par la maîtrise et l’empathie, comme l’antipathie, qu’il nous fait ressentir. On ressort de là en ayant reçu une immense claque littéraire. Une sorte de pudeur et finalement de bonheur transparaît par la maternité qu’on en oubli tout ce que Rose a pu vivre.

A la dernière page, on se rend compte qu’on en a oublié de respirer.


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Edition La Manufacture de Livre

416 pages


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