Créatures Sacrées – Tome 1

Chronique « CRÉATURES SACRÉES – Tome 1 »

Scénario de KLAUS JANSON, dessin de PABLO RAIMONDI et CHRIS CHUCKRY

Public conseillé : Ado / Adultes (Publics Avertis)

Style : Fantastico-mystiquo-religieux
Paru le 03 avril 2019 aux éditions DELCOURT,
160 pages couleur
Prix 15,95 euros

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ça commence comme ça…

Josh Miller se trouve dans un ascenseur lorsqu’il reprend ses esprits. Il est couvert de sang et tient à la main une curieuse dague. Cependant, il ne va pas pouvoir prendre le temps de faire le point sur ce qu’il vient de se passer. À peine sorti de l’hôtel dans lequel il se trouvait, un inspecteur le tient en joue et le somme de jeter son arme ! Ceci n’est que le début d’une très longue journée pour Josh…

Ce que j’en pense

Bolobolo

Souvent, les tomes de présentation sont assez fastidieux à lire. Pourtant, le scénariste, Klaus Janson trouve ici la parade en nous plongeant directement dans l’action sans plus de formalités. Dans un premier temps, ne savons donc rien de Josh ni de l’étrange fratrie qui nous est présentée dans les premières pages. Puis, un premier flash-back nous en dit un peu plus et le scénario continue comme ça à jongler entre présent et passé jusqu’à la fin. Un développement, certes déjà vu, mais qui a le mérite d’apporter un rythme très soutenu à ce premier album.

Là où « Créatures sacrées » est beaucoup plus original, c’est dans la façon où Klaus Janson y aborde la religion. Ici, les sept péchés capitaux sont personnifiés sous la forme des Nephelim, des personnages qui utilisent notre héros comme leur jouet. Même Dieu, ou du moins sa représentation terrestre, prend ici une forme pour le moins inattendue. Nous assistons donc à une sorte de transposition de la Genèse à notre époque. De plus, chaque détail a été pensé pour donner plus de crédibilité au récit. La personnalité des Nephelim, par exemple, a été choisie par rapport au péché qu’ils incarnent. L’orgueil ne supporte pas la paresse tandis que la gourmandise et la luxure ne se quittent pas.

Mais revenons sur Josh. Ce personnage représente à lui seul une énigme pour les lecteurs. En effet, sans vraiment parler d’antihéros, il n’a rien d’extraordinaire. Il sort d’études qu’il a fait traîner en changeant de voie en cours de route, il a une belle-mère qui ne peut pas le sentir… un véritable monsieur Tout-le-Monde en sommes. Du moins, il le serait si les Nephelim ne s’employaient pas tout au long de l’album à lui pourrir l’existence. C’est pourquoi très vite une question se pose. Puisque Josh semble avoir été choisi (et pas par hasard) pour accomplir ce que ses bourreaux ne parvenaient pas à faire depuis des siècles, pourquoi un homme aussi banal ? Une interrogation légitime à laquelle seule la dernière planche de l’album donne peut-être un début de réponse.

Les dessins, quant à eux, viennent apporter la cerise sur le gâteau de l’album. La patte du dessinateur, Pablo Raimondi est dans l’air du temps tout en garantissant un aspect assez réel à l’ensemble. L’artiste soigne, en effet, son trait jusque dans les mimiques des personnages. Pour achever le tout, la colorisation, signée Chris Chuckry, bien que réalisée par ordinateur, n’a pas ce côté impersonnel que l’on retrouve parfois (pour ne pas dire souvent) dans ce genre de mise en couleurs.

« Créatures sacrées » a donc déjà tout d’une grande série. Des rebondissements surprenants, de l’action mélangée à une intrigue recherchée et surtout les lecteurs y prendront un certain plaisir (malsain) à voir le pauvre Josh se débattre avec ses démons (dans le sens propre comme au figuré).


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois