La Fillette au Drapeau blanc. Saya MIYAUCHI – 2017 (Manga)

La Fillette au Drapeau blanc. Saya MIYAUCHI – 2017 (Manga)

La Fillette au Drapeau blanc

D'après la vie de Tomiko HIGA

Saya MIYAUCHI

Editions Akata, octobre 2017

192 pages

Thèmes : Deuxième Guerre Mondiale, Japon, Guerre du Pacifique, Histoire, Survie, Famille

La Fillette au Drapeau blanc. Saya MIYAUCHI – 2017 (Manga)

La photo a été prise par le photoreporter John Hendrickson et dévoilée en 1977.

La Fillette au Drapeau blanc. Saya MIYAUCHI – 2017 (Manga)

Avril 1945, la guerre du Pacifique fait rage, mais sur l'île d'Okinawa, au sud des quatre îles principales qui forment la " métropole " nippone, elle n'est encore qu'un lointain murmure.

Tomiko Higa a six ans, et vit à Shuri, entourée de son père, veuf, de Chokuyû, son frère aîné de deux ans (surnommé Nînî), d'Hatsuko et Yoshiko, ses sœurs de 12 et 16 ans (surnommées Nênê).

Elle a aussi deux autres grandes sœurs, qui se sont mariées et qui vivent loin, deux grands frères qui combattent en Chine, et un autre qui travaille à la métropole.

Mai 1945, les Américains bombardent Okinawa et progressent très rapidement sur ses terres, précédés par l'horrible portrait et réputation propagés par les soldats et civils japonais.

Leur père, qui ravitaille l'unité de communication basée non loin, est parti (leur) chercher de quoi manger.

Après trois jours sans nouvelles, il leur faut se résigner à partir, au sud, talonnés par l'avancée des troupes américaines.

Peur, faim, soif, mort(s), bombardements incessants, cadavres dans les points d'eau, terres retournées, mort de Chokuyû, touché par une belle perdue, perte de ses deux sœurs.

Tomiko se retrouve seule, errante, hurlante, assistant à des horreurs encore plus inhumaines que la guerre.

Les soldats japonais censés la protéger la terrifient et la menacent, ils sont la mort qu'ils répandent sans distinction.

Agis toujours en réfléchissant avec ta propre tête.
N'imite pas les autres.

Elle s'écarte des chemins, se souvient des moments heureux et des conseils de sa famille, progresse de nuit, observe les animaux (un lapin blanc, des fourmis, une chèvre, une souris), se nourrit de feuilles recommandées par son père.

Un jour, affamée, elle sent une odeur de miso s'échapper d'un trou.

Dans une galerie souterraine, elle découvre un vieux couple. Elle est aveugle, lui est handicapé, tous les deux se soutiennent.

Auprès d'eux, elle passera le reste de la guerre.

Grâce à eux, elle en réchappera.

Le plus important, c'est la vie.

Ce manga est un récit de survie.

Dur, à la limite du soutenable, il nous montre combien (même si nous le savions déjà) la guerre est atroce et inhumaine, alors même qu'elle est dirigée et menée par des hommes et contre des hommes.

Avec pour victimes collatérales plus nombreuses que les soldats, les civils, hommes, femmes, enfants, vieillards...

Pour se protéger, pour continuer à avancer, comme tant d'autres avant et après eux (dans ce conflit comme dans d'autres), Tomiko et sa famille devront apprendre à fermer les yeux, à ne pas s'apitoyer (ce passage est vraiment difficile) pour avoir une chance de vie, de survie.

Pourtant, ce qui permettra à Tomiko de s'en sortir, et heureusement de retrouver ses sœurs, indemnes, ce sera son innocence, sa pureté face à l'horreur et son espoir.

J'ai été saisie par ce témoignage , d'autant que je ne connaissais pas grand-chose de cette partie du conflit, rattaché à la Deuxième Guerre Mondiale.

Il est dans les pas de La tombe des Lucioles d'Akiyuki Nosaka (livre que je veux lire) / Le Tombeau des lucioles, réalisé par Isao Takahata, film qui m'avait beaucoup émue et que j'aimerais revoir.

Les dessins de Saya Miyauchi sont très expressifs, et s'accompagnent parfois de photographies, rendant ce récit encore plus bouleversant.

Le manga se referme sur un dossier dessiné de quelques pages dans lequel Saya Miyauchi nous raconte son projet et sa visite à Okinawa. Elle n'a pas totalement reproduit le parcours (supposé) de Tomiko, nous révélant d'autres lieux détruits par la guerre et l'empreinte qu'elle y a laissé, mais lui ayant permis de sentir et de reproduire au plus juste les grottes, les roseaux, les falaises, et même l'absence de lumière.

J'ai lu de nombreux livres pour adapter cette œuvre en manga.
Plus j'en lisais et j'en apprenais, plus j'étais remplie d'un sentiment d'indignation.
On ne peut affirmer qui a tort, ni qui est coupable.
La guerre rend tous les hommes malheureux.

Saya Miyauchi


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