Le Retour du jeune Prince d’A.G Roemmers

Par Livresque78

Qui ne connaît pas, au moins de nom, Le Petit Prince de Saint Exupéry ? Un conte philosophique qu'on est souvent amené à découvrir au collège et qui charme beaucoup, marquant les esprits grâce à des scènes devenues mythiques : " Dessine-moi un mouton ", le renard qui veut être apprivoisé... Ecrire la suite d'un tel chef d'œuvre, d'un tel mythe semble être un pari complètement fou, mais ça n'a pas effrayé A.G Roemmers.

Sur bien des plans, c'est un pari réussi. Dès les premiers chapitres, j'ai retrouvé le charme du conte de Saint Exupéry et j'ai été touchée par l'idée de cet éternel enfant devenu grand. On s'amuse rapidement à repérer les indices qui permettent de percer l'identité de ce jeune homme endormi au bord de la route. Le désert encore, les cheveux, les vêtements.

Notre petit prince a grandi et comme tout individu qui quitte l'enfance, il a connu la désillusion et l'impact souvent violent de la réalité. Pourquoi est-il revenu ? Pour retrouver son ami aviateur et lui demander des explications sur toutes ces désillusions. Un enjeu que l'on sait vain mais le narrateur ne l'avoue jamais au jeune homme. Notre petit héros a toujours une forme de naïveté mais j'ai trouvé ses questionnements plus philosophiques. Son voyage est également plus terre à terre : il n'y a plus d'animaux qui parlent, mais des hommes qui agissent, défiant parfois la logique de ce grand enfant.

Ce qui m'a dérangée, c'est le côté bien trop " bien pensant " des réponses du narrateur aux questions du Prince. Si l'aviateur du conte originel m'a toujours paru aussi charmant que l'enfant dans ses tentatives d'expliquer la réalité du monde en l'associant à l'imagination de l'enfance, ici, les discours s'apparentent un peu trop, à mon goût, à des leçons de développement personnel, des leçons de vie sur Dieu, les relations de l'homme à l'avoir plutôt qu'à l'être, etc...

Néanmoins, le charme du jeune Prince agit toujours. Sa spontanéité, sa fragilité, sa sensibilité sont des preuves bien plus probantes que tous les monologues du conducteur de ce que pourrait être la nature humaine. En cela, encore une fois, le pari est réussi. Quant au message final, différent de l'originel (avec le retour du prince chez lui), je le trouve riche et subtilement ambigu. Je ne spoilerai pas le roman mais je laisse la question en suspens et quand vous aurez lu ce texte, qui paraît aujourd'hui, n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez : cette fin est-elle optimiste ou au contraire désabusée ? Pour moi, les deux se défendent, mais je ne peux pas vous dire en quoi.

Au plaisir d'en discuter avec vous, si le cœur vous en dit ! En attendant, j'aurai le plaisir d'en discuter avec l'auteur lui-même dès demain, je suis ravie !!! Je vous raconterai, promis !

Priscilla (@Priss0904, @litterapriscilla, Page Facebook)