La Guerre des Lulus – 1916 - La perspective Luigi 1/2. Régis HAUTIERE et Damien CUVILLIER – 2018 (BD)

La Guerre des Lulus – 1916 - La perspective Luigi 1/2. Régis HAUTIERE et Damien CUVILLIER – 2018 (BD)

Thèmes : Première Guerre mondiale, Allemagne, Amitié, Pauvreté, Histoire

Les Lulus, ce sont quatre garçons et une fille.

Lucien, Luigi, Ludwig et Lucas sont quatre orphelins inséparables, qui vivaient dans l'Abbaye de Valencourt jusqu'à ce que la guerre éclate et que l'orphelinat soit évacué par l'Armée Française... mais sans eux, partis en forêt construire leur cabane.

C'est en allant au village qu'ils ont découvert Luce, réfugiée belge séparée de ses parents.

Après avoir vécu seuls dans leur cabane en 1914 ( tome 1) et relativement en marge de la guerre, ils sont rejoints et aidés par Hans, un déserteur allemand, devenu leur ami ( 1915 -tome 2).

Mais après sa mort, ils se sont vus contraints de fuir la région et de se réfugier un temps à Guise dans son Familistère ( 1916- Tome 3), avant de prendre un train, en partance pour la Suisse, pensaient-ils...

Mais c'est à Berlin, en Allemagne, qu'ils se sont retrouvés.

Ce spin-off, en deux parties, nous raconte ce qu'ils y ont vécu.

Un homme vient retrouver Luigi, devenu confiturier (ce qui n'étonnera personne !), dans un café.

Il aimerait recueillir son témoignage sur le temps qu'il a passé en Allemagne, ses amis et lui, les Lulus, durant la Grande Guerre.

Alors Luigi parle, bien que les mots, il ne soit pas très à l'aise avec.

Son récit est entrecoupé par les questions que lui pose l'homme, pour éclaircir un point, recontextualiser... Et ainsi se passe l'album entre présent et flashbacks, aux dessin et couleurs distincts.

Il nous raconte leur descente du train, la fuite derrière un enfant pickpocket, tous pourchassés par des policiers et leur confrontation, puis intégration dans la bande de Josef, qui mène une dizaine de gamins des rues, filles comme garçons.

Sur un malentendu, ces derniers pensent qu'ils sont Suisses, même si c'est du côté français, et cela arrange bien nos Lulus, qui arrivent à gagner leur sympathie avec les pots de confiture gardés dans leurs valises.

Puis, assez vite, à comprendre certains mots jusqu'à pouvoir parler.

La typographie des bulles suit d'ailleurs cette évolution.

A leurs côtés, ils découvrent la mendicité, le braconnage, le vol, la duperie. Il faut bien manger ou gagner de l'argent pour se nourrir.

C'est ainsi que se termine ce tome, sur une note triste et douloureuse, nous promettant bien des péripéties dans le second tome.

C'est avec le dessin de Damien Cuvillier que ces évènements nous sont rapportés. Un autre dessinateur pour un autre point de vue.

Alors que nous ne savons pas qui est le narrateur dans la série originelle (bien que le tome 5 nous offre un petit aperçu), il est ici clairement identifié : Luigi.

Cela explique les physiques un peu différents, mais aussi des souvenirs similaires.

Le dessin rond, les trognes des personnages (et donc de nos Lulus), le choix des couleurs, m'a moins plu, mais je pense que c'est juste dû à l'habitude de voir les Lulus croqués par Hardoc.

Cependant, le dessin est aussi, paradoxalement, plus drôle, même si ce terme paraît incongru.

Damien Cuvillier accentue les expressions faciales et corporelles, dans les personnages, comme par l'ajout de trait autour d'eux, un visage tout rouge ou de la fumée sortant des narines...

Pour exemple, la présence d'un gribouillis dans une bulle au-dessus d'un lapin qui a échappé de peu au civet.

Il joue aussi sur les angles de vue, les perspectives, ce qui apporte beaucoup de dynamisme et contrebalance la dureté de ce qui nous est raconté.

Le texte, les mots, profitent aussi de ce changement.

Avec ce procédé de l'interview, les faits nous sont rapportés d'une manière orale et non écrite, et d'une manière plus familière, moins travaillée, plus spontanée, mais aussi peu chaleureuse.

Sont-ce les 20 ans qui ont passé, les épreuves subies ensuite et depuis, ou autre chose encore, mais l'amitié des Cinq est relativement peu retranscrite, et même non mentionnée en 1936...

Que s'est-il passé ? Je veux savoir !

Vivement la suite de cette Perspective comme de la série originelle.

Qu'en a pensé Enna ? Allons lire son avis !


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois