Entretien entre lectrices – Le sourire du diable, de Nancy Guilbert

Après la lecture et la chronique du Sourire du diable, il y a eu une interview de Nancy Guilbert. Comme dernier chapitre de l’aventure, Entre Les Pages, Vivre livre et La maison livre vous proposent un entretien entre lectrices.

La chronique de Pauline – La chronique de Cécile – La chronique de Blandine

Entretien entre lectrices – Le sourire du diable, de Nancy GuilbertPhoto : Nancy Guilbert

Qu’avez-vous pensé du titre et de la couverture du roman de Nancy ?
Blandine :
J’ai su le titre avant de découvrir la couverture (très belle). Les deux sont très complémentaires. Sans l’image de la couverture, ce titre suppose qu’une personne de mauvaise aura se trouve dans l’histoire. La couverture renforce cette impression et indique un contexte historique, de par sa couleur dominante (kaki) et l’ombre noire en uniforme militaire. Celle de la femme, enceinte, bien que plus claire, ne m’est pas apparue d’emblée. Et l’on pressent quelque chose de tragique dans la fusion de ces éléments : titre-couleurs-dessin.

Cécile :
J’aime beaucoup la couverture, je trouve qu’elle complète bien le titre, en l’explicitant un peu, juste ce qu’il faut pour attiser la curiosité du lecteur. Elle est à la fois douce et mystérieuse, mais associée au titre, aucun doute sur l’ombre noire un peu lugubre que l’on voit derrière la femme. Cette couverture est très réussie, et associée au titre, c’est parfait.

Pauline :
Les deux sont très beaux. Ils en jettent, je dirais même ! Ils donnent envie de découvrir le roman s’accordent sur le côté sombre de l’histoire. Mais je suis d’accord avec Cécile : il y a aussi de la douceur dans l’illustration de la couverture. Tout comme il y a de l’espoir dans le texte.

Qu’est ce qui vous est venu à l’esprit lorsque vous les avez découverts ?
Blandine :
Lorsque je l’ai découverte, j’ai été plutôt surprise. Bien qu’elle suggère une part d’ombre, je trouvais qu’elle disait beaucoup du roman. Mais c’est aussi parce que je connaissais la thématique et (beaucoup) de l’histoire, ayant eu la chance de la lire en tant que bêta-lectrice.

Pauline :
Le titre m’a plu tout de suite car je l’ai trouvé très énigmatique. Comme je l’ai connu avant d’avoir accès au résumé du roman ou à la couverture, je ne savais pas dans quel contexte les mots étaient utilisés.
Quand, ensuite, j’ai découvert la première de couverture, j’ai pensé que j’en savais un peu plus mais c’est tout. Je me suis volontairement empêchée de réfléchir à ce que pourrait être l’intrigue de ce livre, j’avais très envie d’être surprise par les événements.

Cécile :
Lorsque j’ai découvert le livre, j’ai tout de suite aimé le contraste entre la douceur du vert, la teinte pastel du titre et la noirceur de la silhouette d’homme derrière celle de la femme. Ce contraste se retrouve bien dans le roman ensuite.

Qu’avez-vous particulièrement aimé dans ce roman ?
Blandine :
Le contexte historique. C’est une période, et la guerre en général, qui m’ « attire » beaucoup.
Elle est propice à bien des scenarii, mais permet aussi de faire des ponts et d’aborder des points (encore) très actuels, sans effet moralisateur, convenu, démagogique. Les multiples formes de la narration : l’épistolaire, le dialogue, le journal intime et la narration pure. J’aime les polyphonies. Les relations familiales et plus encore inter et trans générationnelles. Chacune d’entre nous avons mis en avant un point particulier, un aspect du roman qui nous a parlé au cœur. Cela montre qu’il y a autant de lectures possibles que de lecteurs. Et c’est fascinant. Pauline  : « Tout cela, autour de la nécessité pour chacun de savoir d’où il vient. » Cécile  : « Je remercie Nancy Guilbert du fond du cœur de mettre en lumière à travers ses écrits des messages de tolérance, de bienveillance, d’empathie. » Blandine : Les différentes formes du silence rencontrées dans le roman (je ne veux pas trop en dire donc ne les cite pas toutes) le secret, les années qui passent, l’absence, la disparition, mais aussi le délai d’attente entre les courriers…

Pauline :
Particulièrement ? Le fait, encore une fois, de découvrir comme un talent caché de Nancy, habituée que j’étais à lire ses albums pour plus jeunes lecteurs. J’aime les histoires de famille, les secrets, les intrigues historiques et psychologiques aussi. Alors j’ai aimé que tout soit réuni dans un seul et même livre !

Cécile :
J’ai aimé dans ce roman les intrigues que l’on découvre à travers les lettres et le journal de Rose, les différentes informations qui sont distillées peu à peu et entretiennent le questionnement du lecteur. J’ai aimé aussi évoluer avec les personnages à travers différentes époques, très bien décrites, notamment grâce aux musiques qu’écoutent les protagonistes.

Aimez-vous les histoires avec des secrets de famille ?
Blandine :
Oui, c’est une thématique qui me touche beaucoup – certainement parce qu’elle résonne de trop.

Pauline :
Énormément ! Nous sommes tous concernés par les secrets de famille et ils peuvent être fascinants. Ceux que nous croisons dans les livres nous font forcément un peu réfléchir à ce que nous traversons/partageons/évitons dans la réalité.

Cécile :
Je crois que ce sont mes préférées. Un secret de famille peut être la source de tellement de sentiments, d’interactions, de découvertes. C’est un excellent ressort dans une histoire et finalement, les « secrets de famille », ça peut concerner beaucoup de personnes !

Sur quelle étagère avez-vous rangé ce livre chez vous ?
Blandine :
Il est dans ma chambre, dans ma bibliothèque en face de mon lit, parmi mes romans ado préférés.
Entre autres : U4 / Deux secondes en moins / Blue Cerises / Soul Breaker, etc.

Pauline :
Dans une des bibliothèques de mon bureau avec tous (ou presque) les autres livres de Nancy que je possède.

Cécile :
Je l’ai posé sur l’étagère réservée à la littérature jeunesse, à côté de Deux secondes en moins, le roman que Nancy a écrit avec Marie Collot, lui aussi une belle histoire de résilience.

Où / Comment classeriez-vous cet ouvrage dans une librairie pour que les lecteurs le trouvent ? 
Blandine :
Je le rangerais parmi les romans ado. Soit par classement alphabétique. Nancy ayant écrit un autre roman ado, cela permettrait d’avoir une « épaisseur ». De face (à son arrivée puis pour le remettre en avant) puis de côté. Dans un classement thématique, il risquerait d’être « noyé » car il y a beaucoup de romans ado sur la période. Et pour un évènement particulier, une actualité, mise en avant de face, sur une table ou en vitrine.

Pauline :
Au rayon jeunesse, évidemment. À côté de tous les autres livres de Nancy, albums, petits ou plus épais romans confondus. Oui, j’aime repenser l’organisation des librairies ou bibliothèques ! Cela montrerait aux lecteurs que les auteurs peuvent écrire des choses très différentes et qu’ils sont donc eux aussi invités à aimer plein de styles de lectures différents.

Cécile :
Je crois qu’il serait exposé à plusieurs endroits. Avec les « romans jeunesse » (ados), toujours au rayon jeunesse, dans l’espace réservé à l’histoire, et puis dans un espace « psychologie/ résilience ». Je le mettrais en évidence dans tous ces rayons-là afin qu’il trouve son public à tous les coups, car il représente tout cela à la fois.

Si vous aviez seulement droit  à deux phrases de quelques mots pour donner envie de le lire, lesquelles seraient-elles ?
Blandine :
« -Tu reproduis exactement ce qu’a fait Rose avec toi et que tu lui as si violemment reproché. Parle à Nina. Tu sais combien les secrets de famille sont des poisons. »
« On ne peut pas obliger les gens à s’aimer s’ils ne l’ont pas décidé. »

Pauline :
Pas de citations pour moi mais : Le sourire du diable vous montrera combien l’amour, le temps et l’identité sont importants. Il vous fera sûrement changer certaines choses dans votre existence.

Cécile :
« J’ai attendu que la maison s’endorme pour remonter à pas de loup dans le grenier. Je me suis assise en tailleur sur la couverture que j’avais emportée. Par quoi allais-je commencer ? Le journal de Rose m’attirait comme un aimant, et c’est lui que j’ai décidé de prendre en premier. »

« Décidément, que de secrets. C’était pire qu’avec des matriochkas : j’avais l’impression que la dernière poupée n’existait pas : il y en avait toujours une, encore et encore, à l’infini. »

Quelle impression vous laisse ce livre quelques semaines après en avoir terminé la lecture ?
Blandine :

Concernant l’histoire : l’impression d’un grand gâchis. Concernant son impact dans la vie : qu’il faut dire les choses, qu’il faut exprimer aux gens qui nous entourent combien on les aime/pense à eux.

Pauline :
Je m’en souviens parfaitement ou presque ! Ce qui veut dire que j’ai passé un excellent moment mais aussi que ce livre m’a touchée à plusieurs niveaux. Il me fait penser à des choses que je devrais faire et que je ne fais pas…

Cécile :
Plus le temps passe, plus les souvenirs que j’ai de cette histoire sont des souvenirs de douceur, malgré le drame qui en constitue la trame. Il me reste le souvenir de la fin de l’histoire, un moment très fort.

Quel est le personnage qui vous a le plus touchées dans ce roman ?
Blandine :
Ma réponse immédiate aurait été Louise, la fille et mère. Car, il me semble que c’est elle qui a le plus souffert. Pas tant physiquement, mais psychologiquement c’est certain, et qui a transmis sa souffrance. Mais, je dirais aussi Nina, « victime » collatérale, suivante et bien innocente du/des silences et des hontes, qui ne comprend pas et qui cherche des réponses, bien naturellement.

Pauline :
Louise m’a énormément touchée car elle se trouve au milieu de l’intrigue dans tous les sens du terme. Elle est la fille et est mère elle est aussi. C’est avec elle que tout commence, c’est aussi peut-être pour ça qu’elle ressort plus que les autres quand je pense aux personnages de ce roman. J’aime aussi beaucoup le personnage de Friedrich qui mériterait un livre à lui tout seul.

Cécile :
Je crois que le personnage pour lequel j’ai ressenti le plus d’empathie est celui de Rose. Pour les épreuves qu’elle a traversées, qu’elle a dû affronter assez seule et pour lesquelles elle n’a pas su trouver de solution.
J’ai également ressenti beaucoup de sympathie à l’égard de Friedrich Jung, l’ami que l’on aimerait tous avoir.

Qu’est-ce qui a vous a donné envie de lire ce roman ?
Blandine :
J’ai eu la chance de découvrir ce roman pendant sa gestation. Le lire une fois publié était une évidence.  Découvrir comment Nancy avait finalement tourné son histoire, les choix faits ou écartés. C’est génial et passionnant ! Même sans cela, j’aurais souhaité lire ce roman, juste parce qu’il est de Nancy !

Pauline :
Je n’ai pas envie de cacher mon amitié avec Nancy. Je lis les livres de Nancy car ils sont écrits par Nancy. J’aime échanger avec elle avant, pendant et après la création, lire ses livres est juste une évidence. Cela a déjà été dit mais je l’ai découverte ici dans un tout autre registre et j’ai autant apprécié cela que le roman en lui-même. J’ai donc hâte de lire son prochain roman !

Cécile :
J’avais très envie de lire ce roman parce qu’il est écrit par Nancy et je suis toujours très sensible aux valeurs qu’elle partage. De plus, la seconde guerre mondiale est un thème qui m’a toujours attirée. Et pour finir, dans ce roman il y a un petit lien avec Berlin, une ville que j’aime énormément et dans laquelle j’ai la chance de vivre depuis un peu plus de trois ans.

Nancy est une auteure qui excelle dans les différents formats de livres et de lectorat. Avez-vous un ou deux de ses livres à recommander ?
Blandine :
La grande nuit, illustré par Séverine Dalla chez Vertpomme
Mission Dinosaure. Vol au Musée d’Histoire Naturelle de Lille. Chez Ravet-Anceau

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Pauline :
Quelle question difficile ! J’ai un penchant pour les enquêtes et je trouve que sa série petits polars est idéale pour une initiation au genre. Sur mon blog, j’ai rédigé des chroniques pour Opération requin : Enquête à l’aquarium de Boulogne-Sur-Mer et Aventure au musée de l’Institut Pasteur de Lille. Un mur si haut est puissant ! Ma liberté tout en couleurs est nécessaire ! Deux secondes en moins (pour les plus grands) est bouleversant ! Ah, c’était un ou deux livres seulement ? Oops !

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Cécile :
Mes recommandations iraient vers Un mur si haut, un magnifique album qui traite de façon universelle des guerres entre les peuples, des murs que l’on construit et des déchirements que cela engendre. Je recommanderais également Ma liberté tout en couleur, un roman écrit à quatre mains avec Sylvie Baussier. Ce roman raconte l’histoire de Cassie, jeune esclave dans une plantation de coton.

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D’autres très beaux ouvrages de Nancy :

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