Chair-Ville de Gabriel Henry

Chair-Ville de Gabriel Henry

La ville apparaît dépeinte ici comme le théâtre d'une misère morale. Une attention sensible portée à ses matériaux l'associe d'emblée à la brutalité et plus généralement à l'absence d'humanité. Le JE poétique paraît en lutte perpétuelle avec une forme d'obscurité profonde qui inonde sa vision et lui confère cette position d'étranger. L'écriture vient compenser une expérience de vie douloureuse trouvant son salut dans le langage, et l'esprit se libère dans la langue.

" L'auteur aborde des sujets d'actualité comme l'écologie, ou la question migratoire, c'est pourquoi ce recueil constitue une oeuvre qui s'inscrit aussi dans son temps. Oscillant entre désillusion et célébration, faisant l'éloge du monde végétal, animal, de la femme, et de la nuit, Gabriel Henry se fait occasionnellement le chantre du romantisme, voire du féminisme. Tandis que l'enfance demeure omni-présente, le motif fluvial réitère le courant du temps qui passe et coule, inéluctable, sans que l'on puisse remonter à l'aube de l'humanité, dans le laboratoire des tubes à essai. La création est une ode qui porte un désir de monde neuf, dans lequel l'âme se renouvelle, et où l'existence a un sens. "

Extrait de la préface de Julie Estop.

Avec la faible connaissance que j'ai en poésie, mon avis risque d'être un peu bancal. Disons que lorsque je me lance dans de la poésie je cherche avant tout des émotions, des beaux mots une sorte de voyage intérieur qu'on ne retrouve pas toujours dans du fantastique de l'aventure ou que sais-je. Concernant la forme, même si pour certain c'est ce qui fait toute la beauté du genre, elle ne m'est pas familière.

Avec ce recueil, j'attendais donc de ressentir toutes ces choses dites dans le résumé : la même chose qu'en marchant en ville, qu'en regardant les foules autour, en respirant la pollution. La même chose qu'en regardant les illustrations de Steve Cutts. Et...

Et c'est réussi ! Justement, je ne suis pas totalement d'accord avec les 2-3 chroniques que j'ai pu lire sur Babelio disant que le livre est très hermétique, l'écriture trop peu travaillée et étrange. Enfin... J'ai trouvé ce livre très étrange mais dans le bon sens. On ne sait pas précisément où le poète veut nous mener, mais nous transporte directement dans une atmosphère lourde, quasiment irrespirable, brutale, témoin de tous les excédents de notre quotidien. Le rythme est pesant, les mots clouent sur place. C'est assez brutal. C'est encore assez étrange à lire. Les sentiments qui sont ressorti forment une sorte de " trop plein ", la perception de l'excès, l'étouffement, la rage et le désespoir.

Les vers libres permettent une certaine liberté dans la stratégie des mots. La quasi absence de ponctuation me faisait peur et finalement c'est elle qui a rendue ma lecture aussi découpée et rythmée.

C'est difficile d'en parler plus, je ne sais pas trop quoi en conclure... C'est une lecture un peu dérangeante, très étrange, elle soulève de nombreuses questions sur l'écologie, les femmes, l'humanité qui sont d'actualité. C'est d'autant plus intéressant. Après, le style reste bien particulier...

Certains titres de poèmes sont les mêmes que les chansons du groupe Bagarre. Voilà, ça m'a perturbé ! ^^

Je tiens donc à remercier Babelio et les Editons de l'agneau pour l'envoi de ce livre lors d'une précédente Masse Critique.  


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois