L'ère déboule dans la gamme 100% Marvel de Panini Comics avec notamment les aventures de Doctor Strange écrites par Donny Cates et dessinées par Gabriel Hernandez Walta, l'une des grosses surprises de cette période.
Il y a un changement de direction au 177A Blecker Street : Loki est devenu le nouveau Sorcier Suprême alors que Stephen Strange est devenu vétérinaire. Comment cela peut ne pas mal tourner ?
On le sait, ce genre de postulat de départ est rarement fait pour durer sur le temps. On se doute donc que Stephen Strange va finir par récupérer son statut de Sorcier Suprême mais ce qui importe c'est ce que ce changement apporte au(x) personnage(s). Et puis, comme on le dit souvent : ce qui compte ce n'est pas la destination mais le voyage. Autant dire qu'avec Donny Cates aux commandes, ce voyage va être mouvementé avec des étapes complètement inattendues.
Le scénariste nous place d'abord dans le cœur d'une situation qui ne peut que dégénérer avec Loki qui abuse de ses nouveaux pouvoirs et Strange démunit de toutes armes pour retourner la situation afin de les récupérer. On pourrait se demander pendant les premières pages qu'est-ce qui a conduit le docteur a légué ses pouvoirs au Dieu de la Malice mais le rythme est tellement bien géré qu'on se laisse emporter par le flot de lecture.
Cette révélation est plutôt utilisée comme un déclencheur scénaristique afin de justifier des actions du héros qui est prêt à tout - même au pire - afin d'affronter Loki qui va trop loin.
Plus le personnage sombre dans la déchéance, plus on prend un malin plaisir à suivre ses mésaventures tellement Cates semble ne s'imposer aucune limite. L'utilisation des personnages qui viennent faire une apparition dans ces pages est plus que maline. Et, là encore, c'est jouissif tellement cela semble sortir des sentiers battus.
Après le run de Jason Aaron sur la série, on pensait bien que l'univers de Strange n'allait guère être plus secoué par la suite. Et c'est vrai que, malgré toutes ses qualités, le passage de Dennis Hopeless - pendant Secret Empire - avait tendance à nous laisser penser que la suite serait plus convenue. Mais, il n'en est rien ! Pourtant, Cates refuse d'utiliser les gimmicks de Strange - pas de délires sensoriels ni psychédéliques - préférant mettre le personnage dans un contexte qui le dépasse réellement. Il fait en sorte que le monde de la magie se mélange habillement au reste du Marvel Universe donnant une véritable unité à l'ensemble.
L'histoire avance à mille à l'heure grâce au talent de narrateur de Cates mais aussi aux dessins de Walta plus inspiré que jamais. Il sait poser l'action et, a contrario, la rendre spectaculaire lorsque c'est nécessaire. Son trait très "indie" colle parfaitement avec l'histoire mais la magie est toujours représentée avec la folie nécessaire. En plus, il y a une véritable alchimie entre lui et la coloriste Jordie Bellaire qui arrive à rendre le tout encore plus merveilleux. Pour ne rien gâcher, Nico Henrichon signe les flash-backs dans le troisième chapitre en plus de la présentation du personnage dans la courte BD de 3 pages écrite par Robbie Thompson. Bref, c'est donc aussi joli qu'intéressant.

