La Forêt des araignées tristes

La Forêt des araignées tristes
La Forêt des araignées tristes
Bastien est paléontologue : sa spécialité ? Étudier les créatures étranges qui naissent de la vape, ce mystérieux brouillard aux propriétés énergétiques extraordinaires qui a recouvert le monde et menace de l’engloutir un peu plus chaque jour. Tour à tour victime d’un dramatique accident en apparence banal duquel il réchappe de justesse et témoin d’un attentat, où sa survie ne tient à nouveau qu’à un fil, il voit son destin basculer. Le voilà pris dans l’engrenage d’une affaire d’espionnage d’envergure internationale, sous les feux croisés d’une société secrète d’assassins, de brutes armées et d’une agence de détectives aux méthodes douteuses. Sans compter qu’une créature cauchemardesque, tout droit venue des Vaineterres, ces zones perdues dans un océan de vape, semble bien décidée à lui faire la peau...
La Forêt des araignées tristes
Un grand merci aux éditions ActuSF pour ce partenariat !
Pourquoi ce livre ? Je suis de plus en plus férue de récits Steampunk et ce dernier pavé s’inscrivait dans ce cadre. J’étais bien incapable de refuser cette découverte, curieuse de voir comme des araignées pouvaient être présentées comme « tristes ».
Une fois n’est pas coutume, je vais commencer par la couverture. Parce que c’est elle qui a attiré mon regard, parce que j’ai succombé à son nuancier de vert avec cette touche de rose. Si comme moi, vous êtes curieux quant au processus de création d’une couverture, je vous renvoie à cet article sur le site ActuSF, qui concerne justement la couverture de La Forêt des araignées tristes. Il vaut le coup d’œil !
En attendant, si cette lecture fut agréable par certains aspects, je ressors néanmoins déçue. Je pense avoir trop élevé mes attentes, de sorte à ne laisser aucune chance à ce livre de se classer au sommet de mes lectures. Comme d’habitude, je vais vous présenter le livre point par point et vous allez voir qu’il s’en sort bien, malgré ma « déception ».
Le début est excellent, la plume est vive et le récit se pare de quelques joyaux scénaristiques qui permettent d’accrocher dès les premières pages. Bastien, principal héros de ce roman, a comme moi la curiosité des choses nouvelles et n’hésite pas à monter dans une étrange machine télécommandée. Présentée dans le cadre d’une exposition, ladite machine servirait plus tard à remplacer les gargouilles, montures volantes, et autres moyens de locomotion reliant plusieurs pays. Seulement, une gargouille étonnante va causer un accident, le véhicule va sombrer dans les eaux et Bastien sera un des rares survivants, dépourvus de séquelles. Cela tombe d’autant mieux qu’il a pu, au travers de la bousculade et la panique, apercevoir quelques détails sur la gargouille. De là démarre une enquête captivante, qui a tôt fait de nous emmener dans des contrées sauvages.
Oui et non. Si nous allons en effet raser les Vaineterres, recouvertes de cette vape mystérieuse et dangereuse, nous n’allons pas y rester bien longtemps, de sorte à me causer quelques frustrations. Le titre vend l’histoire comme si nous allons rencontrer des créatures étonnantes, hostiles, au cours de ces percées en terres inconnues. C’est là que repose ma plus grande déception, alors que nous restons principalement confinés en ville ou dans les cieux. En contrepartie, les descriptions que nous tirons de cette course excursion sont excellentes et prêtent aux rêves. L’auteur a cette plume qui permet de visualiser aisément ce dont il parle, si bien qu’on s’immerge sans difficulté dans ce décor foisonnant – et cela concerne la forêt comme la ville !
Par ailleurs, certains chapitres s’attardent sur des personnages annexes, nécessaires à l’intrigue pour la complexifier, la rendre plus alléchante. Pourtant, je trouve ces chapitres assez superflus au regard de l’intrigue. Certes, les détails qu’on y trouve sont primordiaux pour l’avancer de l’intrigue, et placent qui plus est le lecteur dans une position de voyeur qui lui donne un coup d’avance sur le personnage. Toutefois j’aurais apprécié tout découvrir en même temps que Bastien et son équipe, le mystère aurait été plus grand jusqu’au bout. Par ce choix d’insérer de tels chapitres, il est difficile de réaliser quelques rebondissements palpitants. Le roman en présente quelques ans, il ne faut pas croire que c’est vide, bien au contraire. Seulement, ça manque de surprises, de mystères, et finalement on en revient à la critique formulée envers les excursions en forêt : si le récit en avait compté davantage, la tension aurait gagné en intensité.
J’ai toutefois apprécié les créatures qui remplissent cet univers : les gargouilles, restées à l’état de pierre, sont dotées d’une vie et d’une conscience propre. Sans parole, elles sont l’équivalent des chevaux et servent ainsi de monture, comme j’ai déjà pu l’indiquer auparavant. Ce fut une agréable surprise, je ne m’y attendais pas mais elle contribue à accentuer cette impression de voguer dans du Steampunk. L’araignée qu’on aperçoit à quelques passages m’a également plu. Loin des clichés de nos jours, elle n’est pas présentée comme une ennemie mais semble au contraire attendre quelque chose. J’ai eu du mal à comprendre quoi, il faut le reconnaître, mais ça ne m’a pas empêché d’apprécier ses rares apparitions.
Au final, malgré tous ces mauvais points, l’histoire se lit d’une traite. L’enquête n’est pas forcément très difficile à percer, pourtant on retourne vers Bastien et ses comparses avec un plaisir non feint. La fin, justement, est un peu rapide et manque d’éclaircissements, c’est dommage de terminer sur une telle note… Mais dans l’ensemble, ça reste une lecture loisir agréable.
Les personnages sont présentés comme humains, un bon point pour moi qui commence à en avoir marre des héros dotés de grandes capacités. De fait, Bastien apparaît, via le regard de ses proches, comme un jeune homme maladroit, un aimant à problèmes. Il présente néanmoins une droiture et une curiosité capables de l’emmener au bout du monde. En parallèle, une simple cheville cassée lui soutire quelques gémissements et protestations qui tendent à l’humaniser : on se met facilement à sa place et ça marche, l’attachement prend. Il en va de même pour Agathe, la gouvernante qui jour malgré elle le rôle de mère. Elle est toujours dans les pas de Bastien, comme une mère-poule qui protégerait ses poussins. Si j’ai souri à certains passages, elle m’a émue, malgré elle, à d’autres. Je suis tombée sous le charme d’Ernest, aventurier et soutien bienvenu auprès de Bastien. Cette position ambivalente le place comme un des personnages principaux, et j’ai aimé le retrouver à chacune de ses apparitions. La figure du méchant apparaît tardivement, cela permet d’éviter toute lacune qui le placerait dans les stéréotypes.
La plume est, comme je l’ai annoncé auparavant, légère à souhait. J’ai vraiment apprécié la parcourir du début à la fin. Elle offre une fluidité entraînante et permet une visualisation parfaite des décors. Elle m’a happé, j’étais plongée dans cet univers et c’est ce que je retiendrais le plus.
La Forêt des araignées tristes
Si je ressors légèrement déçue par cette lecture, il n’en reste pas moins que j’ai aimé ma lecture. Les personnages fourmillent, peut-être un peu trop, cela permet de complexifier l’intrigue tout en annihilant toute promesse de grands rebondissements. La fin offre néanmoins quelques surprises. L’atout majeur reste la plume de l’auteur, envoûtante, qui permet une lecture fluide et une visualisation aisée des décors. Un agréable premier roman pour un auteur en devenir.
La Forêt des araignées tristes
14/20
La Forêt des araignées tristes

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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois