My absolute darling II

extrait de la correspondance entre Sandor Ferenczi et Sigmund Freud cité par Sarah Chiche dans l' Histoire érotique de la psychanalyse

Les enfants ont besoin d'amour et de tendresse. Ils en ont physiquement besoin. Il y a malheureusement des adultes qui vont interpréter, perversement, ce besoin de tendresse comme une demande sexuelle. Le langage de la tendresse, celui de l'enfant, est reçu par ces adultes-là comme un langage érotique parce que, pour l'adulte, l'amour est " Eros " et même amour génital. Pour l'enfant en revanche, même si ses pulsions le travaillent intensément, produisant des effets de grâce dans ses gestes, une irradiation séductrice du regard, de mystérieuses anticipations charnelles de l'amoureuse ou de l'amoureux qu'il sera plus tard, c'est précisément à l'abri de l'amour tendre qu'il sollicite...
Cette confusion, qui évoque le charmeur, aboutit à des situations où, incapable de protester, l'enfant va se laisser abuser par l'adulte. Et, pour conserver la part de tendresse qui vient de l'adulte, il va endosser la culpabilité de l'adulte abuseur et s'identifier à ce qu'il veut en accordant ses désirs aux désirs de son agresseur, voire en les devançant avec un zèle docile qui passera, à tort, pour du consentement.

Jacques Afchain