Sauvages. Nathalie BERNARD – 2018 (Dès 14 ans)

Sauvages. Nathalie BERNARD – 2018 (Dès 14 ans)

Sauvages

Nathalie BERNARD

Editions Thierry Magnier, 29 août 2018

288 pages

Dès 14 ans

Thèmes : Québec, Indiens d'Amérique, Pensionnats, Histoire, Thriller, Nature, Liberté, Maltraitance, Quête d'identité.

Au milieu de la nuit, j'entendis la glace craquer et, même si je m'y attendais, ces premiers effets de la débâcle me donnèrent le sentiment que le monde tombait en miettes. J'avais passé toutes ces années à patienter, à rester dans mon coin sans faire de bruit, à faire profil bas... tous ces efforts pour quoi ? Pour en arriver là moins d'un mois avant mon départ ?

Il est un Cri (un des peuples algonquiens d'Amérique du Nord), quand d'autres au pensionnat (comme Gabriel) sont des Inuits. Ce qui ne favorise pas la création de liens.

Le but : "tuer l'indien dans l'enfant " avec des méthodes qu'à la fois on ne peut s'imaginer et qu'en même temps, on ne se représente que trop bien (eau de javel pour éclaircir la peau, savon pour laver la bouche, interdiction de parler leur langue, privations diverses, enfermements, sévices, traumatismes...)

Inspiré de faits réels, ce roman, terrible dans ce qu'il nous dévoile, et fascinant lorsqu'il évoque la nature, oscille entre roman historique et thriller. Et une fois de plus, et toujours, je suis admirative de ce que la littérature "dite de jeunesse" peut nous porposer. Grâce à elle que de découvertes!

Construit en deux parties, Dedans - Dehors, son écriture est fluide, descriptive, empathique et donne à la forêt un rôle de personnage au même titre que Jonas.

A l'aube, la forêt se mit à craquer comme si un monstre cherchait à quitter son sous-sol. A chaque craquement, le paysage semblait s'effacer sous les coups d'une immense gomme. Les lacs se crevaient. Des nuages de vapeur sortaient des crevasses et flottaient autour des frondaisons, comme autant de fantômes qui se seraient accrochés aux branches pour ne pas rejoindre le ciel. La débâcle, cette mue violente qui modifiait brutalement le paysage entre l'hiver et l'été, avait commencé son travail.

" Le système scolaire des pensionnats indiens, à l'origine d'un des plus sombres chapitres de l'histoire canadienne, a eu un profond impact, durable et nuisible, sur la culture, le patrimoine et la langue des Autochtones. En tant que père et ancien enseignant, ces événements me bouleversent énormément.

" Il y a sept ans, le gouvernement du Canada a présenté ses excuses pour cet horrible système. Ces excuses restent vraies et tout aussi opportunes aujourd'hui. Le gouvernement du Canada " présente ses excuses les plus sincères aux peuples autochtones du Canada pour avoir si profondément manqué à son devoir envers eux, et leur demande pardon ".

Extrait du discours de Justin Trudeau, le 15 décembre 2015, en clôture de la Commission de vérité et réconciliation qui " désigne les pensionnats comme agents de génocide culturel des Premières Nations " ( CLIC) - Source ICI avec le discours complet

Alors que les gouvernements actuels et passés (2008, 2015), que l'église anglicane (1993), ont présenté des excuses, que les prêtres catholiques canadiens restent au contact des populations, des excuses de la part de l'église catholique sont toujours attendues - CLIC

C'est grâce à différents billets de blogs sur le roman d'Élise Fontenaille, Kill the Indian in the child (2017), mais que je n'ai pas encore lu ( Noukette, Mya, Jérôme) que j'ai découvert l'effroyable existence de ces pensionnats autochtones

Ce roman ado participe au challenge de Sophie Hérisson " 1% Rentrée Littéraire 2018 " (40/6), ainsi qu'au " Petit Bac 2019 " d'Enna, pour ma 3e ligne, catégorie Adjectif.

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Sauvages. Nathalie BERNARD – 2018 (Dès 14 ans)

Et une fois de plus, et toujours, je suis admirative de ce que la littérature "dite de jeunesse" peut nous proposer, nous apprendre, nous faire découvrir: des destins, de l'Histoire, ce que l'Homme peut faire de pire, ou de mieux, au nom de..., par peur ou conviction, sans que cela soit moralisateur...

En 2017, édité par Thierry Magnier, paraissait Sept jours pour survivre, qui retrace le destin des Amérindiens, et des femmes en particulier. Je souhaite le lire (et la couverture est magnifique).

Et je gage qu'avec ses suivants, elle nous transportera et nous émouvra tout autant qu'avec Sauvages!


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois