Des sorciers et des hommes

Des sorciers et des hommes
Des sorciers et des hommes
Sur la grande île de Colme, quand on sait mettre toute morale de côté, la vie offre de nombreuses opportunités. Boire, voler, rudoyer ou tuer, tel est le quotidien de Hent Guer, un guerrier redoutable, et de Pic Caram, un sorcier aux rubans. Tous deux écument routes et cités à la recherche de proies faciles. Toutefois, leurs plans se trouvent contrariés lorsqu’un matin de gueule de bois, Hent constate, impuissant, la disparition de Pic. Sur la grande île de Colme comme ailleurs, les talents d’un sorcier aux rubans attirent bien des convoitises ! Pour le mercenaire, pas question d’abandonner son partenaire de crime : spolier son prochain est beaucoup plus drôle avec l’aide d’un sorcier à la morale légère. Voici donc le récit des aventures de Hent Guer et Pic Caram, et les mésaventures de ceux qui ont la malchance de croiser leur route !
Des sorciers et des hommes
Un grand merci à Cathy et aux éditions Critic pour ce partenariat !
Pourquoi ce livre ? Je connais Xavier Dollo pour un roman coup de cœur coécrit avec Anne Fakhouri, American Fays. C’est probablement le premier Steampunk, raison pour laquelle il aura toujours une petite place dans mon cœur.
C’est peut-être aussi pour cela que j’ai eu du mal à me plonger dans ce nouveau roman. Qu’on se le dise, on est loin de l’univers Steampunk - et encore ! - on est même loin d’ouvrir un simple roman, et cette surprise fut à l’origine de ma légère déconvenue. Car, oui ce livre ne se conçoit pas comme un roman mais comme une succession de novellas dans lesquels on retrouve les mêmes personnages, dans des temps et dans des différents. Seul le dernier texte, plus long, se place sous l’égide du roman, avec la promesse de bien belles surprises. Je parle de déconvenue mais c’est davantage une surprise qu’autre chose. Une fois que j’eus compris - ou plutôt qu’on m’ait expliqué - le véritable format du bouquin, c’est comme si on avait retiré un voile sur l’horizon et je me suis mieux acclimatée au récit.
Pour vous présenter succinctement l’intrigue, les novellas vont nous présenter, les unes après les autres, les personnages, leurs capacités et leur personnalité, le milieu dans lequel ils évoluent et les possibles missions ou quêtes qu’ils leur sont données ou qu’ils se sont fixées. Cela permet une première approche avec eux, ne pas être directement propulsé dans une longue intrigue qui effeuille chacun d’eux sur le tas. Je dois dire que ce n’est pas un mauvais choix (de toute façon, je ne critiquerai jamais le choix conceptuel d’un auteur), c’est juste surprenant et je pense qu’un lecteur pénétrerait plus aisément dans cet univers en étant prévenu. Je vous l’ai dit, ma lecture s’est décantée quand une amie m’a renseigné sur l’organisation. Ma préférence va à l’histoire sur Bilkir (je sors le nom de mémoire, mes excuses) car elle touche à plusieurs domaines et je trouve que la maîtrise de l’auteur était tout simplement parfaite ! Vient ensuite le roman en lui-même, court et par conséquent direct. Je ne savais pas réellement à quoi m’attendre et je fus des plus agréablement surprise ! On retrouve tous les personnages rencontrés précédemment, allant des personnages principaux comme secondaires voire tertiaires. On les retrouve avec un plaisir véritable, signe évident qu’ils ont su trouver une petite place dans notre affection. Autrement, l’intrigue se libère, se complexifie, gagne en puissance jusqu’à la goutte finale. Certains rebondissements guettent, d’autres apportent un mélange délicieux de de bonté et d’horreur. Beaucoup d’émotions affluent aux dépens du sort réservé aux personnages, comme quoi j’ai fini par m’attacher. J’ai trouvé que la fin tardait légèrement à venir. On pensait en avoir terminé et non, encore quelques pages pour clore définitivement le chapitre de Pic Caram et Hent Guer. Si ces pages offrent quelques derniers rebondissements, j’ai trouvé qu’il y avait un petit goût de trop. Rien de grave en soi, cela n’empêche pas de prendre son plaisir, mais je pense que certains seront lassés…
Autrement, j'ai beaucoup aimé le système de magie. Sans en faire tout un foin, la magie de ce monde fait preuve d'une originalité et d'une simplicité appréciable. De plus, l'auteur parvient à rendre son utilisation très visuelle, ajoutant un petit côté immersif à ses aventures. C'est un bon point que je me devais de signaler !
En ce qui concerne les personnages, il est étonnant de voir que je me suis davantage attachée à Pic Caram et Hent Guer qu’aux autres, probablement parce qu’on les voit plus souvent, du moins est-ce l’impression que j’ai eu. Par ailleurs, ce sont les méchants de l’histoire, ceux qu’il faut finalement occire, or j’ai trouvé que l’auteur avait réussi à parfaitement doser leur degré de méchanceté, jouant entre le côté sadique et généreux. (Ou alors je suis un brin maso et j’aime ce qu’inflige Pic Caram a une grande brulée !)
Le style d’écriture est plus lourd que dans mon souvenir. Je ne sais pas à quel degré Xavier Dollo a collaboré avec Anne Fakhouri dans American Fays, mais je me souvenais d’un style plus léger. Si la plume ne manque pas de fluidité dans Des sorciers et des hommes, j’ai tout de même eu du mal à accrocher à certaines tournures de phrases un peu lourdes à mon goût. Cela aussi fut une des raisons qui ont fait que j’ai mis tant de temps à terminer cet ouvrage (avec les partiels et les microbes, il faut le reconnaître). De fait, c’est une lecture plaisante, mais il faut se préparer à ce qu’elle soit plus pointilleuse que prévue.
Et comment ne pas clore cette chronique sur le parallèle entre Des sorciers et des hommes et Des souris et des hommes ! Qu’on se le dire, je n’ai pas du tout aimé le second, j’en garde même un souvenir somme toute dérisoire (honte à moi d’oublier un tel classique !). Xavier Dollo s’en sort très bien face à ce monument de la littérature américaine ( ;-) ) !
Pour en revenir concrètement au contenu des deux œuvres, le parallèle est bien entendu possible entre George et Lennie et Pic Caram et Hent Guer. Entre le gars perspicace et intelligent que sont George et Pic Caram, tous deux sont contraints de se coltiner le lourdeau vaillant, Lennie et Hent Guet. A quelques nuances près, c’est tout à fait ça. J’ai beaucoup aimé ce parallèle, cela permet de retrouver un classique revisité à la sauce Fantasy, ce qui est pour moi un excellent exercice !
Des sorciers et des hommes
Ce serait un mensonge que d’affirmer que cette lecture ne m’a pas plu. Je me suis grandement attachée aux personnages, même si ce n’est pas forcément les bons, et j’aime beaucoup le développement de l’univers via les novellas, avant d’entrer dans le vif du sujet par le roman. C’est avant tout sur la découverte de cette organisation et le style vaguement lourd que j’ai buté, bien malgré moi. La revisite du grand classique est ma foi réussie, avec des parallèles tout à fait visibles. En bref, ce fut une bonne lecture malgré quelques détails qui la rendent plus ardue que prévu !
Des sorciers et des hommes
15/20

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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois