Point Lecture #02 : BD

Point Lecture #02 : BD
Point Lecture #02 : BD
  • Isles : la grande odyssée de Jérémy Perrodeau (Editions 2024 - 14/09/2018)
Trois personnages débarquent sur une île inconnue. Ils se séparent et chacun d'eux est confronté à des rencontres dangereuses, révélant un monde violent et intrigant.
Mon avis : De l'auteur j'ai adoré Crépuscule, bien qu'il regroupe à lui seul mes deux grandes allergies dessinées : l'espace et l'échelle spatio-temporelle élastique. Dans ce nouvel album (publié précédemment) l'auteur se lâche complètement et justement, le lecteur, pour le suivre doit aussi se lâcher complètement !
Cet album, il mérite toute l'attention et la concentration du lecteur et paradoxalement, d'entrée de jeu il faut accepter de s'y perdre et de ne pas tout saisir dans l'instant, mais d'avoir le plaisir de la révélation par la suite.
L'histoire, telle que je l'ai compris, c'est celle de trois types qui arrivent à la nage sur une île (d'où viennent-ils ? Je ne sais pas). Plutôt que de rester ensemble, ils vont se séparer (pourquoi ? Je ne sais pas). L'un après l'autre (à mesure qu'ils meurent), ils vont prendre la direction du récit et on va suivre leurs avancées sur l’île. Une île plutôt hostile. En gros, le héros qu'on suit il court, il grimpe, il nage, il saute, il escalade, il se bat, il tue, il court, il nage, il saute, il atterrit, il traverse des murs, il est sauvé, il est capturé, il court, il tue, il grime, il nage, il assiste à des rites mystiques, des expériences scientifiques, il escalade, il se bat, il tue... il meurt et op, retour dans le temps, on revient au début de l'histoire au moment où les trois types débarquent et un autre acolytes prend les rênes de l'histoire... pour faire approximativement la même chose. 
Je me suis beaucoup marrée en rédigeant ces quelques lignes, parce que franchement je ne suis pas certaine d'avoir saisi l'histoire. Mais j'ai passé un chouette moment, j'ai beaucoup ri, l'auteur m'a complètement baladé avec son personnage et sa structure déstructurée. Digne d'un conte, un brin mystique et incompréhensible, avec des éclairs de révélations qui apparaissent et disparaissent encore plus vite, cet album muet contentera tous les lecteurs : chacun y trouvera une interprétation unique. 
  • Les mauvaises herbes de Keum-Suk Kim (Delcourt - 26/09/2018)
Corée du Sud, 1943. En pleine guerre du Pacifique, le pays est sous occupation japonaise. Sun, 16 ans, est vendue par ses parents adoptifs comme esclave sexuelle à l'armée japonaise basée en Chine. Elle raconte soixante années passées loin de son pays avant de regagner sa terre natale, le récit d'une vie qui embrasse tout un pan de l'histoire moderne.
Mon avis : L'auteur nous propose un témoignage historique, entre pudeur et colère, des atrocités subies par les Coréennes lors de l'occupation japonaise pendant la Guerre du Pacifique en 1943. Elle nous raconte également le devenir de ces femmes de l'après-guerre jusqu'à aujourd'hui. Concrètement, qu'est-ce que la mémoire collective du pays a retenu de leur sort ? Et qu'en est-il de la mémoire du Japon ? C'est bouleversant et saisissant. 
Le dessin est d'une justesse incroyable. Un noir et blanc d'une luminosité prodigieuse. L'auteur parvient à glisser de la poésie dans l'horreur pour nous permettre, à nous lecteur, de la dépasser. L'atrocité est suggérée et c'est certainement plus puissant que de la dessiner.
  • Le parfum d'Irak de Feurat Alani (Nova éditions - 03/10/2018)
Recueil de mille tweets postés par l'auteur sur le réseau social durant l'été 2016, racontant sa vision de l'Irak, ses souvenirs de son premier séjour dans le pays à 9 ans et sa décision de devenir journaliste pour couvrir la guerre sur place.
Mon avis : Entre reportage et récit personnel à base de tweets, l'auteur nous raconte l'Irak. Son Irak ordinaire, son Irak glorieuse, son Irak sous les bombes, son Irak bafouée. C'est intéressant, passionnant et intelligent. L'auteur prend le temps de contextualiser les situations qu'il décrit, d'expliciter les termes pointus, de présenter les personnalités de haut rang pour donner aux néophytes toutes les clés pour le comprendre et le suivre dans son parcours. 
Le dessin est canon, c'est lui qui m'a poussé à l'achat : Chaque vignette porte en elle un message et une force auto-suffisante ! Toutefois, je dois dire que le découpage de certains doubles pages est complètement raté, avec l'axe central perdu au collage dans la reluire, c'est très frustrant, mais je chipote. 
Je n'ai pas encore eu l'occasion de regarder l'animé proposé sur ARTE. C'est le prochain truc sur ma TDL ;-)
N'oubliez pas, c'est mon avis : Aimez, détestez, peu importe respectez.Au plaisir.
Point Lecture #02 : BD

wallpaper-1019588
Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois