Kiosque

Par Henri-Charles Dahlem @hcdahlem

En deux mots:
Jean Rouaud a été tenu durant sept ans un kiosque à journaux rue de Flandre à Paris. C’est cette expérience qu’il raconte ici. Il nous dit tout des spécificités de ce curieux métier, des nombreuses rencontres qu’il a faites et de l’influence que cette activité aura sur son œuvre.

Ma note:
★★★ (bien aimé)

Ma chronique:

Le monde en quelques mètres carrés

«Le kiosque est la plus belle encyclopédie in vivo» explique Jean Rouaud dans son nouveau roman qui détaille ses sept ans passés rue de Flandre. Une expérience fascinante et… une école de littérature!

P. est un vieil anar syndicaliste qui, après la mort de sa femme, va se noyer dans l’alcool et la dépression. Il tient un kiosque à journaux rue de Flandre, dans le XIXe arrondissement et va proposer à Jean Rouaud de le seconder. L’apprenti écrivain, accepte cette proposition qui lui permet de dégager beaucoup de temps pour sa vocation. Car même si tous ses manuscrits ont été refusés jusque-là, il persévère dans la voie qu’il a choisie.
Nous sommes dans les années quatre-vingt, au moment où la désindustrialisation fait des ravages dans tout le pays et où le chômage devient un fléau qui s’installe durablement dans le paysage économique.
Le kiosque à journaux joue alors un rôle social essentiel d’animation du quartier, de contrepoint à la solitude.
Si Jean Rouaud affirme que ce «théâtre de marionnettes» aura entrainé le naufrage de ses illusions, il va surtout nous démontrer combien ces sept années de sa vie auront été enrichissantes. Car, comme le souligne Bernard Pivot dans sa chronique du JDD, «Kiosque est une magnifique galerie de portraits de marginaux, de vaincus, de rêveurs, de déracinés… L’art et la bonté de Rouaud les rendent presque tous sympathiques.» Dans ce quartier cosmopolite, la revue de presse est en effet faite par ces réfugiés, immigrés, néo-parisiens qui n’oublient pas leurs racines et commentent les soubresauts de «leur» monde, qu’ils viennent d‘Afrique ou des Balkans, du Brésil ou du Proche et Moyen-Orient. Avec cette leçon toujours actuelle: ce n’est pas par gaîté de cœur qu’ils se sont retrouvés un jour à battre le pavé parisien. À leurs côtés, dans ce quartier populaire, les désœuvrés servent à l’occasion de commissionnaire, les habitués débattent des grands travaux engagés par François Mitterrand, comme par exemple cette pyramide qui doit prendre place dans la Cour du Musée du Louvre qui va être agrandi.
Cette soif de modernité va aussi s’abattre sur le kiosque à journaux. Durant dix années, nous explique Jean Rouaud, les concepteurs du nouveau modèle parisien ont travaillé pour livrer un kiosque qui n’avait «ni place, ni chauffage, ni toilettes et il fallait être contorsionniste pour atteindre certaines revues». On se réjouit de voir si le projet qui arrive cette année résoudra ces inconvénients!
N’oublions pas non plus que cette vitrine sur le monde permet aussi aux gérants de se cultiver à moindre frais. Si ce n’est pour trouver la martingale recherchée avec passion par les turfistes ou pour déchiffrer les modèles de couture proposés par Burda, ce sera dans les cahiers littéraires des quotidiens, les revues politiques ou encore les encyclopédies vendues par épisodes.
Puis soudain, cette révélation. Il n’est pas kiosquier par hasard. N’a-t-il pas mis se spas dans ceux des sœurs Calvèze qui, à Campbon, se levaient aux aurores pour aller distribuer la presse locale ? N’est-il pas lui aussi un passeur. De ceux qui parviennent à arracher une vie partie trop tôt de l’oubli? Les Champs d’honneur doivent beaucoup au kiosque de la rue de Flandre qui a construit Jean Rouaud, a aiguisé ses talents d’observateur, a démultiplié son empathie, a affûté sa plume.
Kiosque est aussi une superbe leçon de littérature.

Kiosque
Jean Rouaud
Éditions Grasset
Roman
288 p., 19 €
EAN : 9782246803805
Paru le 3 janvier 2019

Où?
Le roman se déroule en France, à Paris et plus principalement rue de Flandre. On y évoque aussi la Bretagne et Campbon.

Quand?
L’action se situe de 1983 à 1990.

Ce qu’en dit l’éditeur
Sept années durant, de 1983 à 1990, jusqu’à l’avant-veille du prix Goncourt, un apprenti-écrivain du nom de Jean Rouaud, qui s’escrime à écrire son roman  Les Champs d’honneur, aide à tenir rue de Flandre un kiosque de presse.
A partir de ce «balcon sur rue», c’est tout une tranche d’histoire de France qui défile  : quand Paris accueillait les réfugiés pieds noirs, vietnamiens, cambodgiens, libanais, yougoslaves, turcs, africains, argentins; quand vivait encore un Paris populaire et coloré (P., le gérant du dépôt, anarcho-syndicaliste dévasté par un drame personnel; Norbert et Chirac (non, pas le maire de Paris!); M. le peintre maudit; l’atrabilaire lecteur de l’Aurore  ; Mehmet l’oracle hippique autoproclamé; le rescapé de la Shoah, seul lecteur du bulletin d’information en yiddish…)
Superbe galerie d’éclopés, de vaincus, de ratés, de rêveurs, dont le destin inquiète l’«écrivain» engagé dans sa quête littéraire encore obscure à 36 ans, et qui se voit vieillir comme eux.
Au-delà des figures pittoresques et touchantes des habitués, on retrouve ici l’aventure collective des lendemains de l’utopie libertaire post soixante-huitarde, et l’aventure individuelle et intime d’un écrivain qui se fait l’archéologue de sa propre venue aux mots (depuis «la page arrachée de l’enfance», souvenir des petits journaux aux couvertures arrachées dont la famille héritait de la part de la marchande de journaux apitoyée par la perte du pater familias jusqu’à la formation de kiosquier qui apprend à parler «en connaissance de cause».)

Les critiques
Babelio
Lecteurs.com
Le JDD (Bernard Pivot)
RFI (Vous m’en direz des nouvelles – Jean-François Cadet)
Télérama (Gilles Heuré)

INCIPIT (Les premières pages du livre)
« J’avais eu de ses nouvelles par internet, alors que je cherchais son nom avec l’idée toujours remise de lui rendre une visite, un portrait qu’avait fait de lui un quotidien, où il parlait de son métier, de la crise et du déclin de la presse dont il avait été le témoin au cours des trente dernières années, de la fermeture des kiosques qui en était la conséquence, de la situation de plus en plus précaire des marchands de journaux, d’un monde en voie de disparition en somme, lequel avait accompagné l’histoire du siècle précédent avec ses vendeurs à la criée, ses mutilés de guerre immobiles derrière leur étal, ses grands reporters intrépides, ses plumes jouant les cassandres, et s’en était allé avec lui. Si on s’était adressé à mon vieux camarade plutôt qu’au marchand du coin dont le journaliste aurait recueilli en habitué les doléances, c’est sans doute parce qu’il était monté en première ligne pour la défense de la profession, ce qui correspond bien à l’image de militant anarcho-syndicaliste qu’il aimait à se donner, même si je ne suis pas certain qu’elle lui correspondît vraiment.
C’était un homme pacifique, méticuleux, honnête. Ce goût du militantisme venait de ses années soixante-huitardes, fidélité nostalgique à sa jeunesse combattante, au drapeau noir brandi dans les manifestations où, du temps que nous travaillions ensemble, il aimait à l’occasion retrouver le dernier carré de ses semblables. En réalité il ne les fréquentait qu’à ces rassemblements, n’étant affilié à aucune cellule, se contentant de brandir haut et fort ses convictions quand il avait un coup dans le nez – ce qui se traduisait par un chant révolutionnaire braillé à l’ouverture du kiosque dans la foulée d’une nuit arrosée devant quelques passants encore ensommeillés – et de feuilleter Le Libertaire et Le Monde libertaire que nous recevions comme des milliers d’autres titres.
Il m’attendait parfois afin d’en commenter un article, l’accompagnant d’un bon mot qui le faisait ricaner avant de tirer une bouffée de sa pipe et de replonger dans ses comptes auxquels il consacrait une grande partie de son temps libre. Penché sur ses bordereaux posés sur la tablette encombrée de piles de magazines, comptant et recomptant les colonnes de chiffres, il tournait le dos ostensiblement aux acheteurs qui au bout d’un certain temps perdaient patience, les uns se manifestant pour attirer son attention, d’autres partant silencieusement se fournir ailleurs. Il ne consentait à pivoter la tête qu’après avoir achevé ses longues additions d’invendus.
Je crois me souvenir qu’il était affilié à un syndicat corporatiste, ce qu’il considérait comme relevant de son devoir de militant, ce qui, à chaque soubresaut de la profession, l’amenait à reprendre le combat comme le vieux Malraux bourré de tics et transpirant l’opium prêt à reformer une flottille volante pour se porter au secours du Bangladesh, manière de se raconter au seuil de la mort qu’il n’avait pas trahi les emballements de sa jeunesse. Son statut de gérant de kiosque l’avait propulsé du côté des commerçants et des petits patrons, plus tout à fait au coude à coude avec les damnés de la terre, ce qui le contrariait un peu, ne collait pas avec les slogans vengeurs de la Fédération anarchiste, mais il se vivait toujours comme exploité par les grands groupes dont les NMPP, l’organisme de distribution des quotidiens et des magazines. Ce qui n’était pas complètement faux, les kiosquiers constituant, en bout de chaîne, une des variables d’ajustement de la presse.
Dans les hautes sphères on était même plutôt d’avis de s’en passer. La menace planait. Tout en haut de la hiérarchie on rêvait à des appareils automatiques permettant aux acheteurs de se servir eux-mêmes, et au distributeur de récupérer le pourcentage habituellement dévolu aux marchands, une pratique courante aux États-Unis où l’on peut voir avec étonnement, dans un pays réputé pour sa violence, les lecteurs s’acquitter scrupuleusement de leur obole avant de soulever le couvercle d’une boîte en plexiglas et de repartir sans se sentir obligés d’emporter une pile de journaux ou de les semer dans le caniveau. L’obsession du profit étant une seconde nature chez certains, l’expérience fut tentée dans le métro parisien, mais dès le lendemain de leur installation tous les appareils automatiques avaient été défoncés. Peut-être comme les tailleurs et les luddites s’en prirent jadis aux premières machines à coudre et aux métiers à tisser qu’ils voyaient comme des rivaux et brisèrent à coups de barre de fer. Avec raison quand on sait comme la partie était inégale entre ces hommes armés d’un fil et d’une aiguille et la puissance industrielle avec son esprit de lucre et ses manières de soudard.
Pour cette fois le milieu n’insista pas, trop coûteux le remplacement à répétition des appareils, mais il conserva son objectif, attendant son heure. Elle vint quand quelqu’un s’avisa que la meilleure façon d’en finir avec les kiosquiers serait d’organiser la distribution gratuite de quotidiens, ce qui revenait à offrir des baguettes de pain à la porte des boulangeries. De quoi indigner logiquement la profession. Le procédé dura quelque temps, avant qu’internet ne mette tout le monde d’accord. Pour les nouvelles, plus personne ne compte sur le journal du matin et ses scoops retardataires. Annoncent-ils que le fort de Douaumont a été repris, on sait déjà qu’entre-temps il est retombé dix fois.
Sans doute P. avait-il grimpé à l’intérieur de l’organisation et était-il devenu par son ancienneté, sa connaissance des luttes syndicales, une sorte de vieux sage vers lequel on se tournait chaque fois que les choses n’allaient pas dans les kiosques, mais j’étais surpris de le découvrir dans une manifestation dénonçant les ouvriers du Livre dont la grève empêchait l’impression des quotidiens, privant les marchands de leur principal revenu. La situation n’était pas nouvelle. Régulièrement, avec leur pouvoir d’étranglement du circuit, les mêmes manifestaient par des arrêts de travail leur mécontentement, que ce fût pour réclamer une augmentation de salaire ou s’opposer à une réorganisation au sein de l’entreprise. Mais du temps que nous travaillions ensemble je ne suis pas certain que P. aurait pris ouvertement position contre eux. De peur de passer pour un réactionnaire, bien sûr, pour un « jaune », un briseur de grève, mais pas seulement, il essayait de comprendre leurs motivations, avançant que par leur action ils servaient la cause. La cause en général, car pour la nôtre, on ne voyait pas trop, ou alors il convenait de se projeter à long terme, et si le long terme correspondait à la situation décrite dans l’article, savoir la disparition programmée de la profession, ce n’était manifestement pas un investissement d’avenir.
Il prenait sur lui de ne rien laisser paraître de la gêne provoquée par ces journées amputées de la vente des quotidiens, prêchant au contraire la bonne parole syndicaliste devant les vieux ronchons qui ne manquaient jamais, dépités, repartant les mains vides, de déverser leur bile contre les syndicats, proposant d’envoyer les CRS pour remettre tout le monde au travail, ou l’armée pour prendre la place des réfractaires sur les rotatives. Les entendre maugréer nous renforçait dans nos convictions, au moins la ligne de partage idéologique était nette, qui nous aidait à encaisser le désastre de la recette du jour, mais ceux-là n’étaient qu’une poignée, la plupart des clients de la rue de Flandre prenaient la chose avec philosophie, concédant que c’était toujours autant d’économisé, qu’ils pourraient enfin lire le journal de la veille, et même de l’avant-veille, et encore au-delà, avouant se contenter le plus souvent de le feuilleter d’un œil distrait, et par son achat de sacrifier davantage à un rituel, comme si cette grève de la presse les mettait en vacances de l’actualité, ou les dédouanait de ne pas s’y intéresser. Les lecteurs du Monde étaient les plus meurtris par cette absence mais s’affichant de gauche, et pour les mêmes raisons que mon vieux camarade, ils refusaient d’émettre un commentaire négatif sur le mouvement qui les privait de leur drogue journalière. Ils repartaient en état de manque, se demandant comment combler ce trou béant d’une heure ou deux dans leur soirée.
Les journaux revenus, tout s’oubliait spontanément, les sourires refleurissaient, un petit ah de satisfaction à la vue du quotidien dans son casier, et aussitôt les conversations retrouvaient leur cours normal selon les intérêts et les lubies de chacun. Les différends politiques devenaient une sorte de jeu dans lequel les uns et les autres reprenaient leur rôle, P. réenfilant sa noire panoplie et en rajoutant dans la provocation devant cette lectrice du Figaro, une dame dans la soixantaine, apprêtée, solidement permanentée, dont pas un cheveu ne volait au vent, qui ne serait jamais sortie en tenue négligée comme certains se l’autorisaient sous prétexte que nous étions le week-end – je la revois dans un élégant tailleur vert tendre – et qu’il rabrouait régulièrement pour ses commentaires qui, de fait, n’avaient rien de progressiste. Elle s’acharnait à défendre ses convictions, repartait à chaque fois horrifiée, mais était la première à s’inquiéter quand P. était absent. Elle confiait alors aimer beaucoup débattre avec lui. Ce qui constituait, ces joutes sans conséquence, une forme d’animation du quartier, et un contrepoint à la solitude pour certains. »

Extraits
« Ces déferlantes de vies dont chacune avait de quoi nourrir un ou plusieurs romans, qui toutes étaient des leçons et permettaient de placer sa petite histoire sur la grande scène du monde en relativisant son chagrin à aune de drames infiniment lus grands, j’avais trouvé un moyen d’en conserver la trace. Non pas en couvrant des cahiers de ces récits reconstitués mais en les synthétisant dans de courts poèmes, et poème n’est pas le nom approprié, sinon qu’ils en empruntaient l’esprit aux haïkus dont l’acuité à rendre le réel était pour moi un exercice à la fois d’humilité et d‘attention. Une attention pleine de prévenance pour les êtres et les choses les plus humbles.
Jusqu’alors je m’étais exclusivement préoccupé de mettre au point une langue poétique, persuadé et en ça, bien de mon temps que l’objet littéraire ne devait à rien d’autre qu’à lui-même. Il s’agissait de forger des phrases comme d’autres, dans des galeries ou au milieu de la lace Pablo-Picasso d’une ville nouvelle, entortillaient du fil de fer ou exposaient des plaques de tôle rouillées. Un travail d’alchimiste obstiné enfermé dans son laboratoire au milieu de ses creusets et de ses cornues bouillonnantes, persuadé qu’il finira par trouver la formule philosophale pour e cette ferraille obtenir de la vaisselle d’or. Cet acharnement était moins un choix délibéré que la conséquence de mon incapacité à être au monde, que je mettais à profit en me penchant sur mes phrases comme notre oncle Émile sur le cœur mécanique de ses montres. «Je cherche l’or du temps», lit-on sur la tombe de Breton au cimetière des Batignolles. »

« C’est la guerre qui l’avait chassé d’Europe. Il était venu au début des années trente à Paris parce qu’à New York il lui était impossible de s’affirmer comme écrivain, se sentant comme un poisson hors de l’eau, étranger en son propre pays. Parce que le regard des autres le voyait comme un raté. Parce qu’il se moquait bien de ce que la société attendait de lui, qu’il grimpe les échelons de la Western Union Telegraph où il était directeur du personnel. Parce que lui, ce qu’il voulait c’était écrire.
Dans une lettre à Frédéric Jacques Temple qui fut son biographe, Henry Miller se confie: «Je n’ai jamais eu aucune aptitude à gagner ma vie. Je n’avais non plus aucune ambition. Mon seul but était de devenir écrivain.» Et plus loin: «Je n’ai jamais eu personne sur qui m’appuyer, qui me conseille ou me dirige.» Ayant lu à peu près tout ce qu’on pouvait trouver en français de sa main, jusqu’à sa correspondance avec Durrell, je m’appuyais sur lui.
C’est l’avantage des livres, qu’ils effacent le temps, les différences de langue et de pays. À Miller j’enviais cette liberté profonde qui le voyait discourir sur les espaces infinis et trois pages plus loin clouer des bardeaux sur un toit. Sans cette liberté-là, écrire ne valait pas la peine. Il n’avait pas eu à choisir entre le cancer du lyrisme et la vie quotidienne. Avec un immense goût de la vie, il avait tout pris du ciel et de la terre, sans se livrer à un tri dédaigneux de ce qui était poétiquement valeureux ou pas. »

À propos de l’auteur
Auteur d’une œuvre considérable, Jean Rouaud nous livre ici le cinquième opus de sa série « La vie poétique », après Comment gagner sa vie honnêtement (Gallimard, 2011), Une façon de chanter (Gallimard, 2012), Un peu la guerre (Grasset, 2014), Etre un écrivain (Grasset, 2015). (Source : Éditions Grasset)

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